La Fin Du Monde Aura L' Odeur Des Pommes

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Si le soleil aujourd'hui pour la dernière fois est né,
Si l'aube prochaine n'est plus qu'illusion d'avinés,
Si les eaux monteront jusqu'à nous engloutir,
Si d'infâmes poisons doucement nous ferons périr,
Si des torrents de pierres sur nous déferleront,
Si des fumées ténébreuses nous asphyxierons,
Si nous vivons aujourd'hui notre dernier matin,
Et si la fin du monde est vraiment pour demain,
Alors je mêlerais nos langues dans ta bouche,
Tendrement je préparerais notre future couche,
J'entamerais un livre qui mille ans tiendrait,
J'écrirais sans amertume cent pages d'un trait,
Je commencerais la peinture de ma nouvelle maison,
J'agrandirais de plumes mon étrange collection,
J'irais faire les courses pour le reste de la semaine,
Je fixerais sur papier mes inspirations prochaines,
Alors je sarclerais la terre d'une plate-bande nue,
J'arracherais les mauvaises herbes ingénues,
Je regarderais pensive un peu d'humus sur ma peau,
Je ferais couler dans un pot blanc un peu d'eau,
Je mélangerais à ma terre un peu de terreau frais,
Je prendrais de mes  mains un jeune arbre qui nait,
Je le poserais en terre comme on dépose un trésor,
Je m'imaginerais ses futurs bourgeons d'or,
Je contemplerais la nuit tombant doucement
Comme une feuille morte sur le grand océan.
Si la fin du monde pour demain est annoncée,
Alors de ce pas je vais planter un pommier.

Ce poème doit beaucoup à Martin Luther, et à son pommier

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