Chapitre 3.1 - rework

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Wassalie

Nous avons chevauché plusieurs jours, en évitant les villes et villages, sans réellement nous arrêter. Le climat s'est adouci au fur et à mesure que nous approchions de la frontière. Cependant, malgré la chaleur du corps de Diego, le froid était difficilement supportable.

Je suis née dans les montagnes et j'ai passé toute ma vie dans des camps ou des villages en haute altitude.

J'ai donc découvert avec ravissement des plaines verdoyantes et fleuries. Des forêts regorgeant de faune et de flore. La neige éternelle du Mont O'Deidh a toujours empêché la végétation de pousser en dehors des pins et des ronces qui parviennent à résister aux basses températures.

Après une longue nuit de chevauchée, nous faisons halte à la lisière d'un bois. J'étire mes muscles et mon dos endoloris. Nakpa en profite pour s'abreuver au bord d'un ruisseau et se dégourdit les pattes. Je ne souffre presque plus de mes brûlures. Ma blessure à la tête guérit bien elle aussi. J'ai de moins en moins de vertiges. Mon pouvoir s'est totalement rechargé, ce qui me rassure. Je suis prête à m'en servir au besoin.

Du coin de l'œil, j'observe les deux autres cavaliers assis sur un tronc cassé occupés à mâcher de la viande séchée. Ils sont jeunes eux aussi. Le plus petit, Ven, a un visage rond et disgracieux. Mais son regard est empli d'une certaine douceur. L'autre, bien mieux bâti, est plutôt charmant, ses cheveux blonds et bouclés cascadant sur ses épaules. Il se prénomme N'ri.

Aucun des deux ne m'a soufflé mot depuis notre départ de Neben mais je peux lire une certaine appréhension dans leurs yeux lorsqu'ils me regardent. J'ignore pourquoi mais visiblement ils me craignent. Le Prince Egon, quant à lui, arbore en permanence un air sérieux et préoccupé.

Diego s'avance vers moi et me tend un morceau de pain avec du fromage. Je les accepte de bon cœur et, après avoir découpé un bout de fromage pour Nakpa, je mange avec appétit. Les hommes boivent quelques lampées de vin dans une gourde, mais je refusai poliment lorsqu'ils m'en proposèrent.

— Vous avez tort, me taquine Diego. Ça vous réchaufferait.

— Je préfère être en pleine possession de mes moyens, je réplique.

— Que redoutez-vous, au juste ?

Je suis seule avec quatre hommes.

Même si je me sens en sécurité en leur compagnie, mon expérience m'a appris à rester sur mes gardes. D'autant que personne ne viendra me secourir sur ces chemins isolés.

— Vous êtes toujours aussi sérieuse ? Par pitié, dites-moi que vous savez plaisanter ? Ces trois-là sont d'un ennui ! feint-il de geindre.

— C'est surtout toi qui es insupportable, Diego, maugrée Egon. Tu ne t'arrêtes donc jamais de parler ? Je comprends mieux pourquoi ton frère est exaspéré chaque fois qu'il te voit.

— J'ai toujours été un beau parleur, Egon.

— Et c'est que j'apprécie chez toi, répond le Prince en souriant.

C'est la première fois que je vois le Prince sourire. Il est encore plus beau, les traits détendus. Diego lui tapote amicalement l'épaule avant de s'asseoir avec les autres.

Egon me jette un coup d'œil furtif puis se dirige vers moi.

Qu'est-ce qu'il me veut ?

Je sens mon pouls s'accélérer malgré moi.

— Comment vont vos blessures ? me demande-t-il.

— Mieux.

— Bien.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant