FAÇONNE-MOI | Loki ~ TERMINÉ ~

Acte II 🌻: Chapitre 22 🐍

— Tu es venu ? Murmura la jeune fille d'une voix brisée par l'émotion.

Loki avait escaladé sans problème la petite tour de meubles et lui tenait la taille. L'héroïne penchait encore dangereusement vers le vide mais elle se sentait en sécurité, comme si rien ne pouvait lui arriver si son compagnon était là pour la soutenir.

Elle se noya ensuite dans le regard du jeune homme après s'être prudemment retournée, en proie à l'incompréhension. Pourquoi était-il ici ?

Avant de faire quoi que ce soit, le garçon amena l'adolescente plus proche de lui et reçut les bras de cette dernière autour de sa nuque. Elle s'y accrocha férocement, craignant de se retrouver à nouveau prisonnière de sa propre folie si elle avait le malheur de lâcher prise. Le prince défit le nœud mortel autour du cou de sa compagne avec une délicatesse hors norme. Encore quelques secondes et ils seraient tous les deux sains et saufs. Encore quelques minutes et il pourrait annoncer à la dessinatrice qu'ils sont acquittés, puis l'occire de lui-même pour ses actions.

Mais d'abord, la mettre en lieu sûr. L'étreindre pour l'éternité afin qu'il ne craigne plus jamais de ressentir la douleur de sa perte.

Quand Morbius était entré comme une fleur dans la Salle de Repentance pour lui avouer qu'il n'avait jamais rien eu à craindre et que tout était rentré dans l'ordre, Loki a cru commettre un meurtre tant il était furieux contre cet imbécile qui ne lui avait rien dit ! S'il avait été au courant de cette protection royale, les choses n'auraient pas aussi mal tourné ! Dans sa rage, il avait interdit à l'espion d'aller trouver Noblesse, le menaçant sérieusement de finir encastré dans la vitre la plus proche. Michael n'avait pas protesté puisqu'il avait le sentiment d'avoir bien accompli son travail, laissant le monarque sortir de la pièce comme une furie après lui avoir donné les clefs du salon.

Tout le monde l'avait regardé ahuri alors qu'il traversait les couloirs, pour cause : le verdict n'avait même pas encore été prononcé ! Le jeune homme ne s'en souciait pas néanmoins, et poussa même des spectateurs trop curieux qui lui barraient la route. Il n'avait pas de temps à perdre avec ces morveux, qu'importe l'opinion que ces gens avaient de lui.

Il s'attendait à trouver l'étudiante effrayée et démunie, en proie au désespoir le plus total. Cette vision suffisait à le rendre malade ! Certes, il était aussi très en colère contre elle pour avoir failli terminer en prison jusqu'à la fin de ses jours à sa place. Ce n'était pas héroïque mais incroyablement stupide. Au fond de son cœur, pourtant, il savait pertinemment avoir été dévasté car il s'agissait de la plus belle démonstration d'affection qu'il n'ait jamais reçue au cours de sa vie.

Toutefois, c'est l'affliction qui dominait tout à cet instant. Le reproche n'était qu'une ombre vacillante derrière la montagne de terreur qui se dressait dans son esprit. Pourvu qu'elle tienne bon, se disait-il.

Et il a ouvert la porte.

Il l'a vue : perchée tout là haut.

Elle était comme Aphrodite au sommet de l'Olympe sur le point de se jeter dans les bras d'Hadès.

À cette seconde fatidique, quelque chose d'inconnu l'a traversé. C'était semblable à une flèche recouverte de poison transperçant sa poitrine pour le détruire de l'intérieur. Sa douleur s'est rapidement propagée au reste de son corps, faisant de lui une enveloppe charnelle agonisante.

Il sut par instinct qu'il mourrait avec elle à son prochain pas.

C'est assez flou dans son esprit, la vitesse à laquelle se sont déroulés les évènements. Tout est allé si vite qu'il n'a pas eu le temps de beaucoup réfléchir. Il crut avoir crié, cela, juste en franchissant la porte, puis a couru et grimpé sur la construction bancale aussi rapidement qu'il lui était humainement possible.