Rêve N°1: Roméo et Juliette

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Il avait stupidement oublié, qu'il y avait des frontières à ne pas franchir, à ne surtout pas dépasser.

Oui mais... Bon, il était excusable. Il avait faim!! Et son espoir de diner venait de s'envoler là,  sous ses yeux...

Pour venir se réfugier dans les bras d'une... Fille!

C'était pire que tout!

Et lui, était un "homme" mort, par conséquent...

Mais tant pis, ce ragout de lapin, promit par Marin-San, si il arrivait à prendre son principal composant, pas de soucis, il l'aurait dans l'assiette. Alors "fille" ou pas, peu importe, son bout de gras, il allait le défendre!

Sauf, qu'il remarqua le poignet meurtrie... Et il en fut ému. Et qu'il en oublia complétement la stupide loi du masque... Le lapin lui sortit de l'esprit également.

L'esprit déjà chevaleresque, il ne pouvait laisser ainsi, une jeune fille. Même si il était jeune, il avait une conscience. Et sa conscience, elle se nommait Marin-San... Si par hasard, elle apprenait les faits, il risquerait gros.

Entre un diner ou porter secours... Le coeur de Seiya n'hésita pas. Ce serait le secours.

La jeune fille se trouva prise au dépourvu, quand d'un coup de dent, il déchira un bout de sa modeste tunique, pour lui en faire un bandage de fortune...

Ce garçon avait-il conscience du danger, qu'il courrait? Et si jamais quelqu'un passant par là, les surprenaient? Cela en serait fini d'eux!

Ce n'était visiblement pas le cas... Personne à l'horizon. Seulement, lui et elle, un petit lapin blanc seulement les observait, le museau frémissant.

Il lui parlait gentiment, tout en faisant ce bandage de fortune, la mettant dans un embarras des plus vifs. Mais, comme elle se sentit bien et vite en confiance, son poignet dans les mains fortes et douces de ce jeune garçon, dont elle n'entendait que le timbre espiègle et chaleureux, lui dire des mots de réconforts.

Le rire, son rire à lui, quand il eut fini et que d'une pirouette, il s'en alla. La laissant là, agenouillée et frissonnante d'une découverte. Celle de la chaleur humaine, de la douceur que l'on pouvait éprouver pour autrui...

Tenant son membre blessé, elle le regarda s'en aller, elle lança son bras valide, dans un geste pour le retenir, le garçon ne le vit pas, il était déjà trop loin... Elle était sortit de cet émerveillement, bien trop tard.

Le petit lapin s'approcha d'elle, la renifla à nouveau. La jeune fille lui adressa un petit sourire. Avec résignation, elle se leva, remit son masque en place et rejoignit ses camarades dans leur baraquements. Bien songeuse et très inquiète.

Pendant que lui, arriva les mains vides et pour diner, dut se contenter d'un plat rustique sans apport de précieuse protéines, dont il eut un cour magistrale, pendant qu'il engloutissait cependant sa gamelle.

Seiya écoutait d'une oreille distraite, ne regrettant rien de son acte. Il avait bien agit. Il en était convaincu.

Shaina, elle, avant de s'endormir, se plongea dans la lecture d'un volume de William Shakespeare, une pièce de théâtre nommée par l'auteur: Roméo et Juliette.

La petite jeune fille en connaissait certain passages par-coeur... Elle s'endormit, une main sur le bandage fait par celui qu'elle devait cacher dans son coeur, son front sur les pages ouvertes du livre. Seiya était devenu son Roméo et elle n'avait guère d'espoir de devenir un jour sa Juliette...

Au fond, se dit-elle sombrant, définitivement, dans les bras de Morphée, cela n'était pas plus mal, quand on connaissait leur fin tragique... Il lui suffisait bien d'être déjà, dans l'obligation, de devoir le tuer ou l'aimer... Un jour ou l'autre.


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Quelques années plus tard, dans l'avion le ramenant au Japon, Seiya feuilletait le même ouvrage, acquis par curiosité à l'aéroport d'Athènes...

Sans avoir fait de lui, un érudit, Marin-San c'était bien débrouillée, pour lui offrir un minimum de compréhension des sentiments humains.

L'histoire le saisissait, le captivait. Shakespeare l'avait maintenu éveillé, sa jeune conscience prenait en compte subitement, toute la puissance de certains sentiments, notamment un. L'amour!

Il repensa à cette jeune fille... A ses grands yeux, candides et presque paniqués quand il lui avait simplement bandé le poignet, n'avait-il pas là déjà vu, le plus joli regard du monde? Il était presque certain, après son combat idiot contre Shaina, d'avoir déjà croisé ce regard... Mais c'était flou et si lointain.

L'hôtesse de l'air, annonça l'arrivée sur Tokyo, il boucla stoïquement sa ceinture. Et jetant un regard à la couverture du livre, il en tira la conclusion que la fin était trop stupide pour lui.

Quand l'avion fut posé et que Seiya en sortit, le volume resta sur son siège...

Le jeune homme n'avait, finalement, pas du tout aimé, c'était aussi rédhibitoire, que le fait de ne pas obtenir ce qu'il venait cherchait sur le sol du Japon.

Pour lui, un amour, se devait de finir bien.

Non dans les larmes...

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