10 - Violette

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Je suis roulée en boule sur mon lit d'hôtel.
Franchement, je n'arrête pas de penser à mon père. Pourquoi fallait t'il qu'il revienne une semaine avant que je prenne mes 19 ans pour contrarier tout mes plans ? Non pas que je ne l'aime pas. Loin de là, au contraire. Car malgré ce qu'il m'a fait j'éprouve toujours un certain attachement. Même si c'est dur.
Mais, il a fait souffrir ma mère en partant sans un mot.

Son départ l'a contrainte à travailler d'autant plus dur et plus souvent pour continuer à payer notre maison. Dernier symbole, résidu, d'une famille soudée, comprehensive et aimante.

Ma mère s'est tuée à la tâche pour m'offrir une vie décente. Et je n'ai jamais réellement pu cesser de me demander ce qu'aurait été nos vies si il n'était jamais parti.
Ma mère irait mieux, déjà, et ensuite on n'aurait pas souffert à ce point. Pour moi, devenir connue avec mes chansons était une façon de prouver à mon père l'erreur qu'il avait commise en nous quittant. Mais avec le temps j'ai commencé à vouloir réaliser mes rêves pour moi et ma mère, et j'ai fini par oublier mes objectifs de base. J'ai enterrée ma douleur au plus profond de moi, j'ai sourit en étant brisée, j'ai pleuré en cachette, j'ai feint d'être heureuse sans lui. Et ça a marché ! Je l'ai enseveli, son souvenir, avec ma tristesse et mes sblessures pourtant toujours omni-presente, sous des souvenirs heureux avec ma mère, avec White. Mais voilà qu'il revient. Qu'il gâche une fois de plus mes efforts pour oublier ce qu'il nous as fait subir. Et je le vois avec White, en plus.
White en qui j'avais une confiance aveugle, que j'aimais profondément. Il avait sans aucun doutes ses raisons, parce que je sais qu'il déteste autant mon père que moi voir plus.
Et il donne un parfait exemple de la situation en tant qu'autre personne que mon père à fait souffrir inconsciemment et injustement. White à du me supporter des années durant, il était le seul à qui je confiais mes problèmes, mais j'ai l'impression qu'il à fini indirectement par être affecté, lui aussi, par mon malheur.
Je ne comprends pas, pourquoi maintenant ?

Je pleure et suis secouée de toute part.

Je me rappelle encore les blagues maladroites de White pour me réconforter, ses sourires qui ne le rassurait pas lui même, et sa gentillesse ! Si seulement les choses s'étaient déroulées différemment...
Si seulement je ne m'étais pas fâchée injustement contre lui. Et si seulement il ne m'en voulait pas comme il m'en veut sans doutes. Je suis juste égoïste de l'avoir entrainé dans mes histoires à la noix.

Comme j'avais plus de 700 € en poche issus de nombreuses années d'économies depuis mes 12 ans, payer l'hôtel à 80 € la nuit était dans mes moyens.
Je pris la tablette sur ma table de chevet, laissée là par le monsieur qui m'avait amenée a cette chambre, et commanda une bouteille d'alcool.
Je demanda aussi un verre dans ma commande parce que ce n'est pas forcément le premier truc que l'on pense à emmener en fuguant.
La bouteille et le verre en question arrivèrent assez vite.
Je me leva pour les réceptionner à l'entrée et remercia le serveur avant qu'il ne prenne congé.

Ce n'est pas comme si je buvais pour la première fois, donc ça passe encore.
Je m'assis sur le lit avant de me servir un verre et de le boire cul sec. Tant qu'à payer, autant profiter.

Et Soane, mon dieu, j'ai été idiote de penser que ça passerait. Il est gentil, là n'est pas le problème, mais je ne sais pas... Il fait des trucs illégaux. Trop.

Je me sers un autre verre que je bois aussi vite que le premier.

