Chapitre 9

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Quelques jours passent, et Marinette ne prend pas la peine de sortir voir des amis, ni ses parents. Elle se contente de sortir le moins souvent possible, dans l'unique but de faire ses courses. Elle est en train de ranger quelques trucs qu'elle vient de se procurer, tâchant toujours du mieux qu'elle peut de faire le moindre effort pour occuper son esprit.

Elle ferme la porte de son réfrigérateur, avant d'y déposer son front en fermant les yeux. Les journées peuvent être terriblement épuisante avec son manque crucial de sommeil. Parfois, elle se dit qu'elle aurait dû dispraître, elle aussi, et ne laisser aucune trace. Cependant, elle ne trouve pas la force de le faire. Si elle le faisait vraiment, elle se sentirait obligée de revenir.

La jeune femme aux cheveux de jais soupire, toujours autant dans l'ignorance de ce qu'il est arrivé à son chat préféré. Ses paupières s'ouvrent lentement, posant son regard sur le pendentif qui pend depuis son cou. La moitié du ying et yang rouge qu'elle chérit depuis quelques temps déjà. Elle porte ses doigts à cet objet. Ce collier fait partie des quelques petites babioles auquel elle s'accroche pour rester consciente de ce qu'il se passe autour d'elle.

Reculant son front du froid matériau du réfrigérateur, la franco-chinoise se redresse légèrement, gardant toujours le pendentif dans son champ de vision. La vérité, c'est que la chose qui lui manque potentiellement le plus est la chose qu'elle a volontairement retirée de sa vie; Tikki. Elle n'avait vu aucune autre solution que de retirer ce qui la rattachait le plus à son compagnon fidèle. Voir Tikki, c'était se prendre un poignard au coeur.

Pendant un instant, Marinette se demande si sa décision était la meilleure. Toute son équipe lui dirait que c'est la pire idée qu'elle ait eue, mais elle n'avait pas la tête à réfléchir à ses actes à ce moment-là.

Elle tourne tranquillement sa tête vers l'entrebaîllement de la porte qui mène à sa chambre, quittant enfin le kwagatama du regard. Peut-être devrait-elle simplement sortir la Miracle Box de sa cachette et reprendre son miraculous? Mais, regrettra-t-elle de revoir Tikki? N'est-ce pas dangereux qu'elle se sente coupable de sa propre douleur ainsi que celle infligée à son kwami?

La gardienne des miraculous repose son regard sur son pendentif entre ses doigts. Ses pensées se bousculent dans son crâne. Puis, du coin de l'oeil, elle peut apercevoir sa mèche de cheveux teindue en bleue.

- Le meilleur moyen de s'en sortir, c'est d'accepter le changement.

Les paroles de Luka refont surface en y voyant la mèche. Changer. Ramener Tikki dans sa vie lui permettra probablement d'accepter plus facilement le fait que Chat Noir et Adrien ne soient plus là. S'isoler n'est pas la meilleure chose à faire et si quelqu'un peut bien partager sa douleur c'est Tikki.

Les doigts de Marinette se serrent sur le kwagatama. Très peu de temps après, ses doigts laissent aller le petit objet, qui reprend contact avec le haut de sa poitrine. Elle se dirige vers sa chambre dans un pas à demi lent et à demi décidé. Elle pose sa main droite sur la porte, la poussant pendant qu'elle s'approche. Elle pénètre dans sa chambre et son coeur commence à battre un peu plus vite.

Immédiatement les yeux de la franco-chinoise se pose sur son armoire, renfermant le précieux objet qui lui a été conféré il y a quelques années déjà. Elle se souvient avoir pensé fréquemment que la Miracle Box n'aurait jamais dû finir entre ses mains. Donner une aussi grande responsabilité à une adolescente comme elle l'était, c'est de procurer un immense stress quotidien. Elle devait cacher la boîte à tout le monde; ses amis et sa famille.

Sa paume se pose contre la poignée de l'armoire. Marinette expire lentement, son coeur s'accélérant encore peu à peu. Sa main est moite et la poignée est quelque peu glissante à cause de cela. Ça ne l'empêche pas d'ouvrir son armoire, baissant presque immédiatement son regard vers la boîte qui cache l'antre magique des kwamis.

La jeune femme se rapproche du sol, se recroquevillant doucement sur elle-même. Elle tend ses doigts fins vers la boîte et l'ouvre lentement, lui révélant les bouts de tissus qui recouvre la Miracle Box. Du bout de ses doigts, elle se met à les pousser de son chemin, son coeur tambourinant toujours de plus en plus fort. Elle sent maintenant son organe jusqu'à ses tympans. Sa peau frôle le matériel froid de la boîte. Une onde électrique traverse son bras avant de continuer sa course dans tout son corps.

