Intrusion

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En rentrant chez lui, Oliver Welton était nerveux. Nerveux, non pas à cause du procès, qu'il avait d'ailleurs aisément emporté, mais nerveux de ne pas avoir travaillé depuis plus d'une semaine ; cela ne lui était jamais arrivé. La nuit venait de tomber, et les grattes-ciel commençaient à s'illuminer quand il décida de faire un détour pour se rendre dans ses bureaux. Là, il monta aux derniers étages.

Son entreprise siégeait dans un immeuble de cent étages ; au 99 ème se trouvait la salle de réunion, où il avait convoqué ses comptables, directeurs et autres.

Il entra dans la pièce, non éclairée. Tous étaient assis autour d'une grande table en forme d'anneau qui trônait au centre de la salle. La table, en verre, reflétait les lumières de la ville. Sous l'anneau, rien. Elle flottait.

On se leva pour accueillir Welton. Il s'assit, et ordonna aux autres d'un coup de doigt de faire de même. Une tension régnait dans la pièce. Puis, d'un coup, des projecteurs s'allumèrent, éclairant de façon théâtral chaque personnes autour de la table.
Tous, sauf Welton, avaient au moins la cinquantaine. Dans leurs costards sur-mesure, ils attendaient que quelqu'un prenne la parole. En face de Welton, un homme blanc un peu fort, portant des lunettes, prit une forte respiration. Il avait l'air énervé. Son regard était sévère.

<- Oliver, dit-il. Ce n'est pas la première fois que vos actions et votre culot vous mènent en justice. Pendant plusieurs semaines, vous et votre entreprise êtes la risée des médias. Et votre entreprise, dans laquelle j'ai investis, baisse en bourse, à grande vitesse ! Ce n'est plus possible ! cria-t-il en tapant sur la table.

Il était tout rouge. Rouge de haine. Il soutenait le regard de son supérieur. Tout le monde, autour de l'anneau de verre, regardaient silencieusement. Ils savaient que leur collègue ne serait plus, d'ici peu. Welton, à son habitude, souria.

- Cher confrère, dit-il en riant, je comprends votre plainte. Vos actions ne fructifient plus comme à leurs habitudes, et vous avez peur de ne pas assurer l'achat de votre énième yacht. C'est horrible !

- Je ne vous permet pas de vous moquez ainsi ! Si vous...

Welton le coupa. En se levant et parlant plus fort, il dit :

- Si vous étiez un vrai investisseur, vous comprendriez que des actions ne fructifient pas tout le temps ! C'est le principe de la bourse ! Mais laissez-moi vous rappelez, monsieur, que vous n'êtes qu'un héritier qui m'a confié sa fortune, car vous ne saviez pas quoi en faire. C'est moi qui tient les rennes, ici, et jusqu'à preuve du contraire, vous n'avez pas à me dire ce que je dois faire ! Je suis l'homme le plus riche de cette putain de planète !

Il avait terminé en criant. Il se rassit.

- Mais, si mes actions chutent, c'est à cause de vous ! reprit l'investisseur.

Il s'apprêta à se lever à son tour, quand un homme, assit aux cotés de Welton, lui fit un signe de main. Un signe sec, signifiant d'arrêter. Presque aussi charismatique son patron, l'investisseur ne bougea plus. Cette personne, qui secondait Welton, était le sous-directeur de l'entreprise. Il faisait parti des plus jeunes, autour de la table. Tout juste la cinquantaine. À chaque déplacement, à chaque réunion, il était là, tout près. Les médias aimaient le qualifier "d'amant" de Welton. Dans l'entreprise, c'était lui qui donnait les ordres. Le PDG ne prenait pas le temps de jouer au chef.

- Merci, William, dit Welton, en s'adressant à son sous-directeur. Lequel d'entre vous s'occupe de surveiller la bourse, ici ?

Un homme typé asiatique, plutôt beau, leva la main.

- Bien, pouvez-vous me dire quelle est l'entreprise qui chute le plus rapidement, en ce moment même ?

L'homme alluma l'anneau. La table sur laquelle ils étaient tous accoudés étaient enfaite un écran géant. Il tapota plusieurs seconde, avant de dire :

Politique ApocalyptiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant