Papillon de nuit

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Les parents de Hazel l'avaient rejoint peu après. Le reste de la soirée s'était déroulé plus tranquillement. Le blond avait senti le poids du regard de certains invités dans son dos mais il ne l'avait pas relevé. Le Comte semblait avoir eu ce qu'il voulait puisque qu'il changea de comportement, l'ignora même lors qu'il raconta à Madame Kleth qu'il lui avait fait visiter le manoir comme convenu. Hazel n'avait pas protesté. Au moins sa mère ne lui trouva pas de reproche, et lui nourrissait l'espoir que quand cette soirée se clôturerai, tout rentrera dans l'ordre et il n'entendrait plus parler de Vladislav Esgreaves.

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Trois jours passèrent.

Hazel passa des nuits (ou plutôt des journées) chaotiques, remué par des cauchemars de cannibalisme et de vampires. Mais ça s'estompait peu à peu et la journée il essayait de ne pas repenser au comte. Il s'occupait toujours de la même façon, avec sa collection de papillons de nuit dont les tableaux se multipliaient dans les murs de sa chambre.
Mais au troisième jour, alors qu'il peinait à s'endormir aux alentours de 9h du matin, des voix le sortirent du lit. Ça venait du salon. Ses parents discutaient avec quelqu'un et d'aussi loin, il lui était impossible de reconnaître un seul mot.

Le bruit des rideaux automatiques.

On allait l'appeler, c'était certain. Hazel se précipita dans son lit pour faire semblant d'y dormir, jusqu'à que Beth, la domestique, n'ouvre la porte de sa chambre pour le réveiller.

- Monsieur Hazel, on vous demande au salon.

Avait-elle murmuré très tendrement en lui remuant l'épaule. Hazel soupira, puis se releva en grommelant. Mais quand il s'approcha de la porte, Beth rajouta :

- Attendez ! Il faut vous habiller.

Faisant référence au pyjama que Hazel portait, sois son association habituelle de sweat/jogging.
Hazel comprit que la directive venait de sa mère, et si elle voulait donner de lui bonne impression, c'est qu'il devait s'agir de... Vladislav.
Il se figea un instant. Puis alla machinalement vers son armoire, désarmé.

- Bien. Je descend dans une minute, merci Beth.

Et la domestique partie, il enfila un jean noir et un tee shirt à manches longues gris bleu avant de s'aventurer jusqu'au salon.

C'est sans surprise qu'il y vit Vladislav, prenant comme à son habitude des airs de joli coeur avec sa mère qui buvait toutes ses paroles. Elle paraissait d'une étonnante bonne humeur, mais pas le masque social qu'elle portait avec les invités, non, réellement joviale. Et ça ne fut que renforcer l'inquiétude de Hazel.

- Hazel ! Le Comte nous annonçait une super nouvelle, on ne pouvait pas attendre jusqu'à ce soir pour t'en parler.

Le blond commençait à se lasser de cette mascarade. Il salua Vladislav comme il l'avait salué la dernière fois qu'il l'eut vu, c'est à dire de façon très neutre. Poliment mais sans gentillesse. Ce qui n'intimidait pas Vladislav qui lui, lui affichait toujours un sourire, pressait fort sa main et s'était même relevé du fauteuil où il était assit pour le saluer. S'était-il fait beau ou apportait-il tous les jours un aussi grand soin à sa tenue?

Hazel prit la place qu'il avait prise l'autre jour, à l'annonce du décès d'Aya. Il fit mine d'être le plus neutre possible, et même de ne pas être intéressé par la dite annonce. Comme si en ignorant Vladisav, celui-ci finirait par se lasser. Son regard se tourna ensuite sur le majordome du comte, qui était toujours dans la même position, droit, le visage neutre, robotique. Comment en était-il arrivé là? Il avait l'air d'avoir tout juste le même âge que son maître, et il était beau tout pareil, d'une façon radicalement différente : il était typé asiatique, d'un pays que Hazel ne pouvait pas reconnaître. Il avait des yeux sombres, les cheveux courts bien coiffés, la mine sérieuse. Même s'il ressentait le regard du jeune blond l'analyser, il ne se montra pas perturbé.

Surtout reste beauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant