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FEMME FATALE














Virevoltant son regard sur ces hommes, humant facilement l'avarice affable qui se dégageait de leur bouche, la jeune dame s'amusait à tenter de trouver celui qu'elle cherchait. Cette recherche était un jeu d'enfant. Un jeu capricieux qui ne cessait de la réjouir et de l'emplir de joie à chaque fois qu'elle y jouait. Une partie de cache-cache. Seulement, elle n'était pas une enfant et la personne qu'elle devait trouver était loin d'être dotée de la même empathie et innocence qu'un enfant.

Tout ça avait pourtant une ressemblance accrue et hilarante avec un jeu. L'allégresse qu'elle ressentait, la concentration qui dilatait ses pupilles brunes, l'engouement et le petit rire qu'elle expulsait alors qu'un homme l'approchait. L'enthousiasme qu'elle mettait dans son rejet, sachant qu'aujourd'hui, un seul d'entre eux aurait la chance de valser avec elle. Tout ça l'amusait et la rendait rouge de plaisir. Elle était folle. Et elle le savait. Quelqu'un qui admettait son anormalité faisait normalement partie de ceux qui appréciaient la façon dont ils vivaient. Un genre de sociopathe ayant accepté la signification de ce mot et ayant admis à leur égo que c'était ainsi que la vie les avait façonné. Impulsif.

Buvant dans son verre, ignorant ce qu'il contenait, sachant uniquement que la merde qu'elle buvait provenait d'une bouteille coûtant une fortune, elle sourit. Cette femme au rictus charmeur se retourna à l'entente de plaintes bruyantes en direction d'une table voisine. Regardant premièrement la richesse du bois qui sculptait leur table, elle darda des yeux ces hommes, tous des figures importantes de la politique ou de l'économie, des sujets qui la passionnaient et qui l'enivraient d'une ampleur sans égale. Et ça, c'était parce qu'elle était celle qui portait le rôle de les persécuter. Elle était celle qui devait les punir de leur bonté quasi-inexistante, de leur puissance agaçante, de leurs actions infidèles et inhumaines. Ainsi, elle commettait un péché pour détruire ceux qui abusaient de ce concept qu'était le mal. Ou le bien.

Un peu trop de compassion, un peu trop d'allocentrisme ou de l'argent donné à la mauvaise organisation pouvait apporter à quelqu'un la mort. Et elle, elle était seulement un pion au milieu des ébats agressifs qui montaient l'Homme contre sa propre espèce. Un pion tueur, meurtrier, empli d'une fougue dangereuse. Elle aimait son métier. Elle aimait son rôle dans cette pièce de théâtre. Elle n'avait pas le rôle principal, elle ne risquait pas la mort autant que ce personnage. Cette femme était celle qui n'était pas souvent sur scène. Elle était celle qui apparaissait rarement, qui restait dans l'esprit de celui qui écoutait les dialogues ampoulés des acteurs, mais qui disparaissait aussitôt. Elle était celle qui tirait sur les ficelles lorsque le rideau se déployait, elle rendait les gens misérables, elle les tuait, tout ça pour ensuite se mettre dans la merde avec des clans quelconques.

Lorsqu'on lui demandait pourquoi avoir tué un de ses proches, elle aura la joie de leur expliquer que ce n'était que pour de l'argent. Que ce désir et cet acte de tuer leur ami, amant, frère, collègue, étaient seulement motivés par quelques papiers colorés, un chèque de banque ou une envie irréfléchie. Beaucoup avait envie de la tuer, peu arrivait à l'effleurer. Elle n'avait pas d'amis, des associés peut-être, mais aucun amis. Elle n'en avait pas besoin. Elle faisait le travail, récoltait ce qu'elle semait et sa tâche s'arrêtait à ce point. La compassion semblait être une illusion non atteignable lorsqu'elle la comparait à de l'argent.

L'argent n'était pas la seule chose qui l'avait convaincu de s'enfouir sur cette route que les fédéraux qualifiaient d'abominable et de sadique. Les sensations extérieures étaient le déclencheur de cette décision de se précipiter dans le domaine du meurtre. La pression que ressentait quelqu'un alors qu'un humain, une femme en plus, se trouvait en position de pouvoir sur lui. La sueur qui coulait de leur front alors qu'elle appuyait un fusil sur leur tempe, demandant d'une voix si mignonne quels étaient leurs derniers mots. La peur. L'appréhension. La crainte. Le sentiment d'alacrité qui l'assaillait alors qu'elle enlevait la vie d'un minable, d'une merde qui rendait la société encore pire qu'elle ne l'est déjà.

𝐕𝐄𝐍𝐃𝐄𝐓𝐓𝐀 | 𝘱.𝘫𝘮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant