Chapitre 02

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Trop de lumière pour Belruil ! L'endroit avait beau être somptueux, le soleil l'éclairait trop à son goût. Il attendit que sa belle escorte ferme la porte de ses appartements pour tirer rapidement les rideaux de lin rouge opaque. La lumière continuait à s'infiltrer mais moins intensément, rougit par la couleur du linge qui l'occultait. Les maux de tête naissant de l'elfe s'estompèrent. Il s'assit dans le lit baldaquin en armature de bois incrusté d'ivoire situé au centre de la pièce qu'il observa. Les quatre fenêtres qui éclairaient la pièce étaient entourées de part et d'autre de colonnes ioniques engagées et recouvert d'un grillage de fer forgé d'entrelacs gracieux. De l'autre côté, il pouvait apercevoir l'ombre du feuillage d'un cyprès et entendre le doux écoulement d'un petit cours d'eau. Il aurait bien voulu en voir davantage mais il préférait attendre que le soleil baisse en intensité. Il y avait également, suspendu çà et là, quelques pots garnis de grande capucine rouge, de cyclamen rosé et de fleurs de chardon violettes, embaumant la pièce par leur parfum floral. Posé sur le chevet en bois à côté de son lit, était posé un magnifique ficus. Une table en bois solide était située dans un coin dans la chambre, avec un broc de porcelaine finement décorée de volatile. A son parfait opposé, se trouvait une commode basse faîte du même bois que sa voisine, fermée par deux portes munit de poignets en bronze, rondes, et simple. Les murs étaient couverts de peinture claire et de mosaïques représentant quelques images d'une flore que Belruil n'arrivait pas à reconnaître. Enfin, derrière son lit, se situait une porte d'un bois sombre aux rainures dorées. La lumière passant sous celle-ci dissuada le dunmer de satisfaire sa curiosité, reportant sa découverte à plus tard.

Hormis le bruit incessant de la course aquatique dans son petit berceau et le piaillement de quelques animaux volatiles, Belruil fut surpris par le calme environnant. Il contrastait énormément avec le brouhaha incessant de la ville qu'il avait dû traverser.

Un moment qu'il avait trouvé fort désagréable à tel point qu'il n'avait pas voulu s'attarder à la moindre beauté architecturale que ses yeux apercevaient. La lumière, le bruit... et un palais bien trop loin à son goût. Il avait laissé Hratt à l'entrée de la cité, voulant le protéger du monde qui aurait pu l'agacer. L'elfe avait dû se rendre à pied jusqu'au palais, cachant aux mieux son visage du trop-plein de lumière couchante, se concentrant uniquement sur son trajet, bousculant parfois quelques passants dont il ignorait les rouspétages. Il avait fini par faire une halte à une modeste auberge, reportant son entretien au lendemain. Au moins, cela lui laissait le temps de s'imprégner un peu plus de l'air floral et iodé de la cité. Le lendemain, arrivé à destination, il s'était présenté brièvement comme un envoyé d'Eel, chargé d'un message pour Araxes. L'un des deux gardes – de ceux-là même qui avaient fini par l'escorter jusqu'à la salle de trône – s'était moqué de lui. Personne venant d'Eel n'avait de message à délivrer au seigneur des lieux sans avoir prévenu préalablement de son arrivée.

Les choses sont différentes, imbéciles. Nous avons dû nous hâter ! avait-il pensé silencieusement.

Calmement, alors, il avait montré la missive que lui avait donnée son chef de garde, Valkyon, de la part de Miiko. Le second garde le lui avait pris sèchement des mains et l'avait lu rapidement. Quelle ne fut pas sa satisfaction de le voir blêmir puis rougir. Il avait confié, ensuite, la lettre à son camarade moqueur. Son sourire avait disparu rapidement, laissant place à une gêne forte mal dissimulée. A l'unissons, ils s'étaient raclés la gorge et l'avaient invité à le suivre. A peine avaient-ils quitté leurs postes que deux autres gardes les avaient remplacés.

Idiots mais efficace, ma foi.

Ensemble, ils avaient avancé jusqu'à un hall entouré de colonnade aux chapiteaux richement décorées, couvert de marbre blanc veiné de gris, entouré par un toit de tuiles d'argile orangée, laissant un carré lumineux au centre même de la pièce. L'un des gardes avait ensuite hélé un de ses frères d'armes, lui demandant de prévenir le seigneur des lieux de l'arrivée du gardien. Par la suite, ils avaient attendu silencieusement derrière une porte –celle par laquelle s'introduira Belruil pour rencontrer la famille seigneuriale. L'inquiétude se lisait sur le visage des gardes mais plutôt que de prendre la peine de répondre aux questions qui se lisaient dans leurs yeux, Belruil s'acharnait à rester silencieux, cachant son visage des quelques lumineux rayons de soleil qui pouvait l'atteindre. Combien de temps avaient-ils attendu ? Longtemps à coup sûr car il avait eu le temps de voir quelques employés du palais courir çà et là, à la recherche des importantes figures qui y logeaient. Le manège l'avait fait sourire et lorsqu'il fut fini, il vit un homme de haute stature et richement vêtu s'avancer déterminer vers la porte devant laquelle lui et son escorte attendait. Les deux gardes avaient pris Belruil par l'épaule, le décalant du passage de l'homme aux cheveux bleuté avant de le saluer d'une révérence à laquelle il ne prit pas le temps de répondre.

Aventure d'une olympienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant