𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟶𝟷. 𝚃𝙷𝙴 𝙱𝙴𝙰𝚂𝚃

Ezra

Les gens me trouvent quelque peu arrogant. 

J'aimerais leur faire savoir qu'un tel comportement dans le monde dans lequel j'ai grandi est le mieux que je puisse donner. Mais leurs remarques ne m'atteignent pas. J'ai été blessé bien trop de fois par le passé, pour qu'on puisse tirer de moi, un petit souffle d'humanité. 

Ce monde, dans lequel j'ai vécu, est écœurant. 

Comment vivent les autres ? Comment vivent toutes ces personnes qui n'entendent pas parler de l'existence d'un monde tellement sombre qu'elle en fait pleurer de sang le gouvernement ? Est-ce qu'ils sont prêts à savoir que tous les enfants kidnappés qui ne réapparaissent jamais sont vendus en tant qu'esclave ? 

Un jour, tu peux être le dernier de ta fratrie, le bien-aimé de tout le monde et tout bascule, tu te retrouves crade, pouilleux, vendu comme objet sexuel pour tous ses hauts placés. 

Mon boulot n'est pas d'aller les sauver, d'autres s'en chargent. Moi, j'exporte de la drogue dans chaque recoin du monde. La mienne est la meilleure qu'on puisse trouver sur le marché. Ouais, de génération en génération, elle a su se faire une place et détrôner les anciens gangs qui faisaient comme moi. Toujours garder un œil sur ses concurrents, et les buter quand ils ont trouvé ton petit secret qui rend ta drogue magique... 

Assi sur une chaise de mon bureau, je m'allume une clope et inhale la fumée jusqu'à ce qu'elle me brûle les entrailles. Ma main libre signe quelques documents affirmant la tonne de cannabis que j'ai vendu pour l'Argentine. Je n'arrive pas à sourire en voyant la somme d'argent. Dix mille dollars, ce n'est pas suffisant même pour le premier achat. 

Je déteste ces gens qui pensent pouvoir me faire perdre du temps. J'annulerais toute transaction qui ne dépassera pas les cent mille dollars, je n'ai pas le temps de jouer avec des apprentis.

— Si tout est signé, je crois qu'il est temps de rentrer.

La voix d'une femme interrompt mes pensées. Je lève la tête vers mon bras droit. 

Elle est vêtue d'un jean large noir, d'un t-shirt moulant de la même couleur et d'une veste en cuir qu'elle a encore dû m'emprunter. Dans ce milieu, il est rare de voir une femme prenant les devants. 

Mais je n'en ai que faire des jugements sur le sexe. C'est moi le capitaine de ce navire, je décide de tout.

— Suis-je le seul encore présent dans les locaux ?

— Le seul qui travaille encore, surtout.

Elle contourne la table, éteint ma cigarette et m'aide à me relever du bureau. Je lui souris avant de poser mon bras autour de ses épaules, quittant enfin le QG. 

Ruby Evans. 

C'est une grande femme brune aux yeux bleus qui vous hypnotisent avant que sa langue ne vous injecte le pire des poisons. Nous nous connaissions même avant de naître. Nos parents sont des associés de notre réseau. 

Ils ont tout bâti ensemble, nous reprenons le flambeau. 

Je ne vais pas mentir en disant que tout était prévu depuis notre naissance puisque c'est faux. Quelqu'un d'autre faisait de l'œil à mon père et convoitait ma place. Mais je me débarrasse de la concurrence. Ce n'est qu'une perte de temps pour la personne que je suis. 

En sortant de mon bureau pourtant, je sens une aura sombre tourner dans mon QG. Un homme accourt vers nous avant de me tendre une tablette et je fronce les sourcils en la lui arrachant des mains. Je me détache de Ruby, le cœur battant la chamade.