Chapitre 16 : Effroi à Scotland Yard (époque : 2022) (2/2)

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Scotland Yard, Londres.

Le commissaire Naghten conduit le Dr J. Stevens jusqu'à son bureau. Après réflexion, il lui propose de sortir, la pluie est fine ce matin. Un échange en extérieur coupera la sensation d'étouffement, ce que le psycho-criminologue ne peut qu'approuver, malgré son désamour pour l'eau qui tombe du ciel.

Heureusement pour lui, le commissaire ne soupçonne pas la gravité de son état. Il semble mal en point, certes, plus encore que d'habitude c'est certain. Mais depuis dix-huit mois, son état ne cesse de s'aggraver sans que quiconque n'en mesure le point.

Il rumine perpétuellement, toujours les mêmes interrogations : Comment se fait-il que le couturier, et donc R. Cowell le lady killer avec, ait ainsi disparu ?

Aucun autre crime n'a été signalé ? comment est-ce possible ? La marionnette était surement un message, mais lequel ? Ce geste signifie-t-il qu'il n'a plus besoin de son protecteur, que le néant aurait fonctionné ? Si le protecteur n'est plus, le persécuteur non plus ?...

Mais surtout... qu'est devenue Célia Notae ? ce qu'il a vu... il y repense, la Gardienne du néant a tenté de le protéger, pourquoi ?

Et ces images, ces images... dans le corps, la tête, ses envies violentes, rien ne se stoppe.

Les deux hommes restent face à face, calmement, l'un à vider son énième paquet de cigarettes, l'autre à contempler le ciel les mains dans les poches de son splendide costume.

J. Stevens comprend que le commissaire prenne ainsi le temps de la réflexion. Les humains de l'époque n'ont plus le temps de rien, alors qu'ils n'ont jamais vécu aussi longtemps.

Il a visiblement des éléments à lui transmettre, mais ces informations méritent une pause, une observation. Il faut avouer que les dernières journées, celle-ci comprise, furent particulièrement mouvementées.

- Dites-moi, Dr Stevens.

- Oui commissaire.

- Dans ces circonstances... commente-t-il toujours en regardant le ciel pluvieux. Enfin, habituellement, un psy ne chercherait-il pas à dire une banalité ?

- Du type ?

- Vous savez, une de ces futiles questions comme « comment vous sentez-vous » ?

- Mmm... surement, répond-il en fumant.

- Et donc ? d'une voix ferme, sobre, comme à son habitude.

- Donc, parfois, je préfère ne pas faire le psy, lâche-t-il en même temps que son mégot. Vous avez assez entendu de conneries ces derniers temps.

Le commissaire sourit discrètement.

- Je vous comprends mieux que vous ne le pensez.

- Vous comprenez quoi docteur ? s'étonne-t-il.

- Le besoin anglais de simplement prendre la pluie, évidemment, poursuit-il en regardant lui aussi le ciel, côté à côté. Quelle saloperie cette pluie que vous aimez tant, je ne m'y habituerai jamais !

- Hahaha, et vous Dr Stevens, vous êtes bien un Américain.

L'homme émet un nouveau rictus modéré, comme toujours, détendu par la remarque.

- Au moins, vous avez une manière bien à vous de l'être.

- Merci, commissaire Naghten.

- Dommage que vous deviez partir au moment où je commence justement à vous apprécier.

J. Stevens ne comprend pas la remarque qui, par son intonation masque une information qu'il ne détient pas. 


Aparté IV : L'incompréhension comme chose normale

L.M., Philologue et Sociologue.

Principal conseiller du chef de la famille.

(78e ère de la famille).

Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant