L'elfe devant moi me regarda, interloquée.
— QUOI!? fis-je d'un ton sec en lui lançant un regard courroucé.
Sa bouche s'ouvrit doucement, mais aucun son n'en sortit. On aurait dit une carpe en quête d'oxygène. Je pris soudain conscience de ce qu'il venait de se passer. Contrairement à ceux d'Elora, mes mots à moi étaient bien sortis de ma bouche. J'avais encore parlé à voix haute sans le vouloir.
— Euh... Je suis désolée Elora, de t'avoir crié dessus. Rien de tout ça n'est de ta faute, c'est entièrement la mienne... dis-je finalement en redescendant de mes grands chevaux.
J'avais honte. Honte de m'être emportée contre ma meilleure amie alors que j'étais la seule fautive.
— Non Sayana, quoi que tu aies fait, et, quelles que soient les décisions que tu as prisent, tu as fait ce que tu as cru bon de faire. Tu ne peux pas toujours réussir du premier coup tout ce que tu fais, ce n'est qu'un obstacle de plus à franchir...
Sa remarque réussit presque à m'arracher un sourire. Elora disait toujours que j'accomplissais avec brio tout ce que j'entreprenais, et même quand je me plantais, elle ne disait que ce n'était qu'un obstacle avant d'atteindre mon but, mais que je réussirai dans tous les cas. Facile de prêcher ces bonnes paroles lorsqu'il s'agissait de devoirs de maths, de dissertations ou d'entraînements au combat, mais pouvait-on dire pareil de notre situation?
— Tu n'es pas obligée d'en parler maintenant, reprit l'elfe. Je suis désolée de t'avoir brusquée.
Elle s'effaça pour me laisser reprendre ma route, mais je ne bougeais pas. Ce temps de pause m'avait fait penser à quelque chose. Si on ne pouvait pas repérer le nord parce qu'on était sous terre, une boussole le pouvait, elle! Je fouillais dans mon sac en bandoulière, bien contente d'avoir pensé à glisser un objet aussi utile dans mes affaires. J'en sortis le petit compas au cadre noir. L'aiguille virevolta un moment avant de se stabiliser. Le couloir que nous avions choisi de suivre menait plein Ouest.
— Même si on se dirige vers l'école, je me demande s'il est raisonnable de faire demi-tour, remarqua Elora. Il doit bien y avoir un autre moyen de sortir d'ici que par la grande caverne...
Je serais les dents. Nous n'avions pas vraiment le choix. Retour à la case départ...
— Tu as sans doute raison, soufflais-je avant de me résigner à remettre un pied devant l'autre. Tu es sûre que tu n'as pas besoin d'aide pour porter Kris ? Après tout, c'est de ma faute s'il est dans cet état-là, je peux bien prendre le relais.
— Non, répondit l'elfe après un instant.
Je ne voyais pas le visage de mon amie puisque j'ouvrais la marche, mais j'avais cru déceler un soupçon de sanglot dans sa voix. Étrangement, Elora se laissait beaucoup aller aux émotions lorsqu'il s'agissait de Kris.
Peut-être pas si étrange que ça si j'en crois mes impressions d'avant le Tri...
Je me souvenais même que le rapprochement de ces deux là n'avait fait qu'alimenter ma décision de partir.
— Eh ! Tu m'écoutes ?
Oups, j'étais perdue dans mes pensées.
— Excuse-moi Elora, tu disais ?
— Ça serait bien qu'on sache ce qu'on fait avec lui.
Je compris immédiatement qu'Elora parlait du grand brun qui nous avait sauvé la peau un peu plus tôt.
— C'est une bonne question en effet.
— J'aimerais bien découvrir comment il se contrôle... On sait qu'il n'est pas muet, mais c' est bizarre qu'il ne parle pas.
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OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem
FantasiaL'OtherWorld est en guerre depuis plusieurs dizaines d'années. Les enfants ayant perdu leurs parents sont envoyés dans un orphelinat où ils peuvent étudier jusqu'à leurs 16 ans. Sayana n'a aucun souvenir d'avant son arrivée à l'établissement alors...