Chapitre 1

487 21 16
                                    

Le soleil se lève à peine sur Paris. Cette nouvelle journée annonce du bon pour certains. La capitale commence à se réveiller. Mais pour elle, c'est le bruit de la douche qui s'éteint qui parvient à ses oreilles. Elle sort de cette douche, posant ses yeux un peu cernés par la fatigue sur la serviette rose poudre soigneusement pliée et posée sur le comptoir avoisinant du robinet.

Sa main aux doigts délicats attrape l'objet afin qu'elle puisse retirer ces nombreuses gouttelettes qui coursent sur sa peau. Ses iris bleus se posent alors sur les vêtements qui reposent par on ne sait quel miracle sur ce petit bout de comptoir de l'autre côté du robinet. Soupirant déjà à cette vue, elle s'en veut d'avoir choisi ceux-là. Elle voudrait remettre ce jogging qu'elle a déjà mis les trois derniers jours. Ce n'est pas comme s'il puait, elle ne fait tellement rien de ses journées.

Elle se force donc à combattre cette envie à porter d'autres vêtements en revêtant ceux-ci, avant de se munir à nouveau de sa serviette. Elle porte ses mains armées contre ses cheveux, tâchant d'absorber le plus d'eau possible de ceux-ci.

La serviette se retrouve rapidement sur ses épaules pendant qu'elle s'approche le visage du miroir mural au-dessus du robinet. Du bout des doigts, elle prend le coin du tissu humide pour éponger quelques gouttes encore présentes sur son visage. Observant son reflet pendant sa tâche, elle examine ses taches de rousseurs sur sa peau pâle et ses cils fins. Puis, elle jette un regard vers ses iris avant qu'elle ne détecte quelque chose dans le reflet du miroir.

Son coeur s'arrête un instant, ne sachant pas si elle doit croire à cette image qui se tient supposément en biais derrière elle. Sa respiration se coupe un moment, alors qu'elle fait volte-face, dans l'espoir de vraiment voir ce reflet.

Elle peut entendre son coeur battre la chamade dans ses tympans. Elle peut sentir ses épaules tressauter. Elle peut suivre la chute de ses larmes contre ses joues.

Ce n'était que son imagination qui lui jouait des tours.

Quelques sanglots étouffés s'échappent d'elle, pendant qu'elle se décide à sortir de la pièce, direction sa petite cuisine. Elle contourne un carton et s'approche de sa machine à café. Il y a un latté fraîchement coulé qui l'attend. Elle tend sa main vers la tasse et porte le breuvage chaud à ses lèvres. Trop tôt. Le liquide lui brûle le bout de la langue et elle avale sa gorgée avec difficulté, se brûlant légèrement l'oesophage.

Elle est ensuite surprise par le bruit de sa serrure qui se déverrouille. Avant qu'elle puisse se retourner, elle peut entendre sa porte s'ouvrir et se fermer aussitôt. Depuis son entrée, des clefs cognent ensemble et une voix s'élève.

- Bon matin, Marinette!

Cette dernière peste encore intérieurement contre ses brûlures alors qu'elle se retourne pour faire face à la personne qui vient de s'inviter dans son appartement. Vêtue d'une paire de jeans à la taille haute, un débardeur blanc et une chemise noire, cette nouvelle arrivée analyse rapidement le visage de Marinette à travers le verre de ses lunettes.

- Hey, Alya, murmure la franco-chinoise en tenant sa tasse de latté tout près d'elle.

Sa meilleure amie depuis le collège détient l'un de ses nombreux doubles de clefs, une idée qui a été fortement conseillée par de proches amis et ses propres parents. La métisse est la seule personne qui a pour habitude d'entrer sans toquer. Marinette sait que son amie n'en a pas pour longtemps, elle est sur le point de repartir pour son boulot.

- Tu as bien dormi j'espère?

Et voilà ce que la fille de boulanger redoutait. Elle découvre qu'Alya se présente seulement pour prendre de ses nouvelles et elle sait exactement pourquoi elle fait ça. Elle aimerait pouvoir être en mesure de s'occuper d'elle-même comme une grande fille, comme une adulte.

- Ça va, répond-t-elle en posant les yeux sur son latté.

Elle dirige sa tasse vers ses lèvres alors qu'Alya pose ses mains contre ses hanches en soupirant doucement.

- Tes cernes disent autrement...

Un silence s'installe dans lequel Marinette se contente de boire tranquillement son breuvage tout en évitant le regard de sa meilleure amie.

- ...et tes yeux bouffis.

À l'entente de ces mots, la franco-chinoise se met de profil à Alya, dans l'espoir de masquer son visage. Elle ferme les yeux, tâchant d'oublier ce qu'elle a vu, quelques minutes plus tôt. Sauf que c'est plus fort qu'elle, ses larmes se remettent à couler. Bientôt, elle peut sentir que sa tasse est retirée de ses mains et sa serviette de ses épaules. Désormais, c'est le corps et les bras de sa meilleure amie qu'elle peut sentir autour d'elle.

Marinette laisse ses larmes couler silencieusement en glissant lentement ses bras autour de sa plus fidèle amie. Elle peut sentir qu'elle lui caresse le dos et ça lui fait un bien énorme.

- Tu l'as encore vu... n'est-ce pas? demande faiblement la métisse.

La jeune femme aux cheveux de jais se contente de hocher péniblement la tête et les bras d'Alya se font plus fort dans son dos. La douleur est immense en elle et personne ne l'oblige à guérir cette douleur au plus vite. Tous sont compréhensifs et personne ne la presse. La pression ne ferait qu'agraver son cas selon ses proches.

Alya et Marinette reste un moment comme ça, dans cette étreinte chaleureuse. Cependant, toute bonne chose a une fin, et la métisse se voit dans l'obligation de partir. Elle se dirige vers l'entrée, suivie de loin par la franco-chinoise. Cette dernière voit sa meilleure amie se tourner une dernière fois dans sa direction. Elle voit le sourire encourageant qu'elle aborde.

- Voudrais-tu dîner avec moi ce soir?

Marinette ne refuse pas l'offre, mais ne l'accepte pas pour autant.

- Et Nino?

- Nino est un grand garçon; il peut survivre sans moi pour une soirée.

Alya accompagne sa phrase avec un léger rire. Nino et elle sont pratiquement inséparables. Ça l'étonne presque qu'elle lui offre d'être seule à seule. Sauf que ce soir, c'est trop tôt pour elle. Elle devrait peut-être essayer de défaire les cartons qui lui reste. Ça fait déjà un mois qu'elle a déménagé. Il serait temps de laisser son appartement avoir l'air d'un véritable appartement.

- Demain plutôt? souffle-t-elle.

- Marché conclu! Je vais passer te chercher à vingt heures demain.

Alya envoie donc la main de façon très enjouée alors que Marinette lève à peine sa main. Son coeur se serre aussitôt quand sa meilleure amie disparaît du décor.

Elle aimerait ne pas être seule aujourd'hui.

Claquement de doigts (Miraculous Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant