Black Sheep

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Dans les dernières volontés de la vieille Aya, quelques noms étaient surlignés. Vladislav se présenta à eux physiquement pour annoncer la mort de sa tante. Il portait pour l'occasion une tenue noire, de deuil, mais toujours très extravagante : une longue jupe simple laissait entrevoir ses souliers Doc Martens, avec une chemise à volants sur les manches et le col et par dessus une veste en cuir très chic. Même ses ongles avaient été peints de noir, avec quelques strass argentés discrets. Rien ne devait perturber l'uniformité de son apparence. Yugo, lui, avait une chemise des plus simples, parce qu'il ne fallait pas faire d'ombre au Comte.

Annoncer la mort d'Aya occupa toute leur matinée et l'humeur du comte ne s'améliora pas. Il haït devoir feinter de la compassion et de la douceur. Heureusement, il ne restait qu'un nom sur leur liste : les Kleth.

C'était un couple d'humains que Vladislav avait eut l'occasion de saluer aux dîners de sa tante, immensément riches et dont Aya était attachée d'une drôle de façon. Elle leur trouvait de "l'exotisme", là où lui ne voyait que des humains moulés dans le même moule que tous les autres dans cette même tranche d'âge et ce même rang social. S'il les méprisait, il ne pouvait pas trahir la volonté de sa tante et c'est ce pourquoi il pressa la sonnette en serrant les dents, après avoir murmuré à son majordome qu'ils ne restaient pas plus de dix minutes.

La porte s'ouvrit sur une des domestiques des Kleth. Quand Vladislav se présenta au nom de Esgreaves, la femme hocha la tête en les invitant à entrer, parce que personne n'ignorait le nom de Esgreaves.
À peine eut il fait deux pas à l'intérieur qu'une vive odeur frappa le Comte. Une odeur inconnue, agréable et étonnement... appétissante? Ça ne pouvait pas être le couple de cinquantenaires que Vladislav avait déjà pu croiser, non, il y avait autre chose. Tous ses sens étaient en éveil et s'il se laissa guider à travers la maison, il ne pu faire abstraction de l'odeur étrangère.

On fit entrer les deux hommes dans le salon, où Mr.Kleth était occupé à tailler l'un des nombreux bonsaïs présents dans la pièce pendant que Mme.Kleth avait le nez plongé dans sa tablette, assise sur le fauteuil.

- Monsieur Esgreaves ! Si j'avais pensé vous voir ce matin, je me serai mieux apprêtée.

Plaisanta t-elle en se relevant. Vladislav connaissait le fond de vérité de cette plaisanterie, parce que son charme vampirique est toujours très efficace sur les humains, mais il n'était pas d'humeur à en jouer aujourd'hui.

Il sourit en lui tendant la main, à elle et son mari, faussement chaleureux.

- Bonjour Monsieur et Madame Kleth. Pardonnez moi de ne pas avoir pu m'annoncer en avance.

Commença t-il. Le couple pressenti l'importance de sa visite, car Vladislav ne s'était jamais déplacé ainsi. Ils prirent place sur le canapé tandis que le Comte fut invité à s'asseoir sur le fauteuil d'en face, Yugo debout à ses côtés.

Vladislav s'apprêtait à dicter le même discours qu'à tous les autres de cette matinée, mais il n'avait pas réussi à détacher son attention de l'odeur inconnue et persistante.
Comme un pressentiment, il dit :

- Il n'y a personne d'autre ici qui devrait entendre cette annonce avec vous ?

Si jusque là seule la femme avait montré un peu de consistance, cette question sembla toucher étrangement les deux époux. Comme s'il avait posé une question tabou. Madame Kleth prit la parole, moins sûre d'elle.

- Si, certainement. Aya a dû vous parler de notre fils. Je le fais venir.

La femme appela sa domestique pour lui demander d'aller chercher Hazel - c'était donc son prénom.
Intérieurement, Vladislav retrouva son humeur. Il avait un réel intérêt pour découvrir qui détenait cette odeur particulière, et l'air étrange qu'avait eut le couple quand il parla d'une troisième personne éveilla sa curiosité. Sans avoir vu ce Hazel, son imagination s'excitait déjà.

L'attente lui parut insoutenable. Monsieur Kleth s'était levé pour enclencher la fermeture des volets automatiques et allumer le plafonnier.

- Notre fils a une maladie rare qui fait que sa peau ne supporte pas les rayons du soleil. Comme une allergie. C'est ça depuis toujours alors on le voit rarement en journée, c'est exceptionnel. Il devait dormir.

Excusa Madame Kleth qui, au contraire du Comte, s'était éteinte. Elle paraissait anxieuse. Elle proposa un thé et Vladislav dû refuser poliment en prétextant en avoir déjà bu un à chaque précédente visite - ce qu'il avait bien évidemment fait à toutes les précédentes visites, parce que son palais vampirique n'est pas capable d'apprécier le thé.

L'obscurité accentuait l'impatience du Comte, comme une pièce de théâtre, il n'attendait que de voir l'acteur principal s'avancer.
L'odeur se faisait de plus en plus forte, et enfin, on entendit la poignée se tourner. Sa très bonne vision dans l'obscurité lui permit de voir la silhouette du jeune homme se dessiner à l'entrée et s'avancer vers eux d'un pas nonchalant.

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Surtout reste beauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant