Chapitre 13 (Partie 2)

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Près d'une heure s'était écoulée depuis que Kris et le lieutenant avaient disparu. Le sang sur le sol avait séché, mais qu'était-il advenu de mon ami? Je savais bien que sa blessure était très sérieuse.

Nos supérieurs allaient et venaient dans les rangs, de petites plaquettes lumineuses à la main. Ces choses devaient surement contenir beaucoup d'informations concernant les élèves, le tri, l'orphelinat, mais il m'était impossible de lire d'aussi loin. Si seulement ma vision pouvait être aussi développée que celle de certains autres Tolis... Je soupirais discrètement en me souvenant que je ne pouvais même pas m'identifier en tant que tel. J'étais une humaine, pas une Other.

Sam m'avait prévenu que nous resterions un long moment sans recevoir d'ordre, le temps pour l'armée de s'organiser et de gérer l'enrôlement des nouvelles "recrues". Le jeune médecin avait compté sur ce temps pour que je retrouve mes esprits, puis j'étais supposément sensée m'enfuir une fois que nous aurions posé le pied au-dehors, sauf que la donne avait bien changé. Déjà que s'éclipser seule n'était pas aisé, la je devais en plus trouver un moyen pour emmener Kris et Elora qui ne me suivraient pas de leur propre chef.

Subitement, un détail me revint en mémoire. Cela me paraissait très loin, mais... Je glissais la main dans la poche de ma veste accrochée à ma taille. Mes doigts effleurèrent un objet froid et cylindrique. J'avais toujours la seringue et les tubes que j'avais volés la veille à l'infirmerie. Le plus discrètement possible, je les sortit une à une afin d'observer leurs emballages. Est-ce que l'un de ces tubes contenait un antidote, même temporaire, au sérum d'oubli?

J'imaginais bien mes yeux se mettre à briller lorsque je remarquais l'inscription "ant. S. ob." Sur l'une des étiquettes. Un sur cinq, ce n'était déjà pas mal. Après avoir vérifié qu'aucun officier n'ait la bonne idée de se diriger vers moi, je plaçais le tube dans la seringue, prêt à l'emploi, et la replaçais dans ma poche.

Il ne manquait plus qu'un moyen pour passer à l'action.

"Moins on est discret, moins on se fera repérer" est-ce-que je devais tenter le tout pour le tout et oublier la délicatesse?

Il me faudrait au moins une diversion.

— Au moins un truc du genre "blackout total"...

Flûte, j'avais encore parlé à voix haute. Heureusement, personne ne m'avait entendu.

Un peu plus tôt, j'avais remarqué que contrairement aux couloirs, la galerie dans laquelle nous nous trouvions était éclairée par un système électrique. Le disjoncteur devait se trouver non loin, surement dans l'un des passages annexes que nous n'avions pas pu explorer avant d'être pris par le sérum, mais comment savoir lequel?

Un crépitement dans mon dos attira mon attention. J'eus à peine le temps d'apercevoir le visage du garçon qui m'avait accosté tout à l'heure avant d'être totalement aveuglé par la lumière des éclairs qui se dégageaient de ses mains.

— Mais qu'est-ce que...?

Je me protégeais les yeux tandis que le grand brun lançait sa boule de lumière crue vers le plafond. Cette dernière explosa tandis que des arcs se diffusaient dans toutes les directions. Une à une, les ampoules éclatèrent bruyamment et plongèrent la salle dans le noir alors que des cris de surprise et de détresse s'élevaient.

Je n'avais pas tout compris à ce qui venait de se passer, mais je n'allais pas cracher sur ce soudain retournement de situation et la diversion parfaite qui s'offrait à moi.

Je n'y voyais pas grand-chose, mais mon bracelet suffisait à éclairer les gestes précipités que me dictait mon instinct. Poche, seringue, épaule d'Elora devant moi... Le souffle court et les dents serrés, j'enfonçais l'aiguille dans le cou délicat de mon amie. La moitié du tube se déversa dans son organisme, j'espérais que cela serait suffisant.

OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant