49 | Petit nom

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Figée, j'ignore quelle attitude adopter. La seule chose certaine étant que je la dévisage avec autant d'intensité qu'elle s'applique à le faire en retour. Et...

Zut et flûte !

Qu'y a-t-il, Charlie ?

Elle est belle !

Non que ce soit une surprise, ceci étant dit. La femme installée à table est une très jolie brune plus âgée que moi. Sophistiquée et semblant particulièrement sûre d'elle.

Pourquoi t'a-t-il amenée ici ? Quel est votre lien ?

D'un coup d'œil circulaire, je remarque que notre connaissance commune est justement absente.

Où as-tu filé si vite ?

— Il est tôt, souligne Noah, coupant ainsi le fil de mes pensées. Comment cela se fait-il que tu sois déjà debout ?

Expirant brutalement, je redirige mon attention vers lui, tentant d'arborer un sourire rassurant s'avérant – à priori – peu convaincant.

— Tu as des difficultés à dormir, c'est ça ? s'inquiète-t-il aussitôt, resserrant son étreinte autour de ma taille.

Ma joue rejoignant son torse – ce contact amical m'empêchant de perdre pied – je laisse quelques secondes passer.

— J'imagine que c'est de ma faute, suggère la nouvelle venue dans un petit rire nerveux à l'allure hypocrite.

Tout juste.

Noah arque un sourcil, dubitatif, puis me jauge en laissant apparaître un rictus amusé.

Parfait.

— C'est une chemise de Luke ou je me trompe ?

Je suis ra-vie que tu le remarques.

Pinçant les lèvres, je me contente d'opiner avant de les étendre, malgré tout polie. On ne change pas sa nature si facilement, vous le savez.

Tu serais fière, maman.

— Bonjour, salué-je Kathelyn, m'appliquant à ravaler mon inexplicable animosité. Inutile de vous inquiéter, vous n'êtes en rien responsable de la fragilité de mon sommeil.

Oui, c'était bien moi dans son lit, comme tu t'en doutais.

Il ne s'agit nullement d'une inexplicable animosité mais de jalousie, Charlie.

Certes.

Le blond posant un baiser sur le sommet de mon crâne dans un soupir triste, la brune s'assombrit immédiatement sans cesser de nous scruter.

Un problème ?

— Que fais-tu ici de si bonne heure ? intervient la seule voix capable de lancer mon pouls dans d'invraisemblables montagnes russes.

Pu-naise.

Fermant les paupières, je prends une lente inspiration en me détachant de mon ami, pivotant dans sa direction.

— J'ai failli t'attendre, exhalé-je, troublée.

Pourtant tu sais que Peter m'a assignée à l'autre catégorie.

Vous savez, ceux qui se font attendre.

— J'avais dit deux jours, maximum trois, me rappelle Luke, son index glissant sous mon menton m'obligeant à lui faire face.

Me faisant violence pour ouvrir les yeux – consciente que je suis loin d'être à mon avantage tant ma mine est défaite – je rencontre son air sérieux pendant qu'il parcourt les traits de mon visage avec beaucoup d'attention.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant