Les rôdeurs (TERMINÉE)

CHAPITRE 12 : Fangorn et le Magicien Blanc

La puanteur était suffocante et me brûlait les yeux et la gorge. Je restais à proximité des chevaux pendant que mes compagnons s'approchaient de la pile de cadavres. Gimli fouillait du bout de sa hache, pendant que les deux autres faisaient le tour. J'entendis pousser un grognement et il nous tendit un objet brûlé, déformé par la chaleur du brasier.

- C'est une de leur ceinture... On les a abandonnés...

Aragorn poussa un hurlement de rage en tombant à genoux, je laissais les larmes couler le long de mes joues pendant que Legolas entonnait une prière en elfique. Je relevais la tête quand Grand-Pas commença à remuer les herbes au sol.

- Un Hobbit était allongé ici... Et l'autre là. Ils ont rampé... Leurs mains étaient ligotées. Leurs liens ont été coupés ! Ils ont couru par ici. Ils étaient suivis. Les traces s'éloignent du combat ! Et vont vers la forêt de Fangorn...

Nous avions suivi Aragorn pendant qu'il suivait les traces dans l'herbe écrasée jusqu'à la lisière des arbres.

- Fangorn... Quelle folie les a conduits là ? demanda Gimli, horrifié.

Fangorn... J'étais née à l'ombre de ses arbres... J'y étais venue à plusieurs reprises, m'imprégner des lieux. Je connaissais ces chênes, ces pins... Je leur parlais, en tout cas à ceux qui voulaient bien écouter. Ils avaient accumulé tellement de rancur et de haine envers tout ce qui se marchait sur deux pattes.

J'attachais les chevaux à un arbre proche, un nud suffisamment solide pour qu'ils se sentent attachés, mais assez coulant pour qu'ils puissent s'échapper si un danger se présentait. Une fois cette tâche effectuée, je pris mon arc et passait devant Aragorn, Gimli et Legolas.

- J'y vais, je connais cette forêt.

- Non ! C'est trop risqué ! Fangorn est dangereuse ! s'exclama Legolas, me retenant par le bras.

- Elle est dangereuse pour ceux qui ne se soucient pas des arbres. Vous êtes un elfe, vous ne risquez rien. C'est plutôt Gimli qui devrait se méfier, les arbres et les haches ne font pas bon ménage.

Je saisis sa main et l'ôtai de mon bras, gardant ses doigts entre les miens plus longtemps que nécessaire. Je le lâchais à contrecur et il m'emboîta le pas. Aragorn suivit, ainsi que Gimli bien que bougonnant dans sa barbe sur l'amour un peu trop important des elfes pour les forêts. Je me retournais, et avec un clin d'il, lui rappelais que la Lòrien abritait le plus beau joyau que le plus opiniâtre des nains pouvait trouver.

- Moi ? Opiniâtre ? Comment osez-vous ? Jeune elfe insolente, je ne bougonne pas ! Je constate !

J'éclatais d'un rire clair et le Prince sylvain également, tandis qu'Estel se fendit d'un sourire. Mais une fois la lisière de la forêt passée, nos rires moururent sur nos lèvres. C'était sombre, plus sombre que ce que j'avais pu voir jusqu'à présent lors de mes quelques passages.

Nous nous enfoncions de plus en plus profondément dans la forêt quand Gimli s'écarta du groupe. Il appuya son gant sur des feuilles et porta ses doigts à sa bouche avant de recracher.

- Du sang d'Orque.

- Nous sommes sur une piste alors. Continuons !

Je repartis de plus belle, menant la troupe. Aragorn me suivait de près, observant le sol à la recherche d'empreintes. Je m'arrêtais lorsqu'il s'accroupit, vaguement sceptique devant une forme au sol. Je ne pipais mot, sachant pertinemment ce que c'était.

- Ces traces sont étranges...

- On sent que l'air est lourd ici... fit remarquer le nain, tandis que sa hache remontait lentement entre ses mains.