Partie 3 : Chapitre 5

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Chapitre 5 : Une fin pour un nouveau début ?

Parmi les restaurants occidentaux de la ville, Le Primo tenait une réputation que nul autre n’avait la chance de se vanter. Celle-ci, il l'eut acquit suite aux louanges de certains critiques culinaires, qui, dans le temps, eurent décrit le lieu comme idéal à des fins romantiques. Dans leurs écrits y était dépeints une ambiance chaleureuse aux lumières tamisées. Selon eux, elle plongeait, à peine les portes passées, le client dans un cocon d'intimité. Les critiques continuaient avec la disposition des chaises, enfermant le consommateur dans un espace privilégié, et ils allaient jusqu'à louer la décoration du plafond. D'après eux, rien n'était laissé aux hasards et ce travail, peaufiné jusqu'au moindre détail, offrait un moment de convivialité inoubliable. 

  Les nouvelles s'en allant à folle vitesse, une poignée d’individus interessés par ce nouveau restaurant eurent bien des idées amoureuses. Des petites semaines plus tard le Primo hérita de son prestige.《Le restaurant de toutes les déclarations.》 disait-on de lui. Ils avaient tout : demandes en mariage, chorale d’anniversaire et un incroyable cuisinier français acceptant les menus spéciaux. Tout pour satisfaire le palais, et servir sur un plateau une expérience unique.

   Il y a six ans, un jour de printemps, la popularité de ce restaurant fut source de nombreuses discussions au sein de l’académie Fukurodani. L’une d’elles n'était autre que la conversation de Konoha et Bokuto. Pendant qu'ils marchaient dans les couloirs, en direction du gymnase, Konoha racontait son aventure en ces lieux. C'était il y a trois jours, à l'occasion de l'anniversaire de mariage de ses parent, lui et sa sœur avaient tenu la chandelle pendant que son père et sa mère se dévoraient du regard. Il n’empêchait, avait-il ajouté, que l’endroit était sublime. En vérité, il n’avait fallu que cela pour convaincre cet inexorable amoureux du passeur de l'équipe. Dès ce jour, il était clair pour Kotaro qu’il y amènerait Keiji quand il en aurait les moyens.
   Quelques mois plus tard, après de grosses économies sur son argent de poche, Bokuto invitait Keiji ici même. Il eût été question de leur premier restaurant, et de leur premier ébat au sein d’un lieu public.
   Ce jour-là, Keiji avait été particulièrement insatiable. Dans la voiture, sans doute pour la première fois de sa vie, Kotaro remarqua que le passeur avait un mal fou à contrôler son envie. Une fois arrivés à la maison, Keiji ne s’était pas fait prier à passer sous la douche.
   Ah… la douche…
   Kotaro s’en rappelait comme si c’était hier. Réprimant un frisson qui parcourut sa poitrine avant de venir fondre malicieusement dans son bas ventre, il se dandina sur l’assise de sa chaise. Kotaro devait chasser cette exquise sensation de son esprit, puisqu'à l'heure actuelle cette extravagance n’était clairement pas la bienvenue.

   Un éclat de rire résonna dans la pièce, à deux tables de la leur. Kotaro, ramené au moment présent, l’entendit et se fit la réflexion que ces clients-là avaient entendu ses pensées. Peut-être s’en étaient-ils moqués ? C’était certain d’ailleurs. En même temps, qui aurait ce genre d’idée dans un moment pareil ? Qui s’égarerait dans des rêveries sensuelles, où repassait le film de jambes tremblantes, de corps assujettis aux plaisirs de leur union, à la douceur exceptionnelle de ce moment, tandis qu’à l’instant même, il avait plutôt le ressenti de vivre un cauchemar ? Personne ! sans doute ! Mais Kotaro, lui, oui ! Et pourtant, Keiji ne disait rien.
    Le monde autour continuait de tourner, les serveurs prenaient les commandes, les clients discutaient entre eux, et, lui, Kotaro vadrouillait à l’encontre d’un souffle chaud et haletant de plaisir. Quoi de plus logique ! Sérieusement… Il se détesta aigrement. Mais pour être tout à fait honnête, dès qu’il était sujet de Keiji, les pensées du volleyeur divaguaient rapidement vers ces endroits interdits à l’innocence. Elles partaient dans des contrées douces, délicates, mignonnes et tendres, d’accord. Cela dit, elles étaient bien vite rattrapées par la réalité des ébats. Puissants, sexuels et intenses. Chaque parti y prenait son pied, Kotaro le savait évidemment. Et ce dont il fut témoin à ses dépends, fut la gravure de ces instants de bonheur physique dans son esprit. Impossible d’en oublier n’en serait-ce qu’un ! 

Noce d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant