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Jeudi, 25 Novembre.

PDV LORENZO

     Ça doit faire plus de cinq heures que je suis dans la forêt. Il est 14h et j'avais dit rentrer à 13h. Mais il faut franchement que je garde mes distance avec Énora. Pourquoi ? Parce que j'ai peur. Peur que mon loup et moi ne cédions à nos pulsions. Peur qu'on ne lui fasse du mal malgré nous.

     Et pour ça, il faut que je reste éloigné. Même si ça doit me faire mal. La priorité, c'est sa sécurité. J'exagère peut-être, mais à cause de cette pleine lune en particulier, je perds le contrôle petit à petit.

PDV ÉNORA

     Je rentre dans le salon, et m'assois sur le canapé, inquiète. Il est 14h passé et Lorenzo n'est toujours pas rentré. Pourtant, il est toujours ponctuel. Je me demande bien ce qu'il a. Il me dit de ne pas m'inquiéter, mais comment suis-je sensée faire ça? Nous sommes âmes sœurs et j'arrive à percevoir le trouble qu'il a. Il sait qu'il peut m'en parler, mais il refuse de le faire.

     Je commence à croire qu'il ne me fait pas confiance.

     Cette possibilité me blesse beaucoup. Pour me changer les idées, je décide d'appeler Sylvie. Elle m'a laissé son numéro de téléphone un peu après mon arrivée. Alors, je prends mon portable, que je n'ai pas touché depuis plusieurs jours, et compose le numéro de Sylvie.

Sylvie : oui? Allô?

Moi : Sylvie, c'est Énora.

Sylvie : ah! C'est comment? Qu'est-ce qu'il y a? Tu ne te sens pas bien?

Moi : c'est pas ça. En fait... Je voudrais d'abord m'excuser de t'importuner pour quelque chose de pareille et ensuite, je voulais savoir : ça fait quoi d'être mère?

PDV SYLVIE

     Sa question m'étonne un peu, mais j'y réponds quand même.

Moi : eh bien, quand tu es mère, tu ressens une très grande joie. Et même avant. Quand tu apprends que tu es enceinte, tu es d'abord nerveuse et tu appréhendes tout. Ensuite, avec l'aide de ton conjoint et du temps, tu prends plus confiance en toi. Pendant la grossesse, parler à celui qui grandit dans ton ventre t'aide à t'apaiser. Ressentir les premiers coups de pied que donne ton enfant te montre et te rassure qu'il va bien, et enfin, à la naissance, le tenir dans tes bras est la plus belle chose qui puisse t'arriver.

Énora : ça a l'air d'être fantastique...

Moi : ça l'est. C'est cela que j'ai ressenti avec Lorenzo. Pourquoi m'as-tu posé cette question?

Énora : je me la posais juste quand j'étais avec les louveteaux.

Moi : c'est bien. Un premier contact entre la Luna et les loups de la meute est important. Mais bon, revenons au principal sujet. Tu prévois déjà d'avoir des enfants?

Énora : p-pardon? Mais non! Enfin... Je ne sais pas. Lorenzo doit donner son avis sur la chose lui aussi.

Moi : je suis sûre qu'il serait heureux si tu abordes le sujet.

Énora : j-j'y réfléchirai. Merci Sylvie.

Moi : c'est normal ma belle. Allez, on se voit ce soir, d'accord?

Énora : o-oui. À ce soir.

     Je raccroche, et entends Harris dire :

Harris : j'aurais bientôt des petits enfants ?

Moi : qui sait? Peut-être.

***

PDV ÉNORA

     Il est dix-neuf heures, et Lorenzo n'est toujours pas de retour. Je l'ai déjà chercher dans une partie de la forêt, mais rien.

     J'entends la porte s'ouvrir et croyant que c'est Lorenzo, je me lève en me tournant. Mais malheureusement, ce n'est pas lui.

Moi : bon retour Harris et Sylvie.

Harris : hm? Tu sembles préoccupée.

     Je baisse la tête, et me retourne en me laissant tomber sur le canapé.

Moi : Lorenzo... Il n'est toujours pas rentré, et je m'inquiète pour lui. Je l'ai déjà cherché dans la forêt, mais rien. Il n'est nulle part.

     Je sens une main sur mon épaule droite, et Sylvie me dit :

Sylvie : il s'est peut-être transformé en loup et compte rentrer un peu tard. Ne t'inquiète pas pour lui, il va bien. Si ce n'était pas le cas, tu le sentirais, pas vrai?

     Je hoche la tête, et essuie les larmes aux coins de mes yeux.

Moi : tu as raison. Merci Sylvie.

Harris : qu'est-ce qu'il y a de bon au menu ce soir?

Moi : petit pain de homard du Maine, le new england clam chowder et en dessert, du chocolate fudge cake.

Sylvie : je t'aide. Allez, en cuisine.

     Je rigole, et nous allons dans la cuisine pour préparer à manger.

***

     Il est vingt-deux heures, et je suis assise sur un canapé dans le salon avec l'album photo de la famille Roussel entre les mains.

     Lorenzo était adorable en louveteau! Et même quand il était sous forme humaine.

     J'aime surtout la photo sur laquelle il est sur les épaules de son père, et tenant la main de sa mère. Et celle où il était sur les genoux de sa mère, dans un des parcs de Miami, je crois. Et il y en a tellement d'autres aussi...

     La porte s'ouvre, et je me lève en déposant l'album sur la table. Je me retourne et vois Loren' refermer la porte à clé derrière lui.

Moi : tu es enfin rentré.

     Il se tourne vers moi, et s'excuse d'être rentré si tard. Il se dirige vers les escaliers et, prise d'inquiétude, je demande :

Moi : tu ne manges pas? Ou as-tu chassé en forêt?

Lorenzo : je n'ai pas faim, merci. En passant, je retourne dans ma chambre.

Moi : pourquoi? Ai-je fait quelque chose de mal?

Lorenzo : ce n'est pas toi, Énora. C'est moi.

Moi : que veux-tu dire par là?

     Il ne me réponds pas, et monte les marches.

Moi : Lorenzo... Qu'est-ce qui t'arrive?

     Les larmes que je retiens menacent de plus en plus de couler. Mon cœur me serre, et ma gorge commence à devenir douloureuse.

     Je me rassois sur le canapé, et essaie de prendre des bouffées d'air pour me calmer.

     Je ne comprends vraiment pas pourquoi il est comme ça. Ce matin, tout allait bien. Mais maintenant, on dirait que quelque chose de très grave s'est passé pour le changer ainsi. Mais quoi? Quelle idée lui est passé par la tête?

     Les larmes remontant à mes yeux, je me dis intérieurement :

     Je ne reconnais plus le Lorenzo joyeux, sérieux et entreprenant dont je suis follement tombée amoureuse.

Âme Sœur : L'Alpha Et La Légende. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant