Aventure d'une olympienne

Chapitre 03

La lune était haute dans le ciel et éclairait les alentours de ses rayons pâles. Le ciel, bleu-nuit, était constellé d'une centaine de myriades de petits points blancs, certains formant par endroit une superbe voie lactée. À Aeruisce, dans les rues, dans les habitations ou même dans le palais, il n'y avait presque plus un bruit, contrastant avec le brouhaha diurne. Des chuchotements, des bruits de pas, de la vaisselle qui s'entrechoque, quelques rires, quelques ronflements, mais aussi quelques soupirs. Ceux provenant des désirs primaires de chacun, ceux d'une danse endiablée dont la musique n'était composée que par le bruit de deux corps en action.

Parmi ces soupirants, un dunmer et une jeune femme à la chevelure océan, mêlés l'un et l'autre dans un petit bassin entouré d'une luxuriante végétation. Les mains sombres de Belruil caressaient sans relâche le corps albâtre de Cayline dont les hanches allaient et venaient à un rythme régulier tout contre lui. Leurs lèvres, parfois, se rencontraient avec passion ou arpentaient le cou de l'autre. Un agréable moment, une délicieuse sensation dont seule la lune et les étoiles étaient témoins. Le tempo, petit à petit, s'accéléra jusqu'à ce qu'enfin, les deux danseurs épuisés finissent leur danse endiablée dans une crispation mutuelle et sensuelle. Le dos cambré, la tête légèrement penchée en arrière, Cayline se laissa choir ensuite sur l'épaule de son amant, s'imprégnant de son odeur. Celle de la sueur mêlée à quelques fragrances boisées. Un sourire se dessina sur son visage quand elle sentit dans son cou, l'inspiration que l'elfe prenait à travers les mèches de cheveux collées de son amante.

Après quelques secondes à ne plus bouger, ils finirent par se faire face, se regarder et échanger un langoureux baiser. Puis Cayline se leva délicatement et regarda Belruil quelques instants, avant de lui prendre la main et l'inviter à la suivre. Ils se séchèrent avec des serviettes de cotons que la jeune femme avait demandé à amener avant que leurs corps ne s'entremêlent puis ils s'allongèrent dans son lit somptueux. Le silence régna pendant un temps. Chacun reprenait sa respiration, repensait à ce qu'il venait de se passer. Le sommeil pointait le bout de son nez, mais aucun des deux n'avaient envie de dormir. Belruil se demanda alors s'il ne valait pas mieux danser à nouveau, sur cette nouvelle piste de danse plus confortable, mais Cayline l'arrêta dans ses pensées.

-J'ai bien cru qu'avec ce repas, tu n'aurais plus du tout envie de venir.

Le dunmer tourna sa tête vers elle. Son regard était tourné vers le plafond, ses mains, derrière sa tête et sa poitrine montait et descendait calmement en cadence avec sa respiration. Le tutoiement était une chose nouvelle. Jusqu'ici, Belruil n'avait pas osé passer ce seuil de familiarité. Maintenant, qu'elle venait de le passer, le devait-il ?

-Y avait-il une raison de fuir ? demanda-t-il en se posant sur un coude, voyant avec plus de détails le joli visage de son amante.

-Et bien, tout d'abord mon père n'a pas arrêté de te poser mille questions ! Je sais qu'il aime bien les récits des voyageurs, mais s'en était presque gênant, à force. Surtout celle où il t'a demandé combien de nymphes, tu avais eu dans ta couche. Heureusement que ma mère l'a repris. Il peut parfois vite déraper quand il boit trop de vin... Et puis il y a eu mon incroyable grand frère adoré qui commençait à te parler de moi dans ses termes des plus élogieux...

-Ah oui ? Je me souviens simplement avoir entendu un bourdonnement près de mon oreille. Je trouvais ça très agaçant, mais j'ai jugé qu'il était très mal venu de gifler cet insecte devant tout le monde.

Cayline cessa enfin de fixer le plafond et plongea ses yeux ambrés dans ceux de Belruil. Elle lui offrit un sourire amusé qu'il lui rendit en lui baisant la commissure de ses lèvres.

-Je me moquais bien de ce que disait ton frère. À la seconde même où je l'ai vu, j'ai remarqué qu'il était idiot. Quant à ton père, il ne m'a pas dérangé le moins du monde. Ses questions étaient parfois, un peu farfelues, mais ma foi, pas trop dérangeante.