Gia et Le Soldat

chapitre 1 : bienvenue en Sicile [1]

— Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ? interrogea Francesca.

Voilà deux heures qu'elles venaient d'arriver à leur hôtel. Allongées sur leurs lits respectifs, la tête en bas pour certaine, les trois jeunes femmes récupéraient de ce long trajet épuisant qui avait vidé Giana de toute son énergie. Aujourd'hui, aucune d'elles ne risquaient de mettre le nez dehors. L'heure était au repos et à la détente.

Pour les virées shopping, les balades en bateau et les visites touristiques, elles verraient plus tard.

Francesca se tourna sur son lit en soufflant et sortit son smartphone de la poche de son jean en se mettant déjà à prendre des selfies, la bouche en cœur. De toutes les trois, elle était la plus motivée et la plus forte. La plus impatiente aussi. Attendre dans le silence sans rien faire n'était pas sa tasse de thé. Francesca adorait bouger, tout le contraire de sa sœur Marcella qui était le calme incarné.

— Pour l'instant, on se repose un peu parce que je sens que Gia est hyper fatiguée et après on verra bien.

Giana remercia Marcella. Elle, elle avait toujours été la plus réfléchie de toutes. Elle était comme une grande sœur pour elles, même pour Dario, son défunt mari qui était leur grand frère. D'après leur mère, elle était l'exemple à suivre. La sagesse elle-même et le pilier sur lequel chacune des jeunes femmes pouvait compter.

— On peut passer commande ?

— Bien sûr. Nous mangerons au restaurant demain ou même ce soir.

— Super ! J'appelle le room service ! s'extasia Francesca en sautant sur le téléphone de la chambre d'hôtel, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

Marcella s'attacha les cheveux à l'aide d'un élastique avant de hausser les épaules. Complètement reposé maintenant, elle fit le tour de la chambre, jetant des coups d'œil par ci et là, histoire d'être sûre qu'il ne leur manquait rien et que l'hôtel avait bien suivi ses instructions lorsqu'elle avait réservé avant de donner une réponse à sa sœur qui attendait. Satisfaite, elle se tourna vers Francesca et lui répondit, sans grand enthousiasme :

— Commande ce que tu veux à moins bien sûr que tu aies envie de quelque chose en particulier Giana.

Francesca se tourna vers elle, le combiné collé à l'oreille, dans l'attente d'une réponse. Assise sur son lit, le visage tourné vers le balcon qui donnait sur une petite place remplie de touristes, la jeune femme semblait à mille lieux d'ici, perdue dans ses souvenirs.

— Giana ? insista Marcella.

Ramenée à elle, la future maman sursauta presque et se tourna vers ses belles-sœurs qui la regardaient, légèrement inquiètes.

— Pardon, j'étais ailleurs. Vous disiez ?

— Francesca va passer commande. Qu'est-ce que tu veux manger ?

— Une pizza au jambon et un dessert, n'importe lequel pourvu que ce soit une petite douceur pâtissière. Et n'oublie pas le jus de pomme s'il te plaît.

Francesca acquiesça et pendant qu'elle était occupée à passer commande, Marcella décida d'aller rejoindre Giana qui entreprit de défaire sa valise. Elle prit place à ses côtés et posa sa tête sur son épaule. Le cœur débordant d'amour pour la veuve de son défunt frère, elle prit sa main dans la sienne qu'elle caressa affectueusement. Giana ferma les yeux, acceptant de partager sa peine et sa douleur avec cette femme qui souffrait autant qu'elle souffrait elle. Marcella et Francesca avaient perdu un frère et elle, elle avait perdu un mari et le père de son fils.

— Il nous manque à tous Giana. Tu dois être forte, pour ton fils.

— Je sais.

— Nous allons te changer les idées. Ça ira mieux un jour, tu verras. Tu n'es pas toute seule.