Je me réveille en sursaut, la sueur me colle aux draps et ma tête me tourne. J'essaie tant bien que mal de me redresser, ma vision est floue et une douleur aiguë cogne contre mes tempes. C'est avec un immense dégoût que je m'aperçois être de retour dans ma chambre de centre de rééducation allongée dans cet horrible petit lit médical. Je scrute attentivement ce qui m'entoure, bien que mes yeux me brûlent et que je ne distingue que des contours troubles. Après ce qui me semble d'interminables minutes, je remarque enfin mon fauteuil roulant près de moi et mes vêtements sur son dossier comme tous les matins. Juste à côté, j'ai bien ma table sur laquelle je stocke mes cathéters urinaires et mes poches pour le dernier et le premier soin de la journée... Déçue, je constate que rien n'a changé.
— C'était donc un simple rêve... me dis-je à moi-même.
J'essuie mon front avec le revers de ma main constant que ce rêve m'a chamboulé plus que je ne l'admettrais. Je m'apprête à faire mon sondage quand j'aperçois les égratignures qui gisent sur mes avant-bras. Les stigmates que j'ai laissés après la dernière tentative pour ne pas avoir à affronter cette réalité sans intérêt. Mais un détail me frappe instantanément, alors qu'elles devraient être à peine cicatrisées et boursouffler, j'y trouve de fines lignes blanches. Comme si je les avais faites depuis des mois.Je fouille dans ma mémoire tant bien que mal pour me souvenir de mon retour dans mon lit, mais une migraine me lance. Alors, j'allume la lampe qui se situe sur ma gauche et c'est seulement à ce moment-là que je remarque un petit mot abandonné sur ma table médicale.
« RETROUVE-MOI MA PETITE. »
Cela ne peut être que Louise, personne ne se donnerait la peine de m'adresser un simple morceau de papier, encore moins la parole. Une question tourne dans mon crâne : « comment la retrouver » ? Je me presse de me préparer pour mon soin, mais tandis que j'effectue les mêmes gestes qu'habituellement une sensation diffère. Mes jambes me paraissent beaucoup plus légères, plus libres. Une idée absurde me traverse la tête et sans réfléchir j'éloigne ma table médicale pour m'asseoir au bord de mon lit et je fais les mouvements que je répète chaque matin depuis mon accident. Avec acharnement, je bouge les orteils, mes chevilles, j'essaie d'étirer et de plier les membres. Tandis qu'hier encore cela m'était impossible, aujourd'hui, je n'ai aucun mal pour tous les enchaîner. Les larmes aux yeux et euphorique, je me jette sur la sonnette pour appeler le personnel de l'étage. Quelques minutes s'écoulent avant qu'une femme d'une cinquantaine d'années avec ses cheveux blonds apparaisse. Un sourire aux lèvres, je reconnais Josépha, mon aide-soignante préférée.
— Josépha ! Regarde ! Je m'écris hystérique.— Piano, piano, Valentina, qu'est-ce que je dois voir ?
— Mes jambes Josépha, elles remuent !
Incrédule, Josépha s'approche de moi, ce n'est pas la première fois que je lui dis que j'aperçois un frétillement dans un pied ou que l'un des muscles de ma cuisse tressaute légèrement. Cette fois, ce n'est bel et bien pas mon imagination. La vieille aide-soignante blêmit et se met à prier en italien en faisant des signes de croix. Elle sort au pas de course de ma chambre, revient après quelques secondes à peine avec le reste de l'équipe et un médecin. Avec une moue de dégoût, je reconnais celui qui a anéanti tous mes espoirs la veille. Il a toujours son air fier et ses lèvres pincées, tout en lui m'énerve.
— Regardez, docteur, ses jambes bougent. Bégaie Josépha, encore plus livide que les murs.
— C'est impossible Josépha, je vous l'ai dit hier. La colonne vertébrale de mademoiselle est coupée, donc aucune chance que cela fonctionne à nouveau ! glapit le médecin en me toisant.
— Si, je peux de nouveau les remuer. Je lui annonce fièrement.
Avant qu'il ne lâche l'une de ses remarques cinglantes concernant les lésions du dos ou des mouvements spastiques, je réalise une démonstration en affichant un sourire triomphant. Alors que je sens mes lèvres s'étirer et que mes yeux cherchent désespérément le soutien de Josépha, celle-ci ne me regarde plus. Son habituelle bonne humeur, ainsi que ses plaisanteries ont laissé place à un vide. Je l'entends seulement discuter avec ses collègues de mes yeux. Je n'arrive pas à suivre le fil de la conversation à cause des questions que le médecin s'évertue à me poser après plusieurs explications évasives. Moi aussi j'aimerais savoir comme c'est possible que je puisse de nouveau bouger mes membres, alors que j'étais prête à mourir encore hier soir.
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Valentina Tome 1 : un monde nouveau
VampireValentina jeune femme de 28 ans, paraplégique depuis 10 ans suite à un accident de voiture décide de mettre fin à ses jours. Tout aurait pu être simple, si l'ébauche de son suicide ne se serait pas passer un soir de pleine lune. C'est à ce moment...