A Taste Of Eternity

Chapitre 47 : Auriane

En ce lendemain de fête, je me réveille doucement, accompagnée par les doux ronflements de ma meilleure amie. Allongée sur le dos, je jette un œil à Rosie, à mes côtés. La bouche ouverte, elle ronfle tellement fort que mes voisins doivent l'entendre et je ne peux m'empêcher de pouffer. Saisie d'une soudaine inspiration et parce que cette jeune fille a beaucoup trop de dossiers sur ma personne, j'attrape mon portable et enclenche le mode vidéo. Un sourire sadique aux lèvres, je la filme dans son sommeil, sous son meilleur jour et ensuite je lui envoie mon œuvre pour qu'elle sache que moi aussi, je détiens des choses compromettantes sur elle. Ma petite vengeance puérile terminée, je me lève de mon lit et laisse mon amie se reposer. Elle va se réveiller avec une sévère gueule de bois !

Je mets l'eau à chauffer pour mon thé avant d'aller ouvrir ma baie vitrée et d'observe la baie de Sydney. Je pousse un profond soupir de plaisir. Mon appartement m'avait manqué, tout comme cette vue et l'effervescence de ma ville même si j'ai adoré Milan. Ses églises, ses cathédrales, ses châteaux, ses musées, tout y est magnifique, comme sorti d'une autre époque. Je suis contente que Rosie ait insisté pour que je visite tout ça, cependant il n'y a que chez moi, en Australie où je me sens bien, à ma place.

Mon sourire s'efface quand je pense à ma mission du jour : aller parler à Madeleine. Je laisse la baie vitrée ouverte, malgré la fraîcheur du vent et me prépare mon thé avant de m'asseoir. Je sais que je dois aller la confronter, que je dois lui dire ce que je ressens, ce que j'ai sur le cœur pour pouvoir avancer et laisser cette femme dans le passé. On a toujours eu du mal à se comprendre mais je pensais que malgré nos différences, on avait un amour sincère l'une pour l'autre. Du moins, c'était mon cas et ce qu'Hugh m'a révélé m'a brisé le cœur. Mais je ne lui donnerai certainement pas le plaisir de lui montrer à quel point ses paroles ignobles m'ont touché, blessé. Aujourd'hui sera la dernière fois que j'adresse la parole à Madeleine Butcher.

J'appréhendais le mariage de mon frère car j'étais sûre de la voir, mais elle n'était pas là. Hugh et Paige ne l'avaient pas invité. Quand j'ai voulu savoir ce qui s'était passé, ni mon père, ni mes frères n'avaient voulu m'en faire part. Mais à la fin de la soirée, quand j'avais posé une nouvelle fois la question à papa, il m'avait tout dit. Hugh lui avait parlé, peu de temps avant que je ne revienne et lui avait raconté tout ce que sa mère avait dit et fait ses dernières années. Notre père, bien que blessé, n'avait pas voulu continuer à être marié à une femme pareille. Il a demandé le divorce. Je ferme les yeux en revoyant le regard triste et abattu de mon père. J'aurais aimé lui éviter cette souffrance, je sais qu'il aime Madeleine mais je sais aussi que tout lui raconter était la bonne chose à faire. Il a pris une décision en conséquence et mes frères et moi serons là pour l'épauler.

Mon portable vibre sur la table alors que j'avale une gorgée de ma boisson.

— Bonjour, papa. Déjà debout ?

— Et déjà au bureau ! s'exclame-t-il. La boîte ne tourne pas toute seule. Comment ça va ?

— Tu aurais pu prendre ta journée, je dis en levant les yeux au ciel. Moi, je vais bien et toi ? Que me vaut ton appel ?

— Ca va, ma puce. Je voulais savoir si tu voulais que je vienne avec toi voir ta... Madeleine. Tes frères et moi, on s'inquiète de ce qui pourrait se passer entre vous.

Je pousse un soupir.

— Je te remercie mais j'ai besoin de faire ça toute seule. Et dis à John de ne pas s'en faire et à Hugh de profiter de sa femme et de sa lune de miel au lieu de s'inquiéter pour rien.

— Je lui dirai, rit mon père. Mais si tu as besoin de moi, tu m'appelles, ok ?

— Mais oui, papa. Bonne journée, je t'embrasse.