Ils sont tous les deux là, à fixer le plafond blanc dans la moindre de ces imperfections ; il est idéalement plat, mais la mauvaise qualité et l’âge de la bâtisse font qu’il est légèrement incurvé. Il y a aussi tous ces coups de pinceaux qu’on ne prend pas beaucoup de temps à distinguer une fois qu’on prend le temps de poser son regard. Sans parler de ces tâches d’origine inconnues mais qui attirent tout suite le regard.
Le lit, un king size, leurs laisse toute la place pour s’étaler. Le drap, trop petit pour le matelas ne tient jamais très longtemps dessus.
La chambre à l’image du drap est trop petite et complètement défaite, un tas d’ordure et de vêtements sale jonchent le sol. Des cannettes de bières et quelques bouteilles de whiskey entour le lit comme des tours de gardes entours une forteresse.
Ils sont là se tenant par la main, rigolant, s’amusant comme des gosses. Rien n’avait d’importance, mais ils savaient que l’importance finirait par les rattraper. Cette foutue importance des choses de la vie qui s’impose à chacun. « Va te faire foutre importance » qu’ils disent en pointant leurs majeurs vers ce pauvre plafond.
Et de toute leurs forces, alors que le temps accélère, ils essaient de faire reculer l’inévitable.
« Vient on part loin de ce trou, loin de tous ces fous, par-delà les montagnes je veux que tu m’y accompagne, un monde merveilleux qui existe seulement pour les curieux. On ira loin, si loin que le temps n’a plus d’emprise, allez vient on lâche prise ; et on va là-bas, là-bas où rêve et fantasme font loi, là où l’impossible est roi. »
Ils se mirent à parler de ce monde si fou que loin, des heures durant. Et malgré la fatalité de l’importance, ils ont choisi d’ignoré son existence, son imminence.
Enlacés dans les bras l’un de l’autre, le plafond pour écran et leurs regards pour projecteur, le chemin était tout tracé…
« Pour atteindre ces contrés perdus derrière l’obscure et l’éternel, pas besoin de volé ou de courir… juste embrasse-moi et nous partirons »
