𝐎𝐒 𝐒𝐓𝐄𝐑𝐄𝐊!

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Stiles était perdu dans une contemplation silencieuse. Le vide semblait attirer son regard, et l'adolescent se laissait faire. Il opinait intérieurement en sachant que lui et la solitude se mariait langoureusement, et peut être d'une alliance éternelle. Et ça le désolait. Ça le faisait souffrir. Mais il ne voulait pas inquiéter ses amis, même si il avait juste l'impression d'être inexistant pour eux. Le calme arrivait toujours après la tempête.

Dehors, la nuit noire laissait scintiller les quelques étoiles accrochées au ciel. La lumière éteinte empêchait les yeux larmoyants de Stiles d'être découverts. Voilà que les larmes commençaient à perler. Pourquoi ? Personne ne pouvait répondre. Et, comme un réflexe aveugle, l'adolescent, pris par une rage triste, arrache ses manches. Ses ongles rongés et ses morceaux de doigts meurtris commence à frotter et à gratter sur sa peau tendre. La douleur libère. La douleur le fait planer. La douleur provenant de sa propre chair. Ce n'est pas la première fois ; les cicatrices d'autres frottements en témoigne.

Voilà qu'il pense à sa mère. À Scott. A son père. A tout le monde. Il ne peut assumer ce mal être. Il ne peut pas continuer. Pas comme ça. Il veut crier. Qu'est ce qui l'en empêche ? Rien. Son père est au commissariat. Ses voisins dorment. Mais montrer sa faiblesse est impossible. Il ne veut pas hurler ce cri perçant et horrible. Un hurlement qui rendrai n'importe quel homme malheureux. Une détresse qui le manipule. Il se ment à lui-même, et il le sait.

Il sursaute en entendant sa fenêtre trembler. Rabat ses manches, sèches ses larmes, allume la lumière, prend un sourire  idiot. Une ombre derrière le verre lui arrache une douleur dans les poumons quand son pouls accélère : qui est ce ?! Il bascule alors sur le sol, sortant de son lit, et prie pour en sortir vivant. Le cliquetis de sa fenêtre qui s'ouvre lui glace le sang.

Derek entrait tranquillement en passant ses jambes par la fenêtre, l'une après l'autre. Il avait sentit. Il savait. Même si Stiles ne lui en avait jamais parlé. Même si Stiles ne lui avait jamais parlé tout cour. Il avait entendu un hurlement inaudible. Les autres l'avaient ils entendu ? Pourtant, le Stiles qu'il avait devant lui ne semblait pas si différent de d'habitude. Les quatre fers en l'air, Derek entendait les battements du cœur de l'adolescent coeur ralentir et son visage afficher une moue rassurée un peu trop exagérée en le reconnaissant. Derek était bien trop inexpressif pour comprendre Stiles.

L'adulte n'avait-il pas rêvé ? Cet appel au secours invisible était-il l'œuvre de son imagination ? Alors pourquoi ? Son propre loup l'avait guidé ici. Dans quel but ?
Il tendit machinalement la main pour aider Stiles a se relever, plus par obligation qu'autre chose, ce qui provoqua un haussement de sourcil sur le visage de l'adolescent. A contrecœur, il attrapa le poignet de l'adulte, sentant sa grande paume saillante s'enrouler autour de sa main. Cette première alliance physique provoqua comme la décharge d'une piqûre de méduse dans le cœur de Stiles. Quelqu'un l'aidait à se relevé. Peut être pas dans le bon sens, toutefois, mais quand même. La flamme de l'espoir se faisait timidement rallumée.

Sans oser prendre la parole, les deux garçons s'assirent sur le lit. L'adolescent était étonnamment silencieux. Cela choqua à peine Derek pourtant. Le cri qu'il avait entendu était celui d'une âme déchirée, réclamant de l'aide. Un cri silencieux.

Ce jour là n'était pas différent des autres. Stiles avait titiller le monde tandis que Derek portait une de ses fidèles vestes en cuir noir. Le soleil avait brillé, étiré ses rayons sur la Camaro sombre et sur la vieille jeep. Seule chose qui changeait : Stiles était seul avec Derek. Seuls.

Derek s'apprêtait à crever le malaise quand le bavard adolescent le devança, une fois de plus :
- Tu viens faire quoi ici ?
Il faillit cracher ses mots. Cela blessa légèrement l'adulte qui souffla. C'est vrai que Stiles n'avait jamais eu aucunes raisons de lui faire confiance. Et, pourquoi ça changerai ? Et que répondre ? La vérité ?
- Ça va en ce moment ?
Stiles ne comprenait pas. Hein ? Qu'est ce qui importait la dedans ? L'homme n'avait jamais rien fait sans intérêt personnel. De toute manière, l'adolescent aurait préféré tuer plutôt qu'avouer la vérité.
- C'est quoi cette question ? Bah Ouais ça va. Ça a toujours été.
Il prononça ces derniers mots en sentant sa voix se briser intérieurement. Bien sûr que ça allait. Tout le monde le pensait. Tout le monde connaissait Stiles, l'imbécile heureux. Tout le monde savait à quel point il aimait la vie. Tout le monde savait qu'il était bien dans sa peau. Tout le monde le savait.