Et si l'on m'avait dit les réseaux dits sociaux
Et les vies qui défilent au travers des photos
Et si l'on m'avait dit ces musées du soi-même
Où les hashtags débiles remplacent les poèmesEt si l'on m'avait dit les tambours dans la tête
Des matins inondés par l'alcool et la fête
Et si l'on m'avait dit les couteaux dans le coeur
Quand les filles le transpercent d'une larme de malheurEt si l'on m'avait dit la douleur de la perte
De quelqu'un, d'une odeur, d'un souv'nir, d'un instant
Et si l'on m'avait dit que la plaie reste ouverte
Qu'elle fait couler le sang de nos yeux larmoyantsEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu accabler ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit tsunami en Asie
Les centrales qui explosent, incendies d'Australie
Et si l'on m'avait dit les feux d'Amazonie
Et puis la sinistrose gangrènant mon paysEt si l'on m'avait dit la folie dans Paris
Et quand un soir de fête se transforme en tempête
Et si l'on m'avait dit qu'il faut sauver Charlie
Alors j'aurais cherché ce bonhomme à lunettesEt si l'on m'avait dit les têtes arrachées
De nos profs désarmés face aux obscurités
Des gamins de 20 ans qui font couler le sang
Les coupables les vrais ont toujours le col blancEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu accuser ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit les deux tours de septembre
Et si l'on m'avait dit les smartphones organiques
Et si l'on m'avait dit la cathédrale en cendres
Et si l'on m'avait dit Ebola en AfriqueEt si l'on m'avait dit Donald et puis Jair
Et si l'on m'avait dit la perte des sourires
Derrière des vilains masques camouflant l'avenir
Nos présents carnavals faisant craindre le pireEt si l'on m'avait dit qu'on laisserait crever
Nos vieux dans les Ehpad pour mieux les protéger
Et si l'on m'avait dit les boîtes incinérées
La mort de nos malades, par écran connectéEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu congédier ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit les cafards en télé
Nostalgique de l'empire, fanatique du pire
Et si l'on m'avait dit Monsieur Z le fêlé
Les millions de français qui sont prêt à l'élireEt si l'on m'avait dit Jupiter et sa foudre
Seul rempart de misère à l'extrême cruauté
Et si l'on m'avait dit les bruits sourds et la poudre
Que l'on tasse en canon pour faire taire l'indignéEt si l'on m'avait dit que la seule stratégie
Était de diviser, était d'nous emmerder
Les meetings sont debout et les bars sont assis
Les meetings sont debout, les concerts allongésEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu remplacer ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit qu'en 2022
Certains m'affirmeraient que la Terre elle est plate
Que des Juifs en sous sol ont inventé un jeu
Et qu'Obama n'est qu'un crocodile en cravateEt si l'on m'avait dit qu'en 2022
Quand vingt femmes portent plainte contre un vieux monsieur
On se dit que quand même il était sympathique
Un peu charmeur peut être mais tell'ment romantiqueEt si l'on m'avait dit qu'en 2022
Un homme né à Moscou a le droit sur sa femme
De donner quelques coups sans que ce n'soit un drame
Un homme qui bat sa femme est un homme amoureuxEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu séquestrer ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit les violences de l'enfance
Quand les grands ne savent plus que les mots ont un sens
Quand les grands se déchirent et jusqu'à leurs alliances
Quand ils pensent sourire de leurs dents noires et blanchesEt si l'on m'avait dit que tous les souvenirs
Un matin disparaissent et vous laissent la nuit
Comme unique lumière pour vous garder en vie
Comme unique prière dans le fond de vos litsEt si l'on m'avait dit que tous les infinis
Un beau jour en finissent de vous balader
Et si l'on m'avait dit « c'est la maturité »
J'aurais dit « vous mentez, mon p'tit doigt me l'a dit »Et si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu oublier ceux qui font les destinsMais... si l'on m'avait dit que dans l'obscurité
On voit naître et jaillir les plus grandes lumières
Celles qui font les grands soirs et les nativités
Celles qui fondent un espoir au profond des misèresEt si l'on m'avait dit comme est grande la planète
Ces beautés paysages, ces milliards de visages
Et si l'on m'avait dit que nous n'sommes qu'une miette
Perdu dans un espace sans limite et sans âgeEt si l'on m'avait dit l'univers des possibles
Et que rien ici bas ne demeure invincible
Et si l'on m'avait dit qu'un battement de coeur
Pouvait taire à jamais les malheurs et les peursEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu préserver ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit Citadelle de Calvi
Le p'tit port de Porto et puis Bonifacio
Et si l'on m'avait dit les volcans Canaries
La cabane dans la jungle de notre EldoradoEt si l'on m'avait dit, entourées de tes bras
Seront mes nuits pluvieuses abritées de ton Toi
Et si l'on m'avait dit, entourés de tes bras
Seront mes jours heureux, ceux qui nous feront troisEt si l'on m'avait dit le ciel bleu dans ma vie
Les nuages dissipés et les lunes arrondies
Et si l'on m'avait dit qu'à chaque nuit les étoiles
Prennent tes yeux pour ciel et te font coeur astralEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu remercier ceux qui font les destinsEt si l'on m'avait dit ma région la Vendée
Ma maison en campagne non loin du Muscadet
Et si l'on m'avait dit qu'ici serait ma vie
Au bras de ma compagne sur des routes infiniesEt si l'on m'avait dit douze années avec toi
À s'aimer bien plus fort que l'on peut s'aimer soi
Et sur la boîte aux lettres nos deux noms enlacés
Embrassant le prénom du plus beau des bébésEt si l'on m'avait dit la naissance de Milo
Et les feux d'artifices d'émotions dans mon coeur
Et si l'on m'avait dit que ce serait si beau
De voir grandir mon fils et ses p'tits yeux rieursEt si l'on m'avait dit, ce soir là, j'ai quinze ans
Contemplant les étoiles, cigarette à la main
Et si l'on m'avait dit, " v'la la vie qui t'attend ! "
J'aurais pu embrasser ceux qui font les destins
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Les Rivières aux Poignets
PoetryRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux