Jeudi, 11 Décembre.
PDV ÉNORA
Je me réveille sans la joie habituelle comme depuis deux semaines maintenant. Deux longues semaines durant lesquelles Lorenzo ne fait que m'éviter, ce qui me fait de plus en plus mal. Trois jours avant le bal en mon honneur, j'ai demandé à Harris de l'annuler. Heureusement, il n'avait pas encore annoncé la nouvelle du bal au village, et il n'y a donc eu aucun problème. Mais Sylvie m'a demandé pourquoi je voulais l'annuler, et je lui ai tout dit. Michelle, qui était au courant, a été très déçue par la nouvelle. J'ai eu mal pour elle sur le moment, mais elle me comprend.
Du matin au soir, Lorenzo reste à l'extérieur, dans la forêt. Jamais à la maison. Les soirs, il ne dort plus avec moi comme il en avait l'habitude. J'ai constamment une douleur au cœur. Raison pour laquelle je ne sors presque plus de ma chambre. J'ai un peu maigri. Juste un peu, hein! C'est Sylvie qui me force à manger. Sinon, je ressemblerais à un cadavre.
Je me lève, et vais dans la salle bains. Je fais couler de l'eau, et en attendant que la baignoire ne remplissent, je me brosse les dents, et me déshabille. J'entre plus tard dans l'eau, et soupire d'aise en sentant l'eau chaude entrer en contact avec ma peau.
J'aurais préféré sentir Lorenzo contre moi.
Chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde, je pense à lui. Je n'arrive pas à le sortir de ma tête.
La pleine lune est dans exactement six jours. Je me demande comment ça se passe. Après tout, je n'ai jamais participé à ce genre de chose. Mais j'imagine que ça doit être vraiment beau à voir.
Après un temps indéterminé dans l'eau, je ressors et me sèche à l'aide d'une serviette. Je sors ensuite pour m'habiller d'un jean bleu clair, d'un top noir, d'un pull-over gris et d'une paire de basket blanche. J'attache mes cheveux en chignon avant de sortir de la chambre et de descendre dans le salon. Je vais ensuite à la cuisine, et prend une pomme et un verre de jus de fruit comme petit déjeuner.
Tout est fade... Même ma vie l'est sans lui.
J'ai cette impression que ça ne sert à rien de vivre. Surtout si c'est sans lui.
Et puis... J'en ai marre! Je veux qu'on parle dès son retour. En essayant de tuer le temps, je me balade un peu dans le village. Je ne rentre que vers les alentours de dix-neuf heures, et trouve Harris et Sylvie à la maison.
Moi : bonsoir.
Harris : bonsoir ma fille.
Sylvie : salut ma belle. Ça va?
Moi : un peu, on va dire.
Elle me sourit, peinée pour moi, mais je lui offre un sourire rassurant avant de monter dans la chambre. Je me jette sur mon lit, et attends le retour de Lorenzo avec beaucoup de mal. Mais lorsque j'entends des pas claquer contre le plancher, je me lève. J'ouvre ma porte, sors et la referme. Il vient juste d'entrer dans sa chambre, je présume.
Je toque à la porte, et après avoir eu la permission d'entrer, j'ouvre la porte et fais deux pas à l'intérieur.
Moi : il faut qu'on parle, Lorenzo.
En me voyant, il se mord la lèvre inférieure, ce que je trouve très sexy et... Stop! Ce n'est pas pour l'admirer que je suis ici!
Lorenzo : écoute Énora...
Moi : maintenant c'est Énora? Plus de petits surnoms affectifs?
Il détourne le regard.
Moi : qu'est-ce que j'ai fait, Loren'?
Lorenzo : je t'ai déjà dit que ce n'était pas de ta faute.
Moi : c'est de la faute de qui, alors? Pourquoi est-ce que tu m'évites comme la peste depuis deux semaines? Pourquoi est-ce que tu ne viens plus dormir avec moi comme tu le faisais avant? Pourquoi tu ne me parles plus par télépathie comme avant? Pourquoi tu ne te montres plus si attentionné... Comme avant?
J'ai la gorge nouée maintenant, et les larmes qui menacent de couler.
Super...
Moi : pourquoi n'es-tu plus le Lorenzo que j'ai tant aimé et que j'aime toujours?
Il ne répond pas.
Moi : pourquoi ne veux-tu pas me raconter ton passé? Tu ne me fais pas assez confiance? Tu ne m'aimes plus?
Lorenzo : bien sûr que je t'aime. C'est juste que....
Il marque un temps d'arrêt.
Moi : c'est juste que quoi? Parce que ton passé a été douloureux que tu ne veux pas m'en parler? Tu crois que le tien a été plus douloureux que le mien? Toi, tu as eu la chance d'avoir deux parents à tes côtés. Une enfance merveilleuse. Moi, je n'ai jamais connu ma véritable mère, pour la seule et unique raison qu'elle est morte à ma naissance. Je fais des rêves où je la vois partout, avec un homme qui s'avère être mon père. J'ai vécu pendant dix-sept ans, avec des inconnus! Des inconnus qui me traitaient comme une esclave, comme un déchet, comme une moins que rien, tout ça parce que je n'étais pas la fille d'un homme qui croyait que je l'étais. J'ai toujours rêvé de trouver des gens qui m'aimeraient, et à qui je pourrais donner de l'amour en retour. Tu as été le premier... Le tout premier à avoir pris mon cœur. Mais aussi le premier à l'avoir déchiré. Tu t'es déjà demandé ce que je ressentais à cause de ce fossé que tu as créé entre nous? T'es-tu déjà demandé si j'allais bien? As-tu même pensé à moi? Non! Bien sûr que non! Moi, j'ai passé mes journées à pleurer et à souhaiter que tout redevienne comme avant. J'ai passé mes journées à prier pour que rien ne t'arrive! Je me suis toujours demandé ce que tu ressentais. Si tu te nourrissais correctement, et si tu t'entretenais. J'ai passé mes journées à penser à toi...
Lorenzo : tu crois que ça a été facile pour moi de rester éloigné de toi?
Moi : pourquoi m'avoir évitée dans ce cas?!
Lorenzo : bordel, c'était pour ta sécurité! Qu'est-ce que tu ne peux pas comprendre là-dedans ?!
Je me fige, et lui aussi. Je suis surprise, et lui aussi. Il ne m'avait jamais crié dessus avant.
Je baisse la tête, et laisse couler mes larmes.
Lorenzo : Énora...
Moi : ma sécurité hein? J'aurais préféré qu'un autre me fasse du mal plutôt que toi.
Je sors de sa chambre en courant, et descends les marches quatre par quatre. Je traverse rapidement le salon et sors, ne me préoccupant pas de ses appels.
J'arrive devant la maison de Michelle, et toque. Celle-ci, comme si elle m'attendait, ouvre immédiatement la porte.
Michelle : qu'est-ce qu'il y a, Énora? Tu vas bien?
Moi : j'en peux plus...
Je me jette dans ses bras, en pleurant toutes les larmes de mon corps.
Il fallait que ça sorte. Je ne pouvais plus supporter tout ça.
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Âme Sœur : L'Alpha Et La Légende.
ParanormalQuand on a des parents qui nous traitent comme des moins que rien, on peut facilement dire qu'on n'a pas la vie rose et on a tendance à vouloir se donner la mort, ou s'échapper, quitte à vivre dans la rue, avec ces dangers à l'extérieur. Et pourtant...