Je suis tremblant, exténué mais sans l'ombre d'une goutte de transpiration. La douche déverse depuis tout à l'heure une eau tiède qui a été une merveilleuse partenaire. Evan est appuyé contre le mur, face à moi, aussi affaibli.
« Tu n'es pas prétentieux, je retire ce que j'ai dit... C'était...
— C'est ta faute, tu as tout fait pour que ça arrive, rigolai-je en me séchant.
— Évidemment, j'avais déjà mon petit plan en tête...
— La cravate, les sous-vêtements, le pendentif... Je veux que tu le gardes en permanence désormais.
— Seulement si tu me donnes une serviette ».
Je quitte Evan pour que nous nous remettions de nos émotions et pour que je m'attèle aux cocktails sans alcool que j'avais envie de nous préparer. Il descend à moitié nu et va chercher des affaires dans la chambre pour me revenir habillé d'un polo et d'un chino. Il s'est logiquement changé.
« Je ne sais pas toi, mais je suis souvent plus fatigué après une telle posture que lorsque c'est l'inverse.
— Tu m'épuises dans tous les cas, tu sais...
— J'espère qu'on parle toujours du même sujet, rit-il.
— Je te laisse décider. Et si tu n'es pas d'accord avec moi, tu peux toujours me montrer que tu as raison...
— Je vois clair dans ton jeu, Enzo...
— Je ne cherchais pas à le cacher... »
Je n'y peux rien si sa présence suffit à m'exciter, même après une première. Pendant que je continue mes préparatifs, il se glisse derrière moi, passe ses mains sur mon torse, me serre et m'embrasse dans la nuque.
« Je crois bon de dîner avant de revenir à d'autres activités, me chuchote-t-il.
— Tu as raison. Chaque nourriture à sa place. Installe-toi ».
Je sors du réfrigérateur ses achats et nous nous installons sur la table, face à face. Il a remis son pendentif ainsi que son diamant. Pas moi...
« Tu ne m'as jamais parlé de la signification de ton épée.
— Tout simplement parce qu'il n'y en a pas... Quand je l'ai vue en vitrine, j'ai juste immédiatement su qu'il me la fallait.
— Même pas une petite interprétation a posteriori, toi qui adores en faire ?
— Désolé Enzo, mais non. Le diamant lui est symbolique pour marquer le début d'une deuxième vie.
— Mon tigre a été offert par mes proches. J'ai toujours été attiré par les félins. Mais je ne me sentais pas à l'aise à l'idée de porter un lion.
— Pourquoi ?
— C'est toi le lion. Moi je ne suis pas encore à ta hauteur.
— Excuse-moi de remettre le sujet sur le tapis mais... Il y a trente minutes, là-haut, je ne suis pas convaincu que le plus sauvage de nous deux...
— Sans commentaire, éclatai-je de rire. Tu as parfaitement compris ce que je voulais dire.
— Précisément, tu commences à me connaître maintenant. Tu es le seul pont entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. Tu as remarqué la nette différence entre les deux. L'imperméabilité qui les structure. Si je suis à tes yeux un lion à l'université, ça ne veut pas dire que je le serai toujours par ailleurs. Et bien que tu ne sois encore qu'un félidé en apprentissage, un jour, tu seras au même niveau que moi. Professionnellement. Dans la vie privée, il n'y a que des balances temporaires ».
Evan déverse sa pensée en dégustant son riz vinaigré de manière si naturelle que j'ai l'impression qu'il a préparé à l'avance chacun des sujets de conversation possibles. En dépit de ce qu'il affirme, je ne suis pas comme lui, pas aussi à l'aise, pas aussi vif. Mais j'aime lui tenir tête, c'est vrai. Sans doute est-ce pour cela qu'il nous compare.
« En somme, tu as une épée ensanglantée sans qu'elle n'ait jamais servie, me moquai-je.
— Détrompe-toi... S'il n'y a que deux gouttes sur l'épée, c'est parce que je suis précis et efficace. Pour filer ta métaphore, je suis tapi dans l'ombre sans rugir.
— Tu rugis pourtant amplement, en cours, en congrès, dans ma salle de bains.
— Si je comprends bien, pour te montrer que j'ai raison, je vais devoir te faire tout autant rugir.
— Tu as la nuit pour ça. Si tu y parviens, j'accepterai que tu me compares à un futur lion.
— Non seulement tu sais que je vais réussir, mais, quoi qu'il arrive, tant que tu seras mon étudiant, tu n'échapperas pas à cette comparaison. Un jour, si tu le veux, tu pourras être à ma place ».
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Ultime évanescence (BxB)
RomanceA Aix-en-Provence, la justice et le droit règnent en maîtres. Travailler ou étudier dans cette ville est un privilège que de rares chanceux connaissent. Que se passe-t-il quand, à cet honneur, s'ajoutent des rencontres imprévues et faisant vaciller...