Chapitre 3

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Pour ma mère, les choses étaient évidentes et la solution à portée de main. Tout était limpide.
Pourquoi cherchais-je une solution alors que la réponse était là, à portée de mains ?

Elle n'imaginait  pas une seconde l'impact psychologique que cette situation avait eu sur moi.

Comment allais-je dorénavant regarder mon mari dans les yeux ?

Allais-je pouvoir lui faire confiance un jour ?

Paulin ne m'avait pas seulement trahie mais il avait sappé le peu de confiance que j'avais en moi.

Me tromper n'était pas le pire. Qu'il puisse le faire avec un animal était au dessus de tout entendement humain.

Coucher avec un porc !

Oui, mon mari couchait avec sa truie.

J'aurais préféré mille fois que Paulin me trompât avec une autre femme.

Dans ce cas de figure, j'aurais eu les arguments nécessaires pour sauver mon couple.

Mais un porc ?

C'était au dessus de moi.

Ma mère essaya de me convaincre qu'il pleuvait sur tous les toits. Que  la meilleure solution était d'éliminer Clara.

_Maman, tu racontes des bêtises. Si j'élimine cette Clara..

J'avais même du mal à prononcer ce nom !

Dire à haute voix le nom de cet animal me donnait mal à la tête, c'était lui accorder une légitimité qui n'avait pas sa place .

J'aurais dû me méfier le jour où Paulin m'avait dit lui avoir donné un nom.

Depuis quand donne t-on le nom à son porc ?

_... Sa place, c'est dans la marmite.

Insista ma génitrice sans se démonter.

_Maman, il existe plusieurs porcs comme ça dans ce pays. Il lui suffit d'acheter un autre.

Ma mère se leva et me fit face.

Elle avait une lueur indéchiffrable dans le regard.

_Hélène, dans la vie, on doit se battre pour ce qu'on veut. Tu veux quitter ce mariage à cause d'un simple porc ?

_Mais...

_Tu veux laisser ton foyer, ta maison, tes voitures à un porc... ?

_Mais...

_Tu veux laisser un homme que tout le monde t'envie à un porc ?

_Mais..

_Sais-tu que ton âge est déjà avancé ? Tu vas encore trouvé quel homme qui a l'argent comme Paulin?

Je secouais la tête . L'argent ne donnait pas le droit à tout. Ce n'était pas une excuse pour tout accepter.

_Maman..

_Tu iras dans quelques années dans les églises de réveil pour pleurer là-bas que: oh je n'ai pas de mari... Oh je suis seule... oh Dieu m'a oubliée.. Tu as fait quoi de ce qu'il t'a donné ?

Ma génitrice semblait prendre un malin plaisir à défendre cet acte infâme, au dessus de tout pardon .

À aucun moment elle n'avait trouvé le geste de Paulin répréhensible.

C'était moi la fautive. C'était à cause de moi si mon mari s'était tourné vers un animal.

C'était à moi d'arranger la situation.

IL COUCHAIT AVEC LE PORC Où les histoires vivent. Découvrez maintenant