Chapitre 13 : Le reflet de Janus

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J'ai cru que la blessure n'était pas si importante, qu'elle ne m'empêcherait pas de rentrer, mais il s'avère qu'elle me ralentit considérablement. Plus les minutes passent, plus ça s'empire. Je n'ai pas bu depuis des heures, je commence à le ressentir sérieusement et mon état m'inquiète vraiment.

J'ai tenté de me soigner par moi-même plus d'une fois, mais il m'est impossible d'enlever la balle toujours logée dans ma cuisse, j'ai besoin d'aide. Le comble, c'est que je suis au beau milieu de nul part, je ne peux donc ni me désinfecter, ni mettre un bandage sur la plaie. Il semble que le bois dans lequel je me trouve est interminable. De plus, le soleil me tape sur la tête, je me sens partir. C'est donc comme ça que je vais mourir ? Déshydratée ? Je m'écroule au sol, essayant de respirer du mieux que je peux le temps qu'il me reste. J'essaye de garder les yeux ouverts, mais je sens que je vais y rester.

Soudainement, j'entends des voix autour de moi. Merde, ils m'ont retrouvé. Je suis foutue.

— Elle est en train de mourir, dit une voix féminine.

— Justement, viens, on s'en va, lui répond une seconde voix du même sexe.

— On ne peut pas faire ça, Charlie.

— Maman, elle est sûrement malade, regarde-là !

— Ou alors c'est sa jambe ensanglantée qui a besoin d'être soignée. Je t'ai mieux éduqué que ça. Regarde ses lèvres, elle n'a probablement pas bu depuis des jours !

Elle sort une gourde d'eau de son sac et la pose sur mes lèvres, faisant couler un peu de son contenu sur celles-ci. Dès que je la sens, je penche la gourde un peu plus pour boire.

— Ça va mieux ?

Je relève légèrement la tête, reprenant un peu mes esprits après ces quelques gorgées d'eau fraiche. Je perçois dorénavant la silhouette de la femme qui m'aide, elle porte une longue chevelure blonde foncée et doit avoir une quarantaine d'années.

— Ma jambe..., j'implore.

— Nous allons essayer de te soigner, ma belle, accroche-toi, me rassure-t-elle avant de se retourner vers sa fille. Aide-moi à la porter jusqu'au chalet.

— Maman !

— Tais-toi et aide-moi, dépêche toi ! lui commande-t-elle en essayant de me relever.

La jeune fille décide enfin d'aider en enroulant l'un de mes bras autour de sa nuque alors que sa mère fait pareil de l'autre côté. Elles me transportent alors que la plus âgée des deux femmes m'informe que nous ne sommes qu'à quelques minutes du chalet.

Une fois arrivées, elles me posent délicatement sur un petit fauteuil. Des larmes de douleurs se rajoutent à la sueur et à la terre sur mes joues, car la souffrance de ma jambe est insoutenable, je veux juste que ça s'arrête.

— S'il vous plaît, aidez-moi, enlevez-moi la balle de ma cuisse. Je vous en supplie.

La femme demande à la prénommée « Charlie » d'aller chercher quelque chose à mettre dans ma bouche pour m'empêcher d'hurler trop fort. La fille revient avec un essuie qu'elle plie avant de l'enfiler dans ma cavité buccale. La mère, quant-à-elle, prépare un kit de premier secours avec des pinces, des bandages et ce qui semble être de l'alcool. Je sers les dents en prévention.

— Ça va faire mal, d'accord ? Ça va faire très mal, mais j'ai besoin que tu restes forte, je vais essayer d'être rapide. Comment tu t'appelles ?

— Morgane, j'essaye de répondre tant bien que mal.

— Bien Morgane, moi, c'est Patricia. Et là, derrière, c'est ma fille, Charlie.

Elle désinfecte la plaie, ce qui me fait déjà crier de douleur, mais ce n'est rien comparé à celle qui envahit mon corps tout entier lorsqu'elle met ses doigts dans la plaie, à la recherche de la balle. Je ne peux m'empêcher de me tortiller dans tous les sens. Je hurle, comme jamais. La jeune fille à côté de moi me tient les bras pour que j'arrête de bouger. Je pleure encore plus, j'ai l'impression que les secondes de souffrance deviennent des minutes, jusqu'à ce qu'elle réussît enfin à extraire la balle. La douleur s'apaise, et je cesse mes hurlements peu à peu. Je prends de grandes respirations. Je pose une main sur mon front en sueur. Enfin, elle réalise encore quelques soins avant d'enrouler ma jambe d'un bandage qui me soulage presque immédiatement.

Beauty Behind MadnessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant