𝟷𝟼. 𝙷𝙴𝙰𝚅𝙴𝙽

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Meladya


Passé...

Dans l'obscurité de ma chambre, éclairée uniquement par la lueur vacillante d'une bougie, je me tiens assise au bord de mon lit, les yeux perdus dans le vide. Je peux entendre les échos lointains d'une fête qui bat son plein dans le salon. Ce sont des rires, des paroles échangées, des verres qui s'entrechoquent. Tous des sons de moments que ma famille tient pour acquis. 

Pour moi, ce bruit est devenu un fond sonore constant. Toujours présent, mais jamais vraiment accessible. Je me remémore mes années passées avant de sentir une pression sourde qui me serre la poitrine. 

Aujourd'hui, j'ai vingt-et-un ans. À la fois une adulte et une enfant, mais je ne me sens ni l'un, ni l'autre. Mon enfance s'est figée à cinq ans, le jour où ma mère est morte. 

Mon père, un homme de grandes ambitions, a vu une opportunité en moi de bâtir son empire. Il m'entraînait dans le monde de la mafia avec rigueur, qui me faisait quotidiennement ressentir le poids de ses attentes. S'il ne se moquait pas de mes émotions, il les balayait d'un revers de main. Les qualifiant de faiblesses à la marge. 

La porte de ma chambre s'ouvre et sa présence écrase la pression dans ma poitrine. J'ai commencé à le détester depuis longtemps, mais je ne peux pas m'enfuir. Je n'ai jamais été une mauvaise fille pour lui, préférant répondre à toutes ses attentes en silence. 

Il referme la porte derrière lui avant de s'adosser au mur en face de moi.

— Qu'est-ce que tu as encore ? Me lance-t-il.

Je ne veux rien à voir avec lui. Je pensais pouvoir lui faire part de mes sentiments plus tôt. De la perte et du vide que je ressens, mais il a ri. Sans méchanceté, mais son rire a résonné comme une cloche de fer.

— Regarde autour de toi, Meladya ! La vie ne s'arrête pas pour tes caprices !

Je déglutis, me sentant piégée entre la réalité de mon héritage et le désir de vivre des moments simples. Des instants de joie sans masque ni obligations. 

Dans mes pensées, je réalise que je n'ai jamais eu de vraies jeunesses. Mes années juvéniles rivées à des manigances, à des discussions d'adultes et à des rencontres périlleuses. La bougie sur mon bureau tremble comme mon esprit. Pour la première fois, j'erre dans les méandres de mon propre esprit, découvrant ma vulnérabilité. L'anxiété m'étreint dans un étau de fer, la dépression m'étouffe comme une couverture trop lourde. 

Je fusille du regard mon père qui arque les sourcils en me dévisageant cruellement. Les voix de la fête se mélangent aux murmures de mes souvenirs. Me ramenant des réminiscences de rire et de jeux d'enfants, lointains et presque illusoires.

— Pourquoi avoir fait de moi, quelqu'un de différent ? Je lui demande en empoignant mon oreiller avec force.

Espérant que mon corps puisse libérer la tension qui s'y accumule.

— Estime-toi heureuse du statue que tu portes, Meladya. D'autres jeunes femmes aimeraient prendre ta place.

Puis il quitte ma chambre, claquant brutalement la force derrière lui. 

Je suis étreinte par la solitude. 

Doucement, je me mets à pleurer en silence, poussant des soupirs contenus qui se mêlent à l'ambiance de fête qui continue de vibrer hors de ma chambre. Personne ne peut me trouver dans cet état, pas même mon cousin. 

𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1 { RÉÉCRITURE }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant