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Les bars son toujours des lieux où se rassemblent les problèmes. Pauly le savait, et avait développé le réflexe de détester toute personne qui n'était pas un habitué du Blu Box. L'établissement était de toute façon trop miteux pour espérer amener de nouveaux clients, volontaires du moins. Pauly aimais beaucoup le Blu Box, pour plusieurs raisons. Déjà, la bière la plus légère tapais bien plus fort sur le crâne que les cocktails des autres bars de la ville et promettais à quiconque une cuite terrible après plus d'une pinte. Aussi, les serveuses étaient canons, et leurs uniformes blanc et bordeaux composés d'un chemisier, d'une jupe et de pas grand-chose d'autre étant taillés précisément pour permettre aux clients de se rincer l'œil. Privilège dont Pauly abusait, passant souvent plus de temps à contempler les formes des jeunes femmes. Certaines étaient même prêtes à passer la soirée avec lui en échange de généreux pourboires.

Et dernier avantage du Blu Box, les forces de l'ordre y était souvent les premières à foutre le boxon. Le commissaire local était d'ailleurs engagé dans une partie de poker endiablée avec Pauly quand l'étranger entra et s'assit directement au comptoir. Quelques pas à peine après son entrée les discussions de toute la salle se turent, laissant place au blues diffusé par le vieux jukebox trainant dans un coin. Plus vite encore que les autres qu'il avait déjà vu, Pauly le détesta. Il portait un costard noir, tenant sa veste sur son épaule et la main libre dans la poche. Des bretelles noires tenait son pantalon en place mais sa chemise n'était que partiellement rentrée dans son pantalon, et tout semblait trop large d'une ou deux tailles. D'habitude, les étrangers savaient en mettre pleins la vue, avec un vrai charisme et de vrais muscles, mais lui semblait être un pauvre employé de bureau débraillé. Ses cheveux châtains en bataille et sa cravate desserrée n'améliorait pas le portait. Pauly ne vit pas son visage, mais se dit qu'au moins il fumait, seul bon point selon lui. Une fois assis sur un tabouret, il ramena un cendrier d'un doigt afin d'y faire tomber sa cendre et adressa un signe au barman. Il portait des gants noirs aux deux mains, ce qui finit de dresser dans l'esprit de Pauly et de toute la clientèle le portait de l'étranger.

Une tapette en plus de ça, pensa Pauly, s'il sort sans se faire braquer c'est un putain de miracle.

Une fois le barman trapu en face de lui, l'étranger désigna une bouteille de rhum derrière lui et glissa un billet dans sa direction. Le barman, comme il le faisait à chaque fois qu'une gueule ne lui revenait pas, prit la bouteille de soda tiède sous le comptoir et en servi un grand verre à son client inconnu. Cela déclencha des ricanements dans la salle, chacun regardant plus ou moins directement le spectacle.

C'est alors que contre toute attente, l'étranger se mit à rire aussi.

Un gloussement discret mais bien audible, mais qui ressemblait à un grincement plus qu'à un vrai rire. La clientèle s'arrêta de rire, perturbée par la réaction inhabituelle de l'étranger. En règle générale, les nouveaux étaient soit honteux, soit énervés, soit simplement abasourdis. Le rire était une première

Et en plus il est fêlé, génial, se dit Pauly.

La chanson se termina, et tout le monde su que le silence régnerais encore un moment avant que le vieux jukebox réussisse à changer le disque. Arrivé à la fin de sa cigarette, il l'écrasa dans le cendrier d'un mouvement saccadé, gloussant encore quelques instants avant de se taire à nouveau. Il pivota sur son tabouret et croisa les jambes pour faire face à la salle. Ceux qui ne l'avaient pas déjà fais purent a lors constater que seul son œil gauche était posé sur eux, le droit étant quand à lui recouvert d'un cache-œil en cuir noir. Il portait une courte barbe, signe qu'il ne s'en occupait pas beaucoup plus que ses cheveux. Son iris sombre semblait autant les fusiller tous du regard qu'amusée par la situation. Il porta le goulot de la bouteille de rhum à sa bouche et en bu une longue gorgée tout en s'accoudant au bar. Il se plongea la main dans une poche de son pantalon et en sortit un paquet de cigarettes, en fit dépasser une d'un geste souple et l'attrapa entre ses lèvres. Il rangea son paquet, pris sa clope en main et en appuya l'extrémité sur sa langue. Il la fit pivoter et repris le côté filtre entre ses lèvres. Curieusement, sa cigarette était allumée. 

The plot to kill the (Grey) QueenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant