Beauty Behind Madness

Chapitre 8 : Éleutheria

Et si c'était fait exprès ? Les mots de l'infirmière résonnent dans ma tête, « Alixia vous laisse une chance d'accéder au trône ». Et là, la pièce tombe. Elle me rend ma liberté. C'est-à-dire l'opportunité de partir et de laisser Lidia derrière moi.

Je m'approche de cette dernière. En dépit des barres qui nous séparent, j'arrive à toucher l'extrémité de ses doigts, et ça me fait un bien fou.

— Je vais revenir te chercher, c'est promis. Je vais chercher les clefs de la cellule et je reviens, d'accord ?

Lidia hoche la tête.

— Comment tu vas faire ? Dès que tu vas sortir d'ici, quelqu'un va te voir ! Et puis, comment tu vas faire pour trouver la bonne clef ?

Elle a raison, c'est mission impossible. Mais ma seule solution, c'est d'aller voir directement Alixia. Elle seule peut me donner les clefs. Demander gentiment ? Hum... trop beau pour être vrai.

— Je vais trouver un plan, je déclare doucement.

Je pose mon front sur les barres glacées. Elle fait de même.

— Fais attention à toi, Morgane.

Je la regarde une dernière fois dans les yeux avant de lâcher ses doigts pour sortir de cette prison.

Je suis à l'extérieur. Il fait très sombre, des énormes tentes sont illuminées de l'intérieur, mais seules des torches de feu illuminent le reste du camp, ce qui fait que je dois doubler de précautions pour ne pas me faire attraper. La plupart des personnes entrent dans le seul grand bâtiment de ce village, comme s'il se passait quelque chose à l'intérieur. D'ailleurs, je trouve qu'il fait un peu tâche au milieu de ce décor. En m'avançant, je peux maintenant percevoir un bruit de fond, de la musique. Sont-ils vraiment en train de s'amuser et d'organiser des soirées au beau milieu d'une épidémie mondiale ? Je dois m'y introduire, mais dans cette tenue, ils me remarqueront avant même d'avoir eu le temps d'apercevoir Alixia. Je dois la voir et la convaincre de me donner cette satanée clef.

À quelques mètres de moi, divers vieux couteaux trainent dans un pot rempli d'eau. J'attrape le plus gros, celui qui semble le plus dangereux. Mon attention capte un bruit, c'est un individu qui marche tout près de moi. J'aperçois une adolescente entre deux tentes, qui ne doit pas avoir plus de quelques années en plus que moi. Elle porte une tenue complètement noire, une chemise et un pantalon de costume. Ça fera l'affaire, car mes vêtements actuels sont sales et mon t-shirt était initialement blanc avant d'être recouvert de mon sang. Elle est dos à moi, je décide de la suivre, faisant le moins de bruit possible. Elle s'arrête brusquement, je pensais qu'elle m'avait entendu, mais elle se penche pour refaire son lacet. Je profite qu'elle se relève pour enrouler la main qui portait le couteau autour de sa gorge. Ma deuxième main me permet de la bloquer.

— Si tu cries, je t'arrache les cordes vocales, je murmure dans son oreille. Je ne te veux aucun mal. On va échanger de vêtements, d'accord ? Ensuite, je te laisserai partir.

Je me surprends moi-même. Il y a quelques semaines, je n'aurai jamais osé faire une telle chose. Elle hoche la tête. Elle s'exécute sans un mot, terrifiée. Je regarde autour de moi, à la recherche de quelque chose pour l'attacher, afin qu'elle n'aille pas raconter ce qui vient de se passer dès que je rentrerai dans le bâtiment.

Je trouve une grosse corde, probablement une de celles qui servent à maintenir les tentes. J'attrape la jeune femme par le poignet et l'emmène près de la corde avant de l'attacher assez fort pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir. Je lui mets les mains dans le dos, je sers le nœud, elle émet un léger gémissement de douleur. Je m'excuse, je ne sais même pas pourquoi, je perds toute crédibilité. Enfin, j'accroche l'autre bout de la corde sur un bout de métal derrière elle. Je recule, fermant les derniers boutons de la chemise, qui me va — soit dit en passant — à la perfection et attache mes cheveux en queue de cheval quasiment impeccable.