Franchement le passage à l'âge adulte, ce n'est pas dingue du tout. On perds tout ou presque.
Enfin, je, perds tout.
En primaire j'avais une amie, par exemple, elle était gentille et je tenais vraiment à elle mais tenir à notre amitié n'a pas suffi.
Bon, j'avais toujours White, mais elle me manquait quand même vraiment. Et il se trouve qu'elle avait une assez drôle d'habitude : quand elle étais stressée, ou inquiète, elle entortillais ses cheveux bruns autour de ses doigt. Je le sais parce qu'elle l'a aussi fait quand on s'est dit à bientôt à la fin de la primaire, on ne s'est jamais reparlé après. Mais ce n'est pas là où je veux en venir. Ce que je veux dire c'est que j'ai reprise cette habitude, j'ai tendance à le faire quand je suis inquiète sans m'en rendre compte. Pour moi, je crois que c'était une manière de ne pas tout oublier, de garder un peu de ses habitudes avec moi, au moins. Et c'est comme ça. Au fil du temps j'ai développé plus de 5 nouvelles autre habitudes. Une par personne qui me laissait. Franchement, je sais que ce n'est pas top, mais bon.
Pareil, quand ma mère a commencé à remettre en question mes rêves, leurs côtés inaccessibles et le fait que je devais plus me concentrer sur la vraie vie, elle avait sans doute un peu raison, mais toujours est-il que j'ai encore développé une habitude. Celle-ci était différente, elle à affecté mon caractère directement. Dès que des gens, qui qu'ils soient, me reprochait des choses et que j'étais un tant soit peu fragile, j'avais mal. Pas physiquement mais mentalement. Mentalement parce que toutes les choses que l'ont m'avaient dites, par le passé, me revenaient, et me reviennent toujours, d'un coup. Et j'ai du mal à respirer.
Je fais des sortes de crises de paniques et je suis très mal dans ces moments. C'est pour ça que j'évite de rester seule avec des personnes susceptibles de me blesser.
Je déteste ça.
Je déteste être une source de problèmes, quels qu'ils soient.
Et je déteste inquiéter les gens que j'aiment avec mes soucis.
Je suis un vrai fardeau.
Mais qu'est ce que je pourrais bien y faire ?

Je bois encore un peu, cette fois au goulot directement.

Et puis, le concours.
Est ce que j'ai au moins une seule chance d'y participer maintenant ? Mon père est un fou du contrôle et il ne voudra sûrement pas. Mais depuis quand je m'en remet à son avis, au juste ? Ha... C'est cette situation qui me rends folle, voilà tout. Non pas qu'il n'essaieras pas de me récupérer, ça c'est presque sûr, mais simplement : combien de temps restera t'il avant de repartir ?
Avec ma mère c'est probablement super tendu. Je sais que c'est seulement quand il est parti qu'elle à réussi à prendre le plein contrôle de sa vie, car il voulait la contrôler elle aussi.
Il voulait manipuler tout le monde ! Mais aujourd'hui, ça ne prendra plus sur personne.

Je bois une fois de plus, bientôt la bouteille sera vide, simple constatation.

Remarque, ce qui m'étonne vraiment, c'est que je parvienne toujours à réfléchir à peu près clairement malgré la quantité que j'ai déjà ingurgité.
Mais, maintenant que j'y réfléchi vraiment, comment mon père compte t'il rester durablement ? En se retrouvant un travail ici ?
Non, c'est quasiment impossible.
Pas avec ses qualifications ou même son passé.
Il était un peu alcoolique sur les bords, ne savait pas grand chose. Et par dessus tout, aucun de nos voisins assez bien placé dans le business, n'est ignorant de ce qu'ils nous as fait à maman et moi.
Et comme les bruits vont vite, peu de gens en général ne savent pas, qui qu'ils soient.
Ce serait presque un déshonneur pour ces gens d'engager quelqu'un de la trempe de mon père, quelqu'un capable d'abandonner sa femme avec un métier bancal et sa toute jeune fille.
Donc je suis assez curieuse de voir comment il va faire.
Dans tout les cas je rentre chez moi demain.
Mais là encore, ce n'est pas parce que je rentrerai que je renoncerais à mes droits pour autant.
Le week-end va être fini demain de toute façon, et je suis en état d'aller en cours. Je n'ai toujours pas envie travailler mais je n'ai plus envie de voir mon père alors le choix n'est pas bien difficile.

Comme j'ai bu plus de la moitié de la bouteille je préfére la poser sur la table de chevet. Je n'ai quand même pas envie d'aller à l'hôpital !
Je baille à m'en décrocher la mâchoire. Un peu de sommeil me ferait le plus grand bien !
Je prends une bouteille d'eau, elle incluse dans le programme de la chambre, et me sers un verre d'eau.
J'espère que grâce à ça j'aurais moins mal à la tête !
Je soupire puis me couche dans le lit, confortablement cette fois. Je m'endort donc sans trop de difficultés malgré mes noires pensées.

Toi, Moi ; Nous. (Moi Violette/ Moi White)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant