Elle me lance un sourire d'encouragement et change subitement d'attitude.
- Je suis désolé, que tu ais assisté à ça. Ça faisait tellement longtemps que j'avais pas fait de crise d'angoisse.
- Non, c'est moi. Je t'avoue que j'ai flippé l'espace de quelques secondes. Tu en fais souvent ? Que je me prépare, si ça devait recommencer !
- Non, enfin, il y a quelques années, oui, j'en faisais pour tout et rien, même pour un contrôle de vocabulaire en espagnol, mais...
- Tu faisais de l'espagnol ?!
- Oui au lycée, en première langue.
- Je suis sûr que tu as un très bel accent espagnol !
Je ne sais pas ce qui me prends de lui parler de son accent espagnol alors qu'elle en train de me parler de son passé et de ses sentiments. Je me ressaisis l'instant d'après.
- Mais continues, je t'ai coupé.
- Ouais, euh, donc j'ai appris à gérer ça et je n'en faisais plus du tout mais là je ne sais pas, je ...
- On a beau faire tous les efforts possible, on peut pas toujours gérer notre corps ou notre mental. Tu avais quel âge la première fois ?
- J'avais dix ans, c'était à l'hôpital quand j'ai réalisé que ma mère était morte, que jamais plus je ne la reverrais. Et après ça, j'ai fait crise sur crise pendant au moins cinq bonnes années. C'était chiant et fatiguant mais j'ai eu des traitements, j'ai fait des thérapies et j'ai appris à gérer mon stress. Je suis tellement mal que j'ai tout oublié de ce que j'avais appris et je compte sur ton aide pour m'aider à me reprendre.
- Oui, ne t'inquiète pas, je suis là.
- Je veux savoir comment toi tu as fait pour tuer 164 personnes et vivre avec ça.
- Les choses sont quand même relativement différentes. Toi, tu as grandi à l'autre bout du pays entourée par une famille qui, je le suis sûr, t'aime, tu as des valeurs aux quelles tu tiens. Alors que moi, j'ai grandit dans la rue, j'ai quasi pas eu de vie sociale, la société, l'humanité je ne sais pas ce que sais. De plus, je ne vivais pas avec ça, je survivais de ça et maintenant, je tente tant bien que mal d'effacer tout ça de ma mémoire et de ma nouvelle vie qui commence. Moi j'ai tué ses gens de sang froid alors que je suis sûr que c'était nécessaire, que t'as sauvé des gens en tuant.
- Oui mais est-ce que ça suffit pour être pardonné d'avoir tué ? Pour se sentir mieux ?
- Raconte moi, peut être que tu te sentiras mieux.
- Je ..., tu comprend bien que je ne peux rien te dire sur mon travail. Donc je vais être synthétique. Voilà, on a eu une intervention aujourd'hui et on a encerclé le suspect, j'étais postée entre un et deux mètres au-dessus de lui. L'un de mes collègue était en face de lui, il lui parler pour le convaincre de se rendre et il a eu une seule petite seconde d'inattention. Le suspect en a profité pour sortir une arme, j'ai réagi toute de suite et j'ai tiré, pas dans l'intention de le tuer, juste pour sauver mon équipier. Mais dans la précipitation, j'ai tiré au plus efficace, dans la tête, je ne lui ai laissé aucune chance de s'en sortir. Je suis descendu auprès de lui la seconde d'après mais il ne respirait plus et il n'avait déjà plus de poux.
Malgré ses efforts pour ne pas pleurer, ses yeux deviennent brillants et des larmes glisse de ses yeux au bas de son menton. J'efface quelques larmes de mon pouce bien que ce ne soit pas suffisant pour effacer sa peine, j'aimerais en faire plus mais jamais je ne me suis retrouvé dans sa situation malgré ce qu'elle croit.
- Ce n'est pas de ta faute. C'était lui ou ton coéquipier, tu n'avais pas le choix.
- Oui mais j'aurais pu tirer dans une jambe ou dans la main. L'empêcher de tirer mais ne pas le tuer.
VOUS LISEZ
164 [en pause]
Ficción GeneralQue faîtes vous lorsqu'il vous ait retiré le droit de faire la seule et unique chose que vous avez toujours su faire de votre vie ? Vous n'y avez jamais pensé. Moi non plus, ce qui est l'un de mes nombreux tords. J'ai tué encore et toujours des gens...