Chapitre 10 : L'Enfer selon le NEANT (époque : 2022)

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Comment et pourquoi une jeune femme en Angleterre le cherchait-elle ?

- Alors Dr Stevens, demande le commissaire C. Naghten en relevant avec calme le spécialiste. Votre avis général ?

- L'auteur n'est pas sadique, il est nécrophile. Il est moyennement intelligent, socialement immature, sans emploi depuis le début des crimes. Avant, il devait avoir un métier dans lesquelles ses tendances antisociales nécrophiles s'exerçaient, un taxidermiste, croque-mort, tueur à gage...

- Putain, on chasse un chasseur ? s'énerve un des deux officiers.

- Dans tous les cas, oui, répond le Dr Stevens d'une voix tendue. Durant le crime, il est dans une disposition anxieuse, il boit beaucoup. Les crimes spontanés ne le font pas changer de mode de vie, il n'a pas changé d'adresse et se montre imprudent.

J. Stevens s'allume une cigarette, la main toujours tremblante, l'intérieur des doigts brulés. Tandis que les fumeurs expirent habituellement de la fumée, depuis le néant le Docteur rejette difficilement de ses poumons des abysses que le cancer même se garde bien de côtoyer.

- C'est un solitaire, un marginal. Les délires l'amènent à collectionner des armes et à en garder constamment sur lui pour se défendre. C'est peut-être un ancien militaire.

- Vu sa facilité à mutiler les victimes et à prélever, dans le noir, les organes de celles-ci, je confirme qu'il a une expérience des armes, confirme le médecin légiste.

- Très bien. Jerry... enfin agent Howes, réduisez la liste des suspects dans la zone de Sion Square au profil que nous avons déterminé. Ne retenez que les suspects qui correspondent au profil ! Nous devons agir au plus vite. D'autres éléments ? propose le commissaire C. Naghten, d'un noble accent anglais.

- Je vois du feu, a-t-il tenté de bruler les lieux ?

J. Stevens s'exprime en glissant ses yeux creusés et fatigués en direction de T. Lona. Elle confirme en lançant un regard à l'un des murs noircis de ce qui reste d'une cuisine.

- C'est lui. Mais j'ai vu beaucoup de feu, plus que ça, un incendie complet.

Il réfléchit et poursuit :

- On retrouve chez les psychotiques cette fascination à l'encontre de la manipulation du feu. A la différence des psychopathes, cette passion ne s'éteint pas à l'âge mur. Y-a-t-il eu des incendie dans la ville depuis les crimes de l'éventreur ?

- Oui, répond automatiquement le commissaire, surpris.

Il regarde les deux officiers qui se taisent, adoptant la même expression stupéfaite que le commissaire.

- Le soir du premier crime associé à notre meurtrier. A quelques rues du lieu de dépôt du corps de Polly, un incendie eut lieu sur un bateau ayant un approvisionnement de ressources venant d'Asie.

- Vous pensez que... soupire la criminaliste.

- C'est lui qui a mis le feu, de colère et de fascination, confirme le psycho-criminologue. Voilà la trace culturelle qui nous faisait défaut. Il faut rechercher un asiatique, ancien militaire, avec des tendances psychotiques. Il est à Sion Square depuis peu. Il vit anonymement, avec un nom d'emprunt. Il est très maigre, étiré, sans non plus être très grand. Il est mal nourri, alcoolique, les joues creusées, la barbe et le regard vide.

- On cherche quelqu'un qui vous ressemble ? indique T. Lona, ce qui n'amuse pas le spécialiste.

- Tout le monde a dû le voir trainer une fois dans les bars du quartier, ajoute le colonel Ros Moe.

- Putain de merde... dit l'officier en regardant son collègue. Un ancien militaire asiatique dans un sale état qui vit dans le coin, on en a vu un passé durant les interrogatoires.

- Mais après renseignements il n'avait aucun antécédent criminel pourtant, lui répond son collègue.

- Merde, merde, merde ! On le tenait putain !

- Cessez de jurer, vérifiez plutôt, nous perdons du temps, reprend élégamment le commissaire. Que me voulez-vous ? se crispe C. Naghten à l'encontre de plusieurs enquêteurs. Ne voyez-vous pas que nous sommes suffisamment occupés ?

- Commissaire, ce message vous est personnellement adressé. La crainte se lit sur les visages livides des policiers.

- De quoi s'agit-il ?

- Nous l'avons ouvert pour vérifier...

- Et donc ?

- C'est une lettre... accompagné d'un morceau de rein. Il y a du sang partout et l'écriture est à peine lisible.

Ils tiennent la lettre face au groupe de professionnels. La lettre est titrée : « From Hell », depuis l'enfer, comme celle de Jack Sallow il y a un an et qui a fait le tour de la presse... avec pour destinataires "Ce bon vieux Commissaire et ce cher Docteur".

- Vous aviez raison, dit le commissaire Naghten au Docteur. Arrêtez-moi ce salopard, ajoute-t-il froidement à tout le monde.

- Nous avons bien un suspect à Sion Square qui correspond ! dans une ruelle bordant la rue commerçante, soulèvent les officiers. Il s'appelle Kos Minski, il réside au 3, Sion Square. Il n'est pas en règle, mais les réfugiés japonais l'ont pris sous leur aile. Selon l'enquête de voisinage, il est malade, il souffre de délires et il prend des médicaments.

- Il ne s'agit pas de médicaments, reprend la criminaliste.

- C'est un homme très mince. Il n'a pas de qualification professionnelle recensée. Ses voisins ont indiqué qu'à leur connaissance, K. Minski vit seul et n'entretient aucune relation connue.

- Il correspond au profil, dit froidement le commissaire en regard la criminaliste et le colonel. Dîtes à Jerry Howes de monter une garde autour des lieux en attendant l'intervention, mais qu'ils n'interviennent pas surtout.

- Attendez, Kos Minski ? Le second officier vérifie également ses notes. Dans les dépositions de mes agents, le concierge de son immeuble relève ses courriers au nom d'A. Doryoma, il nous l'a dit durant les enquêtes de voisinage.

- Merde, ça doit être sa vraie identité, réagit le premier officier.

- Vous aviez vérifié les antécédents criminels à quel nom ? demande le commissaire Naghten. Tous les professionnels se regardent.

- Vous avez votre homme, termine, fatigué, le Dr J. Stevens.

Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant