How To Love Unlawfully

Introduction 1

Des rires de toutes sortes retentissent dans mes oreilles, je tourne la tête à droite et à gauche et pourtant personne autour de moi ne rigole.     Ils dansent, font la fête, boivent, s'embrassent mais aucun adolescent ne s'esclaffe. Tout en souriant bêtement, je me frappe le front car je comprends que les rires viennent de moi, oui de ma propre voix. D'ailleurs, cela m'amuse encore plus et je me laisse tomber en arrière sur le canapé derrière moi pour profiter tranquillement de mon euphorie.     Je ferme les yeux quelques secondes, puis les rouvre à nouveau pour balayer du regard ce qui se passe autour de moi.
                                      
La première chose que je remarque, c'est une masse de personne dansant au rythme de la musique et les reflets de la boule à facettes au milieu d'un salon. C'est étrange, comme ils sont tous réunis. C'est vrai quoi, au lycée, ils ne se connaissent pas voire même certains se détestent mais quand l'alcool leur monte à la tête, ce sont les meilleurs amis du monde.         Pour me prouver à moi-même mon argument, je cherche du regard une de mes plus fidèles amis depuis le début du lycée, Oriane. La personne avec laquelle elle danse et rigole m'arrache un ricanement tellement la scène parait surréaliste, car effectivement, celle-ci se trémousse avec son ex. Malgré le fait qu'ils ne se soient plus parlé depuis plus d'un an, on dirait bien que les cocktails leur ont fait oublier leurs différents.         Je lève les yeux au ciel ironiquement, avant de poser le regard sur un duo de personne qui à nouveau confirme mon hypothèse. Cette confirmation, c'est Léo qui me l'apporte. Ce dernier est posé dans l'encadrement de la porte de la cuisine, et tend discrètement le poing à Maddy postée en face de lui. Elle récupère alors ce qui s'y trouve, sort un billet de sa poche et le lui tend en retour, puis retourne à la soirée tout en ingurgitant un cachet de couleur rose. Le fait que Léo et Maddy soient deux personnes totalement différentes, qui n'ont jamais pu s'apprécier ni même se côtoyer, n'est pas ce qui me choque le plus. Non, ce qui me fait hausser les sourcils, c'est surtout le fait d'imaginer Léo dealer et Maddy acheter cette drogue.         Ce que je veux dire, c'est que Léo est du genre à faire des choses immorales, mais pas à ce point. Au lycée, ce genre d'informations circulent beaucoup trop rapidement et son rêve d'intégrer la meilleure école d'aéronautique du pays se briserait. Quant à Maddy, cette jeune fille de petite taille, aux cheveux roux et aux grands yeux bleus ne donne pas du tout l'image qu'elle puisse se droguer. Enfin, l'apparence ne fait pas la personne après tout.
              
D'ailleurs, je me demande ce que mon apparence dis de moi maintenant.    Je lève les paumes de mes mains devant mon visage comme si je pouvais m'y refléter comme dans un miroir, et pouffe de rire quand je réalise le geste ridicule que je viens de faire. Apparemment, Oriane l'a aussi remarqué, car elle s'avance vers moi, pliée en deux et les larmes aux yeux. Je n'arrive pas à savoir si elle est sur le point de vomir ou si elle est seulement amusée par ce qu'elle vient de voir. Par précaution, j'exécute un bond en gloussant pour m'écarter d'elle lorsqu'elle s'assoit à mes côtés sur le canapé.

- Maud, mais qu'est-ce qui te prends ?

Elle me regarde avec des yeux moqueurs, et m'imite en plaçant ses mains devant sa tête. Je lève les yeux au ciel avant de lui lancer :

- N'importe quoi, j'ai pas fait ça, t'as mal vu.

Je lui tire la langue et balance ma tête en arrière. Est-ce que j'ai vraiment cru pouvoir observer mon reflet dans mes mains ?

- Moi qui pensais que tu voulais te cacher, c'est en fait pire que ça ! T'es complètement à l'ouest à ce que je vois !

Elle s'esclaffe et me donne un coup de coude dans les cotes. Je me tourne de nouveau vers elle, un air perdu sur le visage.

- Je viens de parler à voix haute ? Si c'est le cas, et bien...

Une vague de chaleur emporte mon corps, et me fait planer encore plus. Tout tourne encore plus vite autour de moi, si bien que je me laisse tomber lentement sur le divan. Habituellement, je ressens cette sensation lorsque je me lève trop vite de mon lit, et je déteste ça. Mais à ce moment précis, cela me fait l'effet d'une piqure m'injectant du pur bonheur.
Plus rien autour de moi ne compte, ni même mon passé, présent ou futur. Non, j'ai l'impression que pour la première fois de ma vie, ma présence dans l'univers ne compte plus, n'a plus de conséquences ou de devoirs. Et c'est quelque chose que je n'ai pas ressenti depuis de nombreuses années. Si seulement j'avais pu expérimenter ça avant, ça m'aurait éviter bien des crises d'anxiété et des épisodes dépressifs.