Levant un peu le regard, Marinette pose désormais les yeux sur le symbole imposant sur le dessus de la Miracle Box. Le sien. Celui de la coccinelle. Il lui suffirait d'une simple et petite pression contre le cercle pour en ouvrir la porte qui cache les boucles d'oreilles retirées depuis bien longtemps déjà. 

Sans même prendre la peine de sortir l'objet de la boîte, la gardienne laisse son propre corps la guider. Son index s'écrase contre l'écusson de la coccinelle, lui permettant désormais de prendre le bijou magique entre ses doigts. Tout juste avant de se procurer le miraculous, la franco-chinoise s'arrête net. Elle ferme les yeux, soupirant tranquillement, cherchant à ralentir les battements de son coeur. Puis, elle se met à murmurer pour elle-même, la main toujours au-dessus de la Miracle Box.

- Je le fais pour...

Lui? Non.

Elle doit recommencer à vivre. Tout cela date déjà d'il y a un an. Elle l'a vu dans le regard de Luka et d'Alya quand ils sont passés chez elle la semaine passée. Ils n'attendent que le moment où elle recommencera à être elle-même. Son équipe a besoin de sa meneuse. Mais d'abord et avant tout, ses amis ont besoin d'elle en tant qu'amie. Et ses parents. Ses pauvres parents qui ne comprendront dont jamais la totalité des causes de son état.

- Je le fais pour moi, reprend-t-elle toujours en murmurant.

En réouvrant ses paupières, Marinette peut observer sa main qui se déplace à nouveau seule. Son index, son majeur et son pouce coincent ensemble la paire de boucles d'oreilles avant de les ramener vers son visage. Elle avait oublié l'éclat merveilleux du miraculous. Pendant un instant, elle est hypnotisée par la beauté du bijou. Puis, elle se demande comment a-t-elle fait pour se convaincre de les retirer pendant des mois?

Par des gestes lents, Marinette glisse le bijou à ses oreilles. À la seconde où la deuxième boucle d'oreille rencontre son socle, une lumière rosée éblouit la fille de boulanger. Un bras se porte instinctivement devant le visage de la jeune femme qui est complètement aveuglée par cette lumière.

La lumière se dissipe et pendant qu'elle baisse son bras, la franco-chinoise est surprise par une toute petite créature rouge qui fonce droit sur son visage. Sous le choc, Marinette lâche un petit cri et tombe à la renverse, faisant rencontrer son dos au sol de sa chambre.

- Marinette! pleurniche une petite voix aïgue.

L'interpellée promène son regard vers son nez et ses joues, ne prenant pas son temps pour se familiariser avec son amie qui est littéralement scotchée à son visage.

- Ti... Tikki!

Marinette lève les mains et les pose contre son adorable kwami, réalisant à peine les grands efforts qu'elle vient de poser. Immédiatement, ses larmes se mettent à couler à flots contre sa peau de porcelaine et les sanglots la prennent en otage.

- Je suis tellement désolée! pleure la gardienne.

Tikki, et son incroyable bonté, ne cherche même pas à mettre la faute sur sa porteuse en répondant que ce n'est pas grave. Cela offre une autre vague de pleurs de la franco-chinoise, qui regrette amèrement et plus que jamais d'avoir retiré son miraculous. C'est un geste qu'elle ne refera plus jamais. Bien ancrée en elle, elle a cette impression que la décision qu'elle vient de prendre aujourd'hui, de ramener Tikki et Ladybug dans sa vie, est la meilleure décision qu'elle ait pu prendre dans la dernière année.

Marinette retire l'une de ses mains de son kwami pour essuyer ses larmes, pendant qu'elle se redresse, histoire d'être assise au sol plutôt que d'y être couchée. Ses pleurs se calment et tout juste après un reniflement, la jeune femme parle tout bas.

- Tu m'as tellement manqué, Tikki.

Elle s'apprête à s'excuser une nouvelle fois, mais elle est rapidement coupée par la petite créature.

- Je suis contente de savoir que tu vas bien, Marinette.

Les paroles arrachent un léger sourire à la gardienne, qui garde le kwami bien emprisonné dans ses mains près de son visage.

Retrouver Tikki est un pas vers les jours meilleurs.

Claquement de doigts (Miraculous Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant