chapitre 1: le départ

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J'aurai pu commencer mon histoire par "comme tout les matin", mais ce matin est différent, c'est celui d'une nouvelle vie. Si l'on m'avait parlé de ce jour il y a quelques mois, jamais je n'y aurai cru et pourtant, nous y sommes.

Aujourd'hui, je me lève entourée de cartons, de sacs et de valises. J'ai dormis dans un sac de couchage et les seules choses non rangées sont mes habits pour la journée. Aujourd'hui, quand je descends dans le salon, la maison est vide. Le peu de meubles qui restent sont emballés minutieusement dans un papier bulle transparent. Les rendant comme neuf. Sauf qu'il ne le sont pas, que du contraire, ils ont vécu toute mon enfance. Dans cette maison, je me revois courir, jouer et danser. Je revois les grandes réceptions de famille, les gâteaux d'anniversaires, mes amis dans le jardins et des sourires sur les balançoires. Dans cette univers, un gout amer vient tout gâcher, une boule dans la gorge que je n'arrive pas à enlever... Aujourd'hui, je me prépare à un long voyage et à plusieurs heures de route. Aujourd'hui, je vais déposer mes dernières affaires dans un grand camion blanc. Je vais revoir une dernière fois mes amis et le peu de famille qu'il me reste. J'espère y voir des sourires et non des larmes pour marquer mes derniers souvenirs. J'espère également revenir, un jour, plus tard, ici dans ce village. Mon village.

Je n'ai jamais voulu partir, je ne l'avais même jamais envisagé. Ca s'est fait comme ça, très vite, comme sur un coup de tête sauf que c'était apparemment réfléchit. Et oui, ce départ n'est pas ma décision mais celle de mes parents. Ma maman a été muté dans un autre pays, la France Il faut dire que le changement est brutale. Surtout quand je vois cette maison, ma maison, vide comme si plus aucune âme ne circulait dans les couloirs. J'espère ne jamais perdre mes souvenirs.

***

Julien, mon voisin mais aussi mon meilleur ami, me manquera beaucoup. Nous sommes très proche, il est comme un frère pour moi. Quand j'ai un problème, je sais que je peux compter sur lui et venir frapper à la fenêtre de sa chambre - heureusement qu'elle est au rez-de-chaussée. Il m'ouvrira même si c'est pour un bête problème de mathématique. Je crois que ça va vraiment me manquer. Je n'arrête pas de me demander si nous allons survive à la distance? Il n'est pas très connecté aux réseaux sociaux et tout le tralala. Mais notre amitié est plus forte que ça, non? Je veux dire, est-elle assez forte pour ça? C'est vrai que durant ces derniers mois, ça m'a vraiment tourmenté mais il m'a assuré que ça irait et je veux le croire.

Il m'a promis d'être là ce matin pour mon départ, même s'il est très tôt. Car oui, monsieur est une marmotte. Il fut un temps où je l'appelais "chauve-souris" car il était vraiment en décalage par rapport à la réalité, il vivait la nuit et dormait la journée. Je n'oublierai jamais tous ces petits moments passés ensemble, ces anecdotes.

Quand j'arrive dans la cuisine, il est déjà là en train de discuter avec ma mère. Je ne lui laisse même pas le temps de se retourner que je lui saute dessus. On manque de tomber tout les deux mais il se rattrape de justesse au plan de travail de la cuisine équipée. Ce petit blondinet va vraiment me manquer, moi qui le voyait tous les jours... A quoi va ressembler ma vie sans lui?

Il m'embrasse sur la joue avec un grand sourire, même si je perçois dans son regard de la tristesse cachée. Je le connais si bien. Je peux savoir comment il se sent réellement par la façon dont il me sourit, me parle ou même me regarde. C'est un lien invisible et fort qu'on ne peut vivre qu'avec une personne particulière.

On part s'isoler rien que tout les deux dans le jardin. Dehors, nous nous asseyions mécaniquement sur le rebord de la terrasse. Nous laissons chacun un long soupir envahir l'espace. Je sais à quoi il pense, je pense la même chose. Nous nous disons que c'est sûrement la dernière fois que nous serons là, tout les deux, à cet endroit précis. Nous qui avions pratiquement été élevés en tant que frère et soeur. Il brise soudain ma réflexion en me tendant une petite boite noir ornée de lettres argentées. Je le questionna du regard mais ne mis pas longtemps avant de la prendre et de l'ouvrir délicatement, si délicatement qu'on aurait cru que j'essayais de désamorcer une bombe. L'intérieur renfermait un petit coussin en effet velours avec accroché tout autour, un bracelet fin habillé d'une breloque en forme de coeur. Notre symbole. il m'appelait toujours "petit coeur". Malgré moi une larme s'échappa pour finir sa course en bas de ma joue. Julien m'enlaça sans un mot. Nous avions tout les deux la gorge nouée. Je savais pertinemment que si je le regardais, nous nous effondrions tout les deux et ce n'était pas un souvenirs que je voulais garder. Alors nous sommes resté un long moment comme ça, dans les bras l'un de l'autre, le regard humide figé droit devant nous.

***

Mes grands-parents et deux de mes amies sont également venus accompagnés d'une tarte à la cerise maison, ma préférée. Qui me fera des tartes là où je vais? Mon papa a annoncé notre départ pour dans une heure.. Je compte donc profiter de ce dernier instant si court mais si précieux. Nous n'avons jamais été vraiment très famille. Nous nous voyions uniquement aux fêtes et à quelques anniversaires. Mais pourtant aujourd'hui ça me semble important. J'ai l'impression d'être passée à coté de quelque chose. Quelque chose d'irrécupérable. A quoi ressemblera nos fêtes maintenant? Est-ce que nous ferrons pour chacune d'entre elles plus de 11 heures de route pour y aller et puis autant pour le retour? Ca me parait inenvisageable, et pourtant, j'aimerais que ce soit ça le programme...

Ca me touchait profondément que Caroline et Cléa soient présentes. Je les ai rencontrées en primaire et nous ne nous sommes plus lâchées depuis. Ce sont de véritables jumelles, autant dans leur physique que dans leurs manières de marcher etc... De vrais sosies, on ne sait jamais laquelle est laquelle, et elles en jouent beaucoup. Quand on s'est rencontrés, ça a tout de suite matché entre nous, Julien disait toujours que s'était notre destin de se trouver tous les quatre.

Cette dernière heure passa si vite que je cru qu'il s'était écoulé qu'une dizaine de minutes lorsque maman cria en toute joie "en voiture!". Elle était heureuse et moi je ne cessais de me demander pourquoi partir si loin?

Je monta dans la voiture en regardant par la fenêtre les personnes présentes, les plus importantes. J'attacha ma ceinture, regarda mon frère et mes parents, chacun à leur tour. Ils étaient impatients de commencer leur nouvelle vie.

- Adeline, tu es prête?

Me fit ma maman avant de faire ronronner le moteur de la voiture. Avais-je le droit de dire "non"? Qu'est-ce que ça aurait changé? Aurions-nous tout arrêté? Je me contenta de hocher la tête en guise d'approbation. Et l'habitacle, dans lequel je suis, se mis à bouger. Les mains s'élevèrent en gesticulant des "aurevoirs" mais moi j'y apercevais des "adieux". Et pour la première fois depuis longtemps je me senti si seule...

la vie d'AdelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant