Aventure d'une olympienne

Chapitre 01

Paulh se rendait d'un pas traînant jusqu'à la chambre de la jeune femme. On le lui avait ordonné et en tant que serviteur, il se devait d'obéir. La raison pour laquelle il était obligé d'aller la déranger ? Il n'en savait rien. Il devait se contenter d'obéir aux ordres sans poser de questions. Si personne ne lui avait donné plus de détails, c'est qu'il n'était pas nécessaire qu'il en sache d'avantage et cela allait parfaitement au satyre.

En revanche, il avait vu, un peu plus tôt, la jeune femme qu'il s'apprêtait à déranger se diriger vers sa chambre en compagnie d'un beau soldat. Et, compte tenu des regards langoureux qu'ils se lançaient, ils n'allaient sûrement pas se contenter d'un simple baiser inoffensif. Encore une fois, Paulh allait devoir déranger la jeune femme alors qu'elle s'apprêtait à se donner au plaisir de la chair.

Au cours de sa carrière, le satyre n'avait jamais eu affaire à une famille aussi relâchée que celle des Péseithéos. Aux services des grandes familles d'Eldarya depuis sa tendre enfance, il avait commencé par travailler auprès d'une riche famille d'Elfe des bois avec ses parents. Quand vint l'âge de son indépendance, il demanda à partir dans les terres de Jade, un lieu réputé pour sa tranquillité. Mais, là-bas, travailler pour servir les autres n'était pas bien vu. Un vieux Kappas l'avait, peut-être par pitié, pris à son service, mais puisqu'il n'était jamais sollicité, le satyre s'était ennuyé. Ce fut au cours d'une visite du seigneur d'Aeruisce, Araxes Péseithéos, que son destin changea. Alors qu'il rentrait dans la hutte de son maître, le gentilhomme remarqua le chèvre-pieds assis dans un coin, un livre à la main et bougon. Le maître de ce dernier expliqua à son prestigieux invité qui il était.

- Paulh ne vit que pour servir. Je tente bien de lui faire comprendre qu'il peut aussi servir les autres sans en faire un métier mais simplement par bonté d'âme. Il est cependant très borné. Je garde espoir qu'il trouvera un jour une autre vocation que la servitude »

Le satyre n'avait pas voulu répliquer, mais il n'en pensait pas moins. Sa famille servait les autres depuis des générations. Il ne savait faire que ça et refusait de faire autre chose. Peut-être que le noble homme l'avait compris mais s'était tût pour ne pas paraître impoli. Quoiqu'il en soit, lorsqu'il eut fini ses affaires sur les terres de Jades, il revint chez le vieux Kappa avec une proposition.

Ils manquaient de serviteur à Aeruisce. Après que Paulh eut rapidement expliqué ce qu'il avait fait aux cours de ses précédentes années de services, Araxes pensa qu'il pouvait être à la hauteur de la tâche qui l'attendait. Il semblait discret, fidèle et sérieux. Alors, quand il proposa au satyre de le rejoindre sur sa frégate pour le départ, ce dernier n'hésita pas un seul instant et son maître ne s'opposa pas à son enthousiasme. Le vieux Kappa le laissa faire ses affaires, lui souhaitant du bonheur, de la prospérité et de la chance avant de le laisser partir.

Ce fut depuis ce jour où il posa ses sabots sur la frégate royale, que Paulh entra au service de la noble famille. Rapidement, il apprit qui ils étaient. Descendants des Divinités Grecques, ils avaient trouvé refuge à Eldarya pour y construire un nouvel avenir, bien loin du monde humain. Araxes et Cassandres, le seigneur et la dame d'Aeruisce, eurent trois enfants : deux filles, Chryséis, l'ainée et future ambassadrice d'Eldarya auprès des Enfers, et Cayline, la benjamine et entre elles, un fils du nom d'Altès. Si Chryséis brillait par sa belle sagesse, les deux derniers en revanche, ne manquaient pas de fougue. Altès, dont le trône lui reviendrait un jour, était un bel homme fier au torse constamment gonflé. Si son agressivité se calmait souvent en présence de sa sœur ainée ou de ses parents, elle empirait souvent en présence de Cayline pour qui il ressentait une haine incommensurable et inexplicable. Un sentiment qui avait fini par être partagé par sa petite sœur, fatiguée de vouloir entrer dans ses bonnes grâces. Dernière-née de la famille, dont le rôle n'était pas encore défini, la jeune femme vaquait tantôt à ses cours, tantôt à l'oisiveté sans que cela ne gêne ses parents car, après tout, quand elle n'allait pas à ses enseignements, Cayline lisait, dansait, nageait, écrivait parfois. Et Il lui arrivait, même, de temps à autres, de partager un moment intime avec un beau mâle, comme c'était le cas pour sa sœur ainée –bien que plus discrète sur ses affaires –ou comme son frère, avec de belles créatures féminines.