Chapitre 12 : Phorcos

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J'entre dans les toilettes publiques du camp afin me rafraîchir les idées. Je prends un peu d'eau entre mes mains et me lave le visage maladroitement, éclaboussant des gouttes un peu partout. Lorsque je me retourne enfin, je me retrouve face-à-face avec Lidia. Je lui adresse un simple « salut », avant de passer devant elle.

— Comment tu vas ? me demande-t-elle timidement.

— Ça fait des semaines que tu ne m'adresses pas la parole, qu'est-ce que ça peut te faire aujourd'hui ?

— Écoute, après ce qui s'est passé à la maison de la plage, j'étais super en colère contre toi, mais—

Lidia n'a pas le temps de terminer sa phrase, car un groupe de trois personnes rentre dans les toilettes, comprenant Mario Donatello, sa fille et un autre homme.

— Oh, excusez-moi, est-ce une toilette privée ? je demande ironiquement.

— Fanny ? Qu'est-ce qui se passe ? demande Lidia à son tour.

Fanny ne regarde pas sa petite amie, comme si elle ne lui avait rien demandé.

— Morgane, tu ne vas jamais me croire ! exclame Mario d'un faux sourire, comme il a l'habitude de faire.

Ça ne présage rien de bon.

— Il s'avère que nous avons décidé d'attaquer Akéropolis ce matin et... Ils ont riposté. En fait, ils n'étaient pas aussi nombreux que tu avais dit, mais ils étaient, en effet, très bien entraînés et surtout... Prévenus de notre arrivée.

— Et ça me concerne parce que...

— Des dizaines de mes hommes sont morts aujourd'hui, Morgane, grogne-t-il, manifestement énervé. S'il y a bien quelque chose que je déteste, ce sont les traîtres et les menteurs.

Son sourire sournois s'est transformé pour faire place à un visage froid et méprisant.

— Vous êtes en train d'insinuer que j'ai prévenu Akéropolis de votre arrivée ? Nous sommes à des kilomètres de-

— Quelqu'un t'a vu sortir de chez toi au beau milieu de la nuit et te diriger vers le bâtiment des communications externes. Ne me prends pas pour un imbécile, jeune fille. Tu crois que je surveille uniquement l'extérieur du camp ? Ce qui est à l'intérieur est bien plus dangereux, parfois.

Je ne réponds pas. Après tout, je ne peux plus mentir. La pression commence à monter. Que vont-ils faire ? Ils vont sûrement me bannir, et bien tant mieux ! Je n'attends que ça.

— Ce n'est pas tout, ajoute Mario.

Fanny s'approche d'un pas, me fixant dans le blanc des yeux.

— Lidia m'a dit que tu l'as embrassée.

— Fanny... murmure sa compagne, surprise.

— Non ? questionne Fanny, regardant Lidia pour la première fois depuis son entrée dans la pièce.

Son regard est tout aussi méprisant que celui de son géniteur, ses yeux plissés et les sourcils froncés. J'avance à la jeune noisette que c'était un malentendu, en effet. Je n'aurai pas dû. Elle confirme que ouais, je n'aurai vraiment pas dû.

Lidia est tétanisée face à cette discussion. Je peux apercevoir du coin de l'œil qu'elle tremble.

— Que c'est dommage. Tant de potentiel gâché, dit Mario en tournant dans la pièce. D'abord, j'apprends que tu es une taupe, ensuite, que tu veux briser la relation de ma fille unique. Je t'ai donné une maison, de quoi manger, boire... Et tu craches dessus. Je t'avais prévenu que les conséquences seraient désastreuses.

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