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Tout le monde te hait mais t'es juste un pauvre type un peu paumé, un outsider déprimé, qui se rend pas compte qu'il a l'amour de sa vie à ses côtés. De qui je parle ? De moi. Et ouais, moi, je t'aime. N'en déplaise à tes ennemis.

Et toi, qu'est-ce que tu cherches ? Je vais te le dire, c'que tu cherches. L'amour d'une fille qui n'en à rien à foutre de tes p'tits yeux bleus. T'es obsédé par ça hein, t'en dors pas la nuit. Moi non plus j'dors pas, mais pour d'autres raisons. Par exemple, je pense à toi. A ce qu'on pourrait devenir mais qu'on ne sera jamais. A ma place à tes côtés, en tant qu'acolytes. Cette place si proche et si lointaine de tes petites fesses.

Je suis un peu ton pantin, un objet que tu manipules à ta guise, et ça m'amuse. J'en ressors une sorte de fierté. Parce que c'est toi, et pas n'importe qui d'autre. C'est toi que j'admire, toi que j'aime et à qui j'me dévoue entièrement.

Tu pourrais me dire que tu ne m'aimes pas en retour, et j'en aurais rien à faire, je continuerais de m'accrocher à cet amour comme à un radeau de misère parce que c'est la seule chose qui me fait me sentir en vie à l'heure actuelle. Quel privilège n'est-ce pas que d'être mon sauveur ? Tu me répondrais avec tes dents pointues quelque chose du genre ce n'est que le hasard, c'est pas vraiment moi. C'que tu peux être chiant des fois. Pardon, modeste c'est le mot. A moins que tu ne te sois persuadé toi-même de ton inutilité dans ce monde pourri. Pauvre chat. Pourquoi t'es pas foutu de voir que t'es tout ce qui me reste ?

Et puis tu te vois pas non plus. C'est comme si tous les miroirs t'avaient tourné le dos. Tu vois ni ton intelligence hors norme, ni ton charisme inné, ni ton intuition insensée, ni tout ce qui fait de toi cette personne merveilleuse. C'est rageant hein. J'ai envie de t'éclater la gueule contre ce miroir pour que tu le vois enfin. Si seulement tu acceptais la vérité, alors peut-être que t'arrêterais de courir après cette fille pour te prouver que t'es capable d'être aimé.

T'en es capable, connard. Regarde, moi, je t'aime. La preuve, mon cœur bat plus vite que la limite de vitesse sur l'autoroute quand on complote ensemble. Enfin, c'est pas comme si je la respectais, cette limite. C'est vrai que je respecte pas grand chose. Mais toi, j'te respecte, je crois. Ouais, t'as su me dompter. Et c'est pas donné à tout le monde mon p'tit gars.

Je suis vraiment nul en rédaction, pas vrai ? J'écris les lettres d'amour comme un pied, pas une once de romantisme. Pas que j'en ai écrit beaucoup dans ma vie. Je suis sûr que toi, tu t'y prendrais à merveille, si c'était pour la fille que t'aimes. Ça me fout les nerfs. Tu te rends compte, t'as réussi à me faire jalouser une collégienne.

Mais tu sais, la dernière fois, j'ai fait un truc débile. Tu m'avais offert cette girafe en plastique qui couinait pour te foutre de ma gueule. Ce jour-là, je me suis fait un pari : je t'ai lancé le jouet, et si tu le rattrapais, je t'avouais mes sentiments.

J'allais le faire, putain. J'allais te dire à quel point je t'aime.

Si seulement t'étais pas mort comme un connard.

Renversé par un putain de camion.

J'te haïs, Kisaki.

Signé Hanma

THE KIDS AREN'T ALRIGHT | tkr osOù les histoires vivent. Découvrez maintenant