Chapitre 2 - La madeleine

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Ensuite, il y avait eu Jeongin.

Le coup de feu est lancé, je réprime un frisson de terreur et m'élance en direction de la forêt, assistée par Jihyo et notre amie, Mina. Les deux sportives ne tardent pas à me distancer tandis que je trottine du mieux que je le peux en évitant les racines à moitié déterrées des vieux arbres. Comme toujours, la direction semble s'être accordée pour nous faire courir comme des dératés les uns derrière les autres l'un des jours les plus humide. Bref, je patauge dans la boue et je n'ai même pas mes copines pour bavarder le temps que la souffrance prenne fin. Enfin, ça ne m'étonne pas, Jihyo est une vraie compétitrice et Mina est une excellente sportive en plus d'être studieuse. Elles sont sûrement en train de se battre en tête de peloton et l'image de mes amies se tirant les cheveux dans la gadoue finit de m'achever par un bon point de côté dû à l'hilarité. Je m'adosse contre un tronc et regarde passer devant moi une bonne dizaine de personne.

J'ai soif, j'ai froid et je n'ai pas du tout envie d'être là. Je grogne dans ma barbe lorsqu'un professeur apparaît devant moi et m'encourage à reprendre la course. J'ai juste envie de l'étouffer avec mon dossard mais je souris comme une niaise et je recommence mes petites foulées.

Même comme ça, je finis par être dépassée par une vingtaine de mes concurrents. Je soupire, épuisée. J'ai juste envie d'abandonner et de boire un bon chocolat chaud. La perspective de la boisson sucrée sur ma langue me motive à continuer ma lente ascension. Rapidement, je me retrouve seule dans les bois et j'imagine un monstre m'attraper et m'enfoncer dans la forêt pour me dévorer avant d'hiberner.

Un bruit de branche craquée me fait sursauter et perdre l'équilibre, la terre boueuse dévie ma trajectoire et me fait dévaler dans un fossé qui borde la route principale des coureurs. Mon corps s'empêtre dans le tas de feuilles mortes et moisies et je pousse un cri de dégout et de douleur. Mes genoux et les paumes de mes mains me brûlent et je crois que ma cheville est tordue. J'essaie de me redresser dans la terre mais je glisse encore et mon menton heurte le sol.

- Ça va ?

Je suis un peu dans les vapes. Je me tourne à temps pour apercevoir un autre troisième se jeter dans le fossé pour venir à ma rencontre. Contrairement à moi, il tient sur ses deux jambes tout du long. Alors qu'il s'agenouille devant moi, je constate que le goût de mon sang se répand dans ma bouche. Je me suis mordu la langue. Le garçon passe une main sous mes yeux pour me faire réagir et je hoche doucement la tête.

- Tu es blessée ?

Je lui montre mes mains et j'essaie d'articuler un mot mais ma langue me fait trop souffrir et il le comprend instantanément.

- Essaie de tirer la langue.

Je rougis violemment mais je lis dans ses yeux qu'il n'est pas du tout en train de blaguer. J'obéis et je le laisse inspecter les dégâts en étirant du mieux que je le peux mon morceau de chair meurtri. Il soupire de soulagement. Bon, au moins elle ne semble pas être coupée en deux. Mais j'ai quand même du mal à parler.

Le garçon se redresse et m'attire doucement à lui puis il place mon bras par-dessus ses épaules. Je regarde la montée raide qui nous attend et j'ai déjà envie de me laisser rouler jusqu'en bas. Mais le garçon prend appui sur ses jambes et nous hisse jusqu'en haut du talus grâce à sa seule force, parce que moi, je joue le poids mort, encore trop sonnée.

Une fois de retour sur le chemin de terre qui est censé nous mener jusqu'à la ligne d'arrivée, je remarque qu'à part lui, je n'ai vu personne d'autre passer. On doit être les derniers. Ça me rassure au moins de ne pas être seule pour passer la ligne de l'humiliation, même si, dans mon état, ce devrait être le cadet de mes soucis.

8 Mélancolies 《 STRAY KIDS 》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant