3 - Diva

81 6 2
                                    

J'ai mis la tenue de Lisa dans les médias parce que je me suis dit que ce serait marrant que vous la voyez. Faites-moi savoir si vous aimez ce genre de contenu ou pas :) ! Bonne lecture !

Ivar Lothbrok

C'était évident. Mille fois, j'avais imaginé notre rendez-vous - parce que c'en était un, je ne comptais pas lui parler de ma thèse - et mille fois, je l'avais imaginée me rejeter. De manière violente, douce, subtile, même fourbe. Je pensais qu'elle allait prétexter une urgence, une mère malade ou une copine en panne. Rien de ça. Quand je lui ai demandé si mon handicap la dérangeait, elle m'a simplement répondu "oui." Un oui sincère, un peu confus, mais pas méchant. Elle m'a simplement dit la vérité.

Alors, quand je l'ai conviée, blessé, elle a semblé triste. Et je hais lire la pitié dans les yeux des gens. D'une certaine manière, j'ai du respect pour elle. Elle n'a pas tenté de se justifier, de me rassurer, de s'excuser. Elle m'a simplement dit que oui, ça la dérangeait, et elle est partie. Digne. Honnête.

En réalité, la faute me revient à moi. J'aurais dû la prévenir. Mais comment faire ? Quand aurais-je pu lui faire part de mon infirmité ? Lors de notre première rencontre ? Par message ? Salut Lisa, tu viens boire un café ? Au fait, je suis infirme. Non, ça n'a pas de sens. Ou peut-être qu'une partie de moi espérait qu'elle passerait au-dessus de ça. Elle semble intelligente. J'ai cru vainement qu'elle penserait que non, ce n'est pas grave de boire un café avec un infirme.  Je me suis trompé. Et me voilà déçu, humilié, n'osant pas rappeler mon chauffeur, car il saurait que je viens d'être rejeté. Je bois péniblement mon café, n'en tire aucun plaisir.

Elle était belle. Bien plus que lors de notre première rencontre. Elle a de jolies jambes fuselées, le teint doré, des yeux bleu gris envoûtants qui allaient si bien avec son sac à main, un Dolce & Gabbana décoré comme de la faïence sicilienne. Je le sais, car ma mère a le même, et si cette fille sait se payer un sac comme celui-là, elle ne squatte sûrement pas un opéra. Elle est peut-être la fille du directeur ? Ou la soeur, l'amie d'un musicien ? Je ne sais pas. Je devrais arrêter de penser à elle, être raisonnable, mais je n'y arrive pas. Sa bonne humeur, son comportement enfantin et nonchalant et sa curiosité m'ont touché, je ne cesse d'y penser depuis notre rencontre. Elle est solaire.

- Elle n'en vaut pas la peine, Ivar, arrête de biler avec ça

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

- Elle n'en vaut pas la peine, Ivar, arrête de biler avec ça. Et si on allait au parc d'attraction ?

Je soupire en jetant un oeil à mon portable. Face à moi, Freydis, ma meilleure amie depuis toujours, cherche un programme sur Netflix.

- Je sais. Simplement, je ne peux m'empêcher d'admirer sa franchise.

- Oui, et bien tant mieux pour elle. Elle ne sait pas à côté de quoi elle passe.

Ou justement, elle sait à quoi elle renonce. Avec moi, pas de festivals, de concerts, de sortie en boîte de nuit, de randonnée, pas de vacances sur la plage ou au ski. Elle doit sûrement aimer ça, les randonnées, la mer, les aventures, au vu de son corps musclé et béni par le soleil.

- J'ai envie de pizza, je vais en commander. T'en veux ?

Freydis ne sait pas cuisiner. Elle commande tout le temps. C'est un comble, car elle est la fille de la cheffe-cuistot du palais royal. C'est comme ça que nous nous sommes rencontrés.

- Nan, je vais rentrer chez moi. Je suis fatigué.

- Vraiment ? Il n'est que vingt heures.

- C'était une longue journée.

- Ivar. Tu vas rentrer dans ton appartement pour te morfondre sur ta vie et maudire tes jambes. Reste ici avec moi, on va regarder Squid Game.

Je grimace et me lève péniblement.

- Raison de plus pour rentrer chez moi. Bonne soirée Freyd', je déclare en sortant.

Comme mon amie l'avait prédit, je me morfonds un moment, avant de me dire que la fille aurait au moins pu faire l'effort de boire un café avec moi. Ce n'aurait pas été si terrible, après tout, on s'entendait assez bien, au théâtre. Je ne suis quand-même pas un pestiféré.

Alors que j'ouvre une page Google sur mon ordinateur, je crois apercevoir son visage dans les actualités. Je dois devenir fou. Je cligne des yeux et clique sur la photo, qui s'agrandit instantanément. Non, je ne suis pas fou, il s'agit bien d'elle.

Lisa de Maestriani incarnera Aïda dans l'opéra homonyme de Giuseppe Verdi.

Bordel ! Voilà pourquoi elle vivait dans le théâtre comme si elle était dans son salon ! Je comprends mieux, maintenant, le sac à main de luxe. Mon rendez-vous d'aujourd'hui est une diva. Et évidemment, une diva ne doit pas être vue au bras d'un handicapé.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Art dramatiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant