𝟶𝟸. 𝚂𝙷𝙾𝙽𝙶𝙸

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Meladya


On dit de moi que je suis l'ombre perdue dans les ténèbres d'une vie que je n'ai pas demandé. Bien que cette citation me donne un long frisson épouvantable dans le dos, ils ont raison. On me donne l'impression d'être en trop au sein de la communauté Shongi. Comme si j'avais demandé à naître pour prendre la place du grand chef. 

Et comme une femme séduisante comme moi ne devrait pas avoir un aussi grand renom, on me relais en deuxième plan, parce qu'il y a un homme qui peut prendre ma place. À n'importe quel moment. 

Mon père jette son vase rempli d'alcool contre le mur derrière nous. Il éclate et se brise en plusieurs morceaux, la liqueur laissant une odeur nauséabonde dans la pièce. Sa colère est justifiée certes, mais je ne vois pas l'intérêt de la déverser sur nous. 

Restant droite sur ma chaise, je le laisse dégager toutes ses affaires du bureau. Certaines fois, il nous les lance dessus, mais personne ne bronche. Il nous a bien trop traumatisé pour qu'on puisse nous défendre. Mon père nous a bien fait comprendre que nous étions ses soumis.

— Nous avions trop de livraisons à gérer pour qu'on puisse s'en rendre compte.

La voix glaciale de mon cousin qui est assis à mes côtés, interrompt mon père dans sa colère. Il s'assoit sur le fauteuil en nous dévisageant à tour de rôle, puis sort un cigare de son tiroir avant de l'allumer. Il arbore désormais un sourire insolent qui me fait frissonner. Je ne crois pas être capable de supporter ce mélange d'odeur nauséabonde. 

Il attrape quelque chose à sa portée avant de le balancer sur mon cousin qui dévie de quelques millimètres.

— Tu oses me répondre maintenant ?

— Non, mon oncle.

Caleb – mon cousin – baisse rapidement la tête, et du coin de l'œil, je peux apercevoir ses poings contractés sur ses genoux. 

Comment puis-je le défendre de toute façon ? Je lui ai intimé de cacher correctement les meurtres afin que le grand patron ne soit pas mis au courant. Mais au lieu de faire son boulot, il a préféré faire des allers-retours jusqu'à New-York pour ses rendez-vous amoureux. 

Je le déteste d'avoir priorisé une femme inconnue plutôt que notre gang. Par sa faute, nous sommes tous les deux responsables.

— Je peux enlever votre titre en un claquement de doigts à tous les deux, nous fais savoir mon père.

Il se lève d'ailleurs avant de se rapprocher de moi. En se penchant, il me souffle sa fumée dans le visage avant de presser mes joues dans sa grosse main. C'est fini le temps de craindre son père, mais si je veux garder ma place au sein de Shongi et améliorer mon gang, je me dois de me taire.

— T'as intérêt à me trouver qui est le fils de pute qui t'attaque, parce que si je m'en charge, Meladya, je vous bute tous.

J'acquiesce difficilement et il finit par me relâcher avant d'avancer vers mon cousin. Son poing fuse et Caleb tombe de sa chaise à cause du coup violent. Je ne bronche pas et reste droite sur ma chaise, je n'ai pas le droit d'intervenir. 

À chacun sa punition...

— N'oubliez pas que je tiens votre petit monde dans la paume de ma main. Il me suffit de la refermer, et vous n'existez plus. Jordana ! Hurle-t-il à travers la pièce.

La porte derrière moi s'ouvre, des petits pas se font entendre sur la moquette maculée d'alcool. Caleb se redresse rapidement et se rassoit à sa place. J'inspire un grand coup silencieusement tout en entremêlant mes doigts sur mes cuisses.

𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1 { RÉÉCRITURE }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant