Je marche depuis quelques jours maintenant, sans trouver ce que je cherche. Mais qu'est-ce que je suis censé trouver ? La paix ? Le bonheur ? Tout cela est ridicule. J'y croirais si seulement quelqu'un me donnait la preuve que ce ne sont pas des fables conçues pour apaiser les âmes troublées. Cela donne juste un sens à nos vies. Une quête désespérée pour trouver quelque chose qui n'existe pas. Pourquoi faire croire à l'être humain qu'il a une chance de trouver un sens à son existence ? Pourquoi lui faire croire que le simple fait qu'il vive est suffisant?
Tu ne sais pas, toi. Tu ne sauras jamais. Parce que rien n'a été suffisant pour te sauver. Tu es juste parti. Sans rien laisser. Juste moi. Tu m'as laissé pour mort au coin d'une rue. J'avais besoin de toi. J'avais confiance en toi. Tu m'as juste laissé pour mort. Si je ne peux pas te faire confiance alors vers qui dois-je me tourner pour trouver la rédemption ? Tu m'as laissé. Seul. Sans personne.
"Tu ne seras jamais seul" disait-il. Foutaises. Tu as ruiné ma vie le jour où tu as décidé que la tienne ne valait pas le coup d'être vécue. Je suis censé faire comment moi maintenant ? Maintenant que tu as abandonné tout espoir ? Je suis vivant, oui. Mais seul. Alors si pour être heureux je dois me joindre à toi et m'ôter la vie, je le ferai sans hésiter mais tu me retiens car cela ne respecterait ta dernière volonté. Oui, celle qui me quémande une vie heureuse et entourée, un nouveau départ. Mais tu sais quoi ? Tu es égoïste car tu le sais que sans toi je ne suis rien, que tu es la source de mon bonheur, la seule raison que j'ai de me lever chaque matin. Alors pourquoi es- tu parti en m'obligeant à rester et vivre pour nous deux ? Je ne trouve pas le bonheur tout seul, comment puis-je y arriver pour nous deux ? Égoïste tu es, en me laissant avec la lourde tâche d'accomplir cette quête légendaire. J'avais besoin de toi mais visiblement personne n'était assez important pour toi pour que tu aies l'envie de rester ici. Ici, tout est noir. Là-bas. Comment sont les couleurs, là-bas ?
J'espère que tu as retrouvé le sens de la vie dans la mort. Parce que moi tout ce dont je suis capable, c'est de repenser inlassablement à nos souvenirs communs et la manière dont tu me regardais dans la nuit. Quand tout était calme. Quand tout était tranquille. Quand aucun son ne venait interrompre le silence.
Tu adorais le silence.
Je ne l'aime plus. Plus depuis qu'il signifie ton absence.
Nous n'étions pas invincibles ensemble ?
Il se peut que je me trompe maintenant que mon jugement est faussé par la tristesse, la frustration , l'impuissance et la colère. Parce que oui. Je suis en colère. Contre toi ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais c'est que cette colère ne cesse de grandir en moi. Elle ne cesse de dicter mes actions. Mais tu sais à quel point je ne pourrai jamais faire du mal à autrui.
Alors je retourne cette colère, cette haine contre moi. Parce que c'est plus simple, plus facile à gérer. Et me blesser est beaucoup plus satisfaisant que de blesser quelqu'un d'autre. Oui. Je maltraite mon corps.
Ça en devient vital. Si je ne ressens pas la douleur alors je ressens de la tristesse et je préfère mille fois ressentir la souffrance physique que la souffrance qui résulte de ta perte. En somme, tout ceci est ta faute. Si je souffre, c'est entièrement ta faute. Parce que tu es parti. Sans penser à ce que je pourrai ressentir, à ce que je pourrai devenir ou faire. Je suis dangereux. Pas pour les autres ne t'en fais pas. Mais pour moi.
Car je joue avec la mort pour me sentir vivant.
Car l'idée de te tendre les bras est bien plus réconfortante que de continuer de me battre dans un monde où tout le monde se fiche de ce que j'ai perdu.
Alors je marche depuis un moment. Dans la nuit, dans les rues de cette ville qui n'est pas si différente des autres, qui n'a rien de spéciale. Tout me paraît fade. Je ne trouve la beauté nulle part sauf en ton nom et ton souvenir. Que choisirais-tu ?
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Lettre à une âme oubliée
Short StoryJuste quelques mots sortis de nulle part dans le brouillard de mes pensées, un soir d'hiver où l'alcool coulait dans les veines de mon corps délaissé. Je vous souhaite une bonne lecture ! Les images ne m'appartiennent pas.