Quand elle passe le seuil de la porte, une très forte odeur sucrée emplit l'air et Théodora ne peut s'empêcher de s'émerveiller en voyant l'intérieur: un couloir petit et profond est fermé au bout par une autre porte noire, l'entrée est éclairée par un grand lustre de cristal, un carrelage oriental s'étend du bout à l'autre de l'entrée et des tableaux sont accrochés aux murs. Au-dessus de la porte, des pendants en cristal sont accrochés au plafond, ceux-ci s'entrechoquent quand la porte s'ouvre, un son enchanteur comme plusieurs petites clochettes retentit. Sur sa droite, elle devine les marches d'un escalier vers un étage supérieur, suivit lui aussi de plusieurs tableaux. A sa gauche, Théodora voit un une autre belle porte, en bois tout simple.
« C'est par là que je dois aller ? », pense-t-elle.
– Oui, mon enfant, venez de ce coté, la guide la femme.
Théodora sent des frisons parcourir le long de son corps. Comment a-t-elle su ? Mais elle décida de faire fi de cette intervention et pose sa main sur la poignée.
– Ne soyez pas timide, voyons, entrez, résonne la voix, rieuse cette fois-ci.
La jeune mère ne se fait plus prier et entre dans la pièce. Encore une fois, ce qu'elle voit la prends de court: un grand salon aux couleurs chaudes, une simple table de bois entourée de quatre chaises, derrière deux grands fauteuils rouges tournés vers une cheminée où le feu grésille, une méridienne sur le coté en dehors du halo du feu. Sans oublier aussi les nombreux tableaux de toutes tailles sur un papier peint aux dessins floraux, un tapis ressemblant à celui de l'entrée et de grands rideaux rouges épais. Mais ce qui interpelle le plus la jeune femme, c'est cette petite marmite dans le foyer de cheminée d'où elle sent cette odeur familière.
« C'est de là d'où vient cette odeur de caramel. »
Théodora avance dans ce beau salon mais elle ne voit pas la femme qui l'a appelée.
« Où peut-elle bien être ? »
– Je suis là, mon enfant. Vous pouvez m'aider à rejoindre mon fauteuil, s'il vous plaît ?
Quand elle se retourne, elle voit une femme courbée, s'appuyant sur un meuble, visiblement une commode, la main posée dans le bas du dos. Elle doit avoir dans les soixante, soixante-dix ans.
– Oui j'arrive. Prenez mon bras.
La vieille femme se retourne et ne tarde pas à le lui prendre. Théodora voit qu'elle a une canne dans l'autre main, mais au vue de son corps, ses rhumatismes ont vraiment l'air de lui faire souffrir le martyr.
« Elle doit tellement souffrir. », pense-elle, peinée.
– Merci, mon enfant, vous pouvez m'aider à me mettre sur le fauteuil de gauche s'il vous plaît ?
– Oui, bien sûr.
Doucement, au rythme de la vieille femme, Théodora l'emmène vers son fauteuil et l'aide à s'asseoir dessus. Celle-ci pousse un soupir de soulagement quand son dos touche le dossier. Maintenant, Théodora peut mieux la regarder: C'est une femme droite et élégante dans sa stature, elle porte un châle tressé de couleur beige, une longue robe bordeaux et des chaussons de velours noirs. Son visage est très marqué par le temps et pourtant, il en sort un certain dynamisme quand on regarde ses yeux, encore bien jeunes et brillants de vie. Ses cheveux sont d'un blanc platine, coiffés en chignon flou et met en valeur sa peau, qui est plus pâle que Théodora la voyait.
Elle se penche sur le coté et prends une paire de lunettes sur une petite table et quelque chose d'autre qui surprends Théodora.
« Ah, elle fume la pipe. », songe-elle, un peu surprise par l'originalité de son interlocutrice.
Elle apporte à sa bouche, une très belle pipe en ivoire et peu de temps après, une fumée blanche et élégante sort de ses lèvres. Elle regarde vers la jeune femme, la pipe toujours dans sa main gauche et le bout entre les dents.
– Merci beaucoup. Ses maux de dos sont de vrais fléauts. Profitez de votre jeunesse avant de finir comme moi, vous pouvez me croire, ce n'est pas un cadeau. Même si j'ai la chance de pouvoir encore tenir sur mes jambes.
Théodora se relève et lui sourit.
– J'en prends note Madame. Veuillez m'excuser de vous déranger mais je suis ici pour l'entrevue pour être domestique, je cherche la comtesse de Broomvalley.
La vieille femme en rit, ce qui fait froncer les sourcils de la jeune veuve.
– Et bien vous l'avez trouvée, c'est moi.
Théodora écarquille les yeux et tente une révérence pas vraiment élégante.
– Oh my lady, veuillez me pardonner, je n'avais pas compris que c'était...
– Ne vous inquiétez pas, mon enfant. J'ai mis mon ancien titre de Comtesse pour attirer le plus de monde possible et vous êtes la seule à être venue, lui dit-elle avec un grand sourire. Veuillez-vous asseoir je vous prie, en lui désignant l'autre fauteuil.
Théodora s'exécute avec raideur. Et si c'était un test ?Les domestiques ne sont pas censés agir de la sorte. Elle ne s'attend pas à ce qu'elle ressent quand elle s'assoit.
« C'est si doux et moelleux, j'ai l'impression d'être assise sur un nuage. », pense-t-elle alors qu'elle s'enfonce dans le coussin. Elle n'avait jamais connu une telle sensation.
– Vu votre réaction, je suppose que vous n'avez pas l'habitude d'être assise sur un fauteuil, dit son interlocutrice, amusée.
Théodora sort immédiatement de sa rêverie.
– Veuillez m'excuser, j'enchaîne les erreurs décidément aujourd'hui, s'exclame-elle en baissant avec un sourire gêné.
– Mais non et puis ce n'est pas grave, je le vois bien, que vous n'êtes pas à l'aise.
La jeune femme hausse les épaules en hochant la tête.
– Tout d'abord, laissez-moi me présenter comme il convient: je suis Oda Doridge, ancienne comtesse de Broomvalley et vous, quel est votre nom ?
– Je m'appelle Maynard. Théodora Maynard.
La comtesse se baisse et lui tends sa main.
– Quel beau prénom. Enchantée de vous rencontrer, Théodora.
Elles se serrent la main.
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La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle House
FantasyDans le Londres victorien, la veuve Théodora et ses trois filles vivent dans un des quartiers les plus pauvres de la capitale. De plus, à l'approche de Noël, la jeune femme perd son travail suite à un coup monté. Mais un étrange hasard l'amène à Blu...