Note de l'auteure : L'histoire se déroule vers la fin du XIXème siècle.
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On ne sait jamais ce qui passe derrière les murs d'une maison. Une fois le seuil franchi, que peut-on y découvrir?
Penchons-nous sur le cas de la maison de la famille Henry. Elle se tenait en retrait, au fond d'une cours derrière un portail aux pointes affilées. Le sol du jardin, si l'on peut l'appeler ainsi, était recouvert d'un béton noirâtre empêchant toute végétation d'y pousser, hormis les deux arbres à l'agonie s'accrochant toujours à la vie. La demeure était grande et blanche. De près, un œil observateur pourrait apercevoir les fissures recouvertes de peinture qui striaient les murs. Le soleil jetait ses rayons sur les hautes et nombreuses fenêtres, s'évertuant, comme nous, à s'immiscer dans la vie de la famille Henry. De l'intérieur du logis, il ne fallait retenir que l'affreux papier peint fleuri, preuve d'un irréfutable mauvais goût, et les poutres joliment sculptées qui soutenaient le plafond. Mis à part cela, tout y était ordinaire et parfaitement ennuyeux.
Occupons-nous à présent de l'usine. Celle-ci se tenait en avant imposante, également de couleur blanche. Une horloge se positionnait sur le haut du bâtiment, ses aiguilles tordues coincées sur 15 heures. L'usine comptait environ 400 employés et se spécialisait dans la fabrique d'extincteurs portatifs.
Revenons-en maintenant aux personnages. Monsieur Henry était fort sympathique mais gérait horriblement mal son argent. Il devait le salut de son commerce à son épouse. Madame Henry avait un indubitable sens des affaires, une autorité sans pareille, elle inspirait le respect. C'était elle la véritable directrice de l'usine, quoiqu'en dise les papiers officiels. Monsieur et Madame Henry avait deux fils: Jean et Pierre. Les employés de la manufacture peinaient à faire la différence entre les deux frères : grands, maigres, les cheveux coupés ras et le regard déterminé, animé par un fort esprit de compétition. Jean, étant l'aîné, hériterait de l'usine. Cette nouvelle était la raison de leur conflit fraternel qui durait depuis des années. Dans cette lutte perpétuelle, chacun essayait de prouver sa valeur. L'un, que ses compétences dépassaient les attentes, l'autre, qu'il surpassait son aîné. Tous les coups étaient permis, singulièrement les plus avilissants. La victoire se devait d'être écrasante. Il fallait faire bonne figure devant Madame Henry car se serait à elle de décider si l'héritage devait changer de main.
Le destin de la famille changea radicalement lorsqu'un conducteur ivre percuta Madame Henry. Elle mourut sur le coup. Les Henry portèrent le deuil durant plusieurs mois. Deux ans passèrent...la tristesse pesait toujours lourd dans leur cœur. De plus, l'usine allait de mal en pis. Si elle tenait toujours debout, les remerciements allaient droit à Jean et Pierre. Depuis plusieurs semaines Monsieur Henry était cloué au lit. Le médecin donnait de funestes prognostiques. Ceux-ci se réalisèrent seulement un mois plus tard.
Jean hérita de l'usine.
La défaite laissa un goût amer dans la bouche de Pierre. Il claqua la porte de rage mais resta. Il ne devait pas céder au désespoir et à la colère mais continuer de s'accrocher quelque soit le temps qu'il devrait attendre. Telles étaient ses pensées.
Les mois s'égrenèrent, l'usine fut lentement remise sur pied. Même si Jean avait gagné, Pierre rodait dans le vieux bâtiment, le suivant comme son ombre à l'affut de la moindre erreur commise par son frère. Tout semblait se passer pour le mieux...
Pourtant un soir, une odeur de brûlé remplaça l'air sec et froid de la nuit. Les deux frères descendirent chercher son origine l'esprit embrumé de sommeil. Le rez-de-chaussée en feu se chargea de les réveiller. Leur premier réflexe, complètement absurde, fut de sauter sur place en appelant à l'aide avant de se rappeler que l'habitation la plus proche se situait à plusieurs kilomètres de là. Leur deuxième réflexe fut de se p r é c i p iter dans le bureau pour sauver la lourde caisse qui contenait les avis de propriété de l'usine ainsi qu'une coquette somme d'agent. Pierre, qui avait les mains libres, se tordait les doigts à la recherche d'une échappatoire. Malheureusement, la plupart des issues étaient en feu, l'ultime sortie était la fenêtre, qui après réflexion n'était pas si haute que cela. Le feu grimpait les escaliers, il avait gagné le couloir et s'avançait désormais dans la pièce. La chaleur était étouffante, la fumée également, mais ce qui coupa le souffle de Jean se fut la poutre qui lui tomba sur le dos. Il lâcha la lourde caisse.
Pierre se trouvait à présent devant le choix le plus important de sa vie. Il pouvait sauver son frère...ou s'enfuir avec l'argent et les papiers puis hériter de l'usine suite au trépas de son aîné. Il s'avança...et s'effondra, les poumons emplis de fumée. Le feu brûla entièrement la maison ne laissant qu'une ruine noircie et cendreuse.
L'ironie du sort voulue que Jean et Pierre moururent dans un incendie près d'une usine fabricant des extincteurs portatifs.
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Salutations cher(e)s lecteur(trice),
Merci d'avoir échoué(e) sur ma nouvelle et de l'avoir lue jusqu'au bout !!! Je l'avais rédigée lors d'une expression écrite pour l'école. Nous devions nous inspirer de l'image qui est en couverture de cette histoire.
J'aime être cruelle avec mes personnages, je l'admets. 😅 Mais si tout se passait pour le mieux, on s'ennuierait un peu...
J'espère que vous avez apprécié la fin.
Je vous souhaite une bonne journée/nuit,
Aliénor
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L'usine des Henry
Short StoryOn ne sait jamais ce qui se passe derrière les murs d'une maison. Une fois le seuil franchi, que peut-on y découvrir ?