Chapitre 21 : Dure La Vie de Princesse

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Je ne bougeais pas, puis dans un moment de lucidité, m'inclinais devant la reine. Celle-ci me regarda faire, toujours un sourire aux lèvres, mais avec une lueur narquoise, moqueuse dans les yeux. D'un mouvement de tête, elle m'ordonna de m'écarter. J'obéis aussitôt et refermais la porte derrière elle. Son sourire me mettait sur mes gardes. M'ignorant totalement, Ivana s'approcha d'Aurore, qui s'était redressée et son sourire avait disparu. Sa mère s'assit à côté d'elle et s'empara de ses mains.

- J'ai une merveilleuse nouvelle Aurore !, s'exclama la reine.

- Oh ! Vraiment ?

- Absolument ! Votre père vient d' accorder votre main au prince d'Espagne ! N'est-ce pas une nouvelle réjouissante ?

Je n'osais plus bouger. Aurore venait d'être fiancée ? Sans aucune discussion avec elle ? Mon amie était devenue aussi rigide qu'une statue de cire.

- Pardon ?, articula-t-elle finalement en retirant ses mains de celles de sa mère.

- Vous allez vous marier ma chérie, continua Ivana, totalement inconsciente de ce que sa fille ressentait. Je suis si heureuse pour vous !

- En quoi est-ce une bonne nouvelle ? Je refuse de me marier avec cet homme !, rétorqua Aurore.

Le visage de la reine se ferma d'un coup.

- Tu épouseras ce jeune homme et tu feras honneur à ton pays !, dit-elle en se levant pour dominer sa fille.

Je me collais au mur pour qu'on ne remarque pas ma présence. Je connaissais Aurore quand elle laissait éclater sa colère et mieux valait ne pas en être la cible. Ses joues s'empourprèrent de fureur mais la reine restait imperturbable, comme un rocher face à une tempête.

- Je ne me marierais jamais avec un homme ainsi !, tonna Aurore.

- Tu dois perpétuer la lignée, comme ton frère et tu ne peux que le faire avec un homme, contesta doucement Ivana.

- J'aime les femmes mère ! Je ne me laisserais pas toucher par un homme !

La reine ne disait rien, mais sa bouche s'était ouverte et ses joues pâlissaient à vue d'œil. Je n'aurais jamais pensé qu'elle l'avouerait à sa mère ainsi. Aurore n'avait jamais eu honte de son orientation mais du point de vue de la famille royale, cela ne devait pas être très bien vu. Et à voir l'expression de la reine, elle ne s'attendait pas à ce que son unique fille lui annonce être homosexuelle.

- Quand est-ce arrivé ?, articula difficilement la souveraine en dévisageant Aurore.

Cette dernière lui adressa un regard dédaigneux.

- Il n'y a pas eu de moments. J'ai toujours trouvé que les femmes avaient plus de charmes que les hommes.

Ivana ne répondit pas, mais commença à reculer. Un pas, puis un autre et je voyais que à chacun d'eux, le coeur d'Aurore se brisait un peu plus. La souveraine sortit sans un mot et mon amie s'effondra au sol. Je me précipitais vers elle et la prit dans mes bras. Elle se laissa aller contre moi et bientôt, ses larmes mouillèrent l'étoffe. Nous restâmes ainsi durant un moment. Aurore soulageait ses émotions tandis que je lui murmurais des paroles réconfortantes, ce que moi je voyais en elle. Au bout d'un certain temps, ses larmes se tarirent et je réussis à la faire sourire. Sans nous en être rendues compte, le déjeuner était déjà passé alors je lui proposais de se reposer pendant que j'irais cherché de quoi grignoter. Hélène, qui aidait en cuisine, vint m'accueillir avec chaleur. Elle arrêta de pétrir son pain et m'emmena au travers de cuisines, emportant couverts, sandwichs, eau....avant de les mettre dans un grand panier. Une fois ce dernier plein, elle me le mit dans les mains et referma la porte à peine après que je l'eus remercié. Lorsque j'arrivais dans la chambre d'Aurore, je m'aperçus qu'elle dormait, roulée en boule comme un chaton. Un sourire naquit sur mes lèvres et je remontais la couverture sur elle. Depuis quand avait-elle tant grandi ? Je la voyais encore courir après Théo et moi pour venir faire les quatre cents coups. Je m'assis sur le bord du lit et commençais à lui caresser les cheveux. Aurore ne broncha pas et mais se rapprocha un peu de moi. Ce geste m'arracha un nouveau sourire. On dirait son frère, logeant sa tête dans ma main afin que je caresse sa chevelure. Je continuais jusqu'à ce que j'ouvre les yeux, me rendant compte que je voyais le matelas de près. J'avais dû m'assoupir. Secouant la tête, je me relevais et me dirigeais vers ma chambre. À peine arrivée, j'eus soudainement envie d'un bain. Contrairement à chez moi, il y avait beaucoup de choix pour la senteur. Sans réellement faire attention, je mis un liquide dans l'eau et une merveilleuse odeur de rose envahit la salle de bain. J'enlevais en toute hâte mes vêtements et rentrais dans l'eau délicieusement chaude. Un soupir m'échappa et je frissonnais de bonheur. Que c'était agréable ! Il ne manquait plus qu'un bon livre ou un peu de compagnie....Je plongeais la tête sous l'eau pour empêcher mes pensées de prendre un tel chemin. Je restais dans l'eau durant une heure, profitant de ce temps libre. Encore dans l'euphorie de ma baignade, je sortis de la salle de bain, en serviette, mes cheveux humides pendants dans mon dos. L'esprit occupé par mes pensées, je me dirigeais vers le miroir et les yeux fermés, je commençais à me brosser les cheveux, qui au vu de la quantité de nœuds, en avaient bien besoin. Au bout de quelques minutes, je reposais ma brosse et ouvrit les yeux. Yeux qui se fixèrent aussitôt sur la silhouette nonchalamment adossé au chambranle de la porte.

- Et bien...quelle magnifique vision !, déclara Théo en plongeant son regard dans le mien.

Le Prince Sans CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant