Au cœur d'une sombre et épaisse forêt brumeuse, se terre une anomalie particulière. Une entité vivante, plaintive et semblant en perpétuelle souffrance.
Un arbre au tronc rose semblant gonfler, grossissant et se réduisant spasmodiquement, au rythme de sa propre respiration sifflante.
Au bout de ses branches trônent des feuilles de couleur gris terne semblant plus fragiles qu'elles ne le sont réellement.Il semble communiquer avec les autres arbres, les vrais, purement végétaux, par de petits sons tels que des sanglots, des vocalisations dénuées de sens et de faibles rires manquant de naturel. Du moins, lorsqu'il est observé en silence et à couvert. Ses racines captent les nutriments du sol et lui permettent de développer des excroissances telles que des yeux, bouches, nez, oreilles, branches de chaire, et toute autre variance étrange et inexpliquée.
Cela fait plusieurs fois que je l'analyse, et à chaque fois que je me rends sur les lieux, l'arbre n'est jamais au même endroit. Mystérieusement, il ne possède aucun moyen de déplacement. Il ne possède pas de jambes et est profondément enraciné dans le sol à chacune de mes observations. J'ai finalement remarqué que je n'avais pas besoin de le chercher, puisqu'il semblait apparaître sur mon chemin des lors que je marchait pendant une durée indéterminée dans ce lieu si étrange, bien que si familier. Curieusement, la faune habitant la forêt semble se tenir éloignée de cette étrange créature.
Lors de mon avant-dernière observation, un voyageur égaré aperçut l'arbre. Il était habillé de frusques déchirées de couleurs sombres et ternes, d'une capuche noire et d'une écharpe monochrome lui cachant la moitié du visage. Il avait deux petites haches attachées en croix dans le dos, par des sangles de cuir.
"quelle merveille, quelle horreur" lança t-il, incapable de détacher son regard de cette monstruosité
De sa position furtive, il se leva brusquement, faisant craquer les branches et vibrer les buissons de sa cachette. Soudain, je vis les yeux de l'arbre s'ouvrir et chercher rapidement l'origine du bruit en se tournant dans toute les directions. Son rythme respiratoire s'emballait et était devenu plus rapide, plus fou.
L'homme s'est alors avancé vers la créature, qui le repera aussitôt. Ses branches tentaculaire s'agitèrent dans tout les sens et ses bouches poussèrent d'horribles hurlements. Un mélange de terreur et de colère était alors perceptible.L'inconnu sortit alors une de ses haches et frappa le monstre de toutes ses forces. L'arbre se mit alors à saigner. Un liquide visqueux de couleur rougeâtre rappelant le sang humain se mit à couler de la plaie du monstre qui hurlait à présent de désespoir et de douleur.
Ses feuilles se mirent à tomber une à une. Mais loin d'êtres portées par le vent, celles ci tombèrent lourdement et provoquaient un bruit métallique lorsqu'elles heurtaient le sol, comme s'il s'agissait en réalité de lames. L'homme continua son déferlement de violence contre ce monstre impuissant qui n'avait comme seule défense que ses propres feuilles tranchantes comme des poignards.
J'etais la, dans les hautes herbes, observant la scène, me demandant ce qui se passait, et quel chaos avait pris place sous mes yeux effarés.Les feuilles pleuvaient de plus en plus sur le corps de l'inconnu qui, épuisé par la fatigue et ses propres blessures, arrêta son assaut. Les hurlements cessèrent. L'arbre saignant se mit à rire avec fureur et euphorie. Un rire sombre, un rire froid, qui résonnait à présent à travers la brume perpétuelle de la forêt. L'inconnu posa un genou à terre, suivi du deuxième.
"je ne suis pas assez fort pour prétendre te vaincre" déclara t-il sur le ton de la défaite.
L'arbre posa une de ses branches charnelles sur l'épaule de l'homme en un geste de consolation et le tira lentement vers lui. D'autres branches se refermerent sur lui, comme pour l'enlacer, l'entourer.
Puis, les membres se refermerent complètement sur lui, scellant son sort à jamais. Lorsqu'ils s'ouvrerent de nouveau, l'inconnu avait disparu. Plus aucune trace.
L'arbre l'avait absorbé, et l'on pouvait voir ses traits apparaître sur le tronc de l'arbre, et entendre sa faible voix noyée d'une souffrance inconnue et aveugle retentir en des bruits déformés et des vocalises chaotiques.Le monstre scruta les environs afin de détecter une éventuelle nouvelle présence, une nouvelle victime, une dernière proie. Bredouille, ses yeux se fermerent de nouveau, et il reprit son rythme respiratoire habituel.
J'etais estomaqué de constater que cet arbre de chaire avait meurtri un humain aussi violemment avant de finalement l'absorber de la sorte. Je me suis alors éloigné discrètement, et une vague de panique me poussa à courir comme le vent, loin de cet immondice. Quitte à me perdre en forêt, autant que cela soit le plus loin possible de ce monstre.Cependant, après avoir couru pendant ce qui m'a semblé être une éternité, je me suis arrêté haletant afin de reprendre mon souffle, et c'est la que je l'ai de nouveau entendu.
Cette respiration saccadée, ce souffle fou et malsain. Je me suis relevé, et je vis ses multiples regards, tous braqués sur moi, animés par ce que je compris être de la haine ou de la colère intense.Une terreur indescriptible s'empara de moi, j'étais paralysé par la peur. Il était face à moi, à quelques mètres seulement. Ses branches s'agitaient dans tous les sens, menaçantes et prêtes à lancer l'offensive. J'ai de nouveau entendu son Hurlement atroce, émergeant de ses pleurs et sanglots habituels. Ce cri qui résonne dans l'esprit et qui le marque au point de faire trembler l'âme. Cela fut ma dernière observation.
C'est a ce moment précis, que je me suis réveillé.
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Rêves d'un fou
Short StoryRecueil d'aventures oniriques, où fragments de folie, ces histoires issues de l'esprit d'un rêveur oscillent entre la réalité et le chaos bouillonnant de l'imagination. Des lieux, des entités, des objets de toute nature s'éveillent et prennent vie e...