Chapitre 2.1 - rework

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Wassalie

Meurtrie, j'ouvre lentement les yeux. Ma vision est floue. Je distingue un plafond grisâtre. Des murs en pierre usée. Une petite fenêtre avec de grands rideaux. Je suis allongée sur un lit, une couverture bien chaude posée sur moi. Je sens la chaleur d'un feu et hume une douce odeur de pain sorti du four.

Je ne reconnais pas ma cabane. Où suis-je ? Comment suis-je arrivée là ? Des villageois m'ont-ils trouvée et ramenée à Neben ? Le petit renard à trois queues est lové contre mon flanc, dormant profondément.

— Nakpa ? dis-je à voix haute, surprise.

— Ah, c'est donc son nom ! lance une voix que je reconnais aussitôt.

C'est celle du guerrier qui m'a trouvée dans les bois. Je me redresse, les yeux agrandis par la peur. Ainsi, malgré mes efforts, ils m'ont capturée.

— N'ayez crainte, nous ne vous voulons aucun mal, m'assure-t-il.

J'essaie de m'extirper du lit mais mes pieds et mes jambes ne sont visiblement pas d'accord et m'arrachent un gémissement de douleur. J'ai un mal de tête atroce.

— Vos pieds sont brûlés, poursuit l'homme. Je n'avais encore jamais vu de telles engelures. Et vous avez reçu un méchant coup sur la tête. Vous dormez depuis presque deux jours. Vous êtes à l'auberge de Neben.

Deux jours ?

— Si nous ne vous avions pas trouvée, vous seriez morte à l'heure qu'il est, ajoute-t-il. Nous avons enduit vos blessures avec du baume pour calmer la douleur. Heureusement, votre corps guérit rapidement. Comme tout Sang-Mêlé.

Je me pétrifie.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez, parvins-je à répondre.

L'homme sourit avant de s'approcher pour s'asseoir au bord du lit, tout près de moi.

— Les yeux ne mentent jamais, souffle-t-il.

Et tandis qu'il me fixe, j'observe ses yeux, frappée par l'évidence. Cet homme est comme moi. Un Sang-Mêlé doté de magie.

Il est très grand et musclé. Âgé d'une trentaine d'année. Ses longs cheveux chocolat sont rassemblés en une queue de cheval. Il a le teint mat et un beau visage. Ses yeux sont singuliers. Ils ont la couleur et l'aspect de l'ambre. On peut y voir une ombre se mouvoir, tel un serpent.

Il porte un pantalon en cuir noir surmonté d'épaisses bottes fourrées, ainsi qu'une tunique claire à manches longues.

— Que me voulez-vous ? finis-je par lui demander.

— Quel est votre nom ?

— Vous d'abord.

Il arque un sourcil et sourit de nouveau.

— Diego.

— Vous ne venez pas d'ici.

— Je suis originaire de Bogo'Ah.

Je fronce les sourcils à l'évocation de ce nom. Cette région n'a rien d'attrayant. Il y fait atrocement chaud et peu de végétation parvient à y pousser. Mais surtout, elle regorge de richesses minières, ce qui en a fait une terre d'esclavage. D'innombrables camps ont été établis pour exploiter les mines. Cela ne présage rien de bon.

— Je me nomme Wassalie.

— Wassalie... il répète, pensif.

— Ces créatures... celles qui m'ont attaquées... Vous sembliez les connaître ?

— En effet. Ce sont des Ghûls. Des Ombres qui ont réussi à traverser le Voile qui sépare nos mondes. Je ne sais pas ce que vous leur avait fait, mais il est rare qu'ils se déplacent en aussi grand nombre pour une seule personne.